« 1h30 de souffrance »: Raymond Domenech dévoile son pire souvenir avec Didier Roustan

Après plusieurs semaines de lutte contre la maladie, Didier Roustan s’en est allé. Annoncée mercredi, la disparition du journaliste a particulièrement touché du côté de la rédaction de L’Équipe, média pour lequel il travaillait depuis 1999. Une émission spéciale de « L’Équipe du Soir », dont il s’était proclamé avec malice « président à vie », a ainsi été diffusée, l’occasion pour les consultants et les journalistes de la rédaction, de dire quelques mots sur le défunt. Au nombre de ceux-là, Raymond Domenech a livré une anecdote décalée.

L’ancien sélectionneur de l’équipe de France a choisi de raconter ce qu’il a qualifié de « l’un de ses pires souvenirs » de commentateur, au côté justement de Didier Routan. « On a commencé (à travailler ensemble) il y a longtemps. Je ne sais pas si je peux le dire aujourd’hui… C’est l’un de mes pires souvenirs de commentateur. C’est l’une des premières fois où je commentais avec Didier, je n’avais pas les codes, je ne connaissais pas les règles, et je me suis retrouvé avec Didier. C’était un match de Coupe de France, c’était il y a longtemps, sur Antenne 2, je ne sais plus… Et Didier ne commente pas les matchs. Il explique, il parle de trucs, il part à droite, il part à gauche. Les joueurs, il en cite un ou deux parce qu’il les connait et qu’il les aime bien, les autres n’existent pas. Le match est un prétexte pour faire ce qu’il faisait ici (sur le plateau de la chaîne L’Équipe, ndlr). »

« À la base, on était opposés sur tout »

Et Raymond Domenech de poursuivre son histoire. « Il parlait, il expliquait. Quand vous êtes quelqu’un à côté, qui doit s’accrocher à quelque chose pour parler… En plus je n’ai pas son bagage. Il me sortait des noms de joueurs, je me disais : ‘Mais d’où il me les sort ?‘. Il faut que je dise quelque chose, je suis testé pour les commentaires. J’ai vécu une heure et demi de souffrance. Mais lui, ce n’était pas pour (m’enfoncer). Il partait dans ses histoires. » Avec honnêteté et un sourire entendu, Raymond Domenech a aussi concédé : « À la base, on était opposés sur tout. On avait une vision totalement différente. Je sortais du métier d’entraîneur, de sélectionneur. Les idéalistes, c’est bien beau, mais il faut gagner des matchs. Pour moi c’était utopique. Mais petit-à-petit, je pense qu’on s’est un peu rapprochés. Au début, je sentais qu’il rongeait son frein quand je disais quelque chose. Quand il disait quelque chose, je me disais : ‘Je ne vais pas le contrarier d’entrée‘. Finalement en s’écoutant, on a un peu rapproché nos manières de voir les choses. »

Une belle histoire au final, pour un Raymond Domenech qui n’en a pas moins été très peiné d’apprendre la disparition de Didier Routan et qui l’a dit un peu plus tôt dans la journée sur ses réseaux sociaux. « Didier Roustan est allé rejoindre ses dieux du foot. Tu vas nous manquer, toi et tes coups de gueule et ton idéalisme, mais tu resteras toujours pour moi le Président à vie. »