Après la mort d’un adolescent suite à un refus d’obtempérer, la France a connu des émeutes qui surpassent celles de 2005, faisant de très lourds dégâts humains et matériels
D’un contrôle routier à une vidéo criminelle
Mardi 27 juin à Nanterre, Nahel, un jeune homme de 17 ans, se fait arrêter par deux policiers dans une Mercedes jaune, immatriculée en Pologne. Après un refus d’obtempérer, les policiers sortent leurs armes et mettent en joue le jeune homme. Alors que le véhicule se remet à avancer, un des deux policiers tire une balle à bout portant dans le thorax du jeune homme. La voiture s’encastre alors un peu plus loin dans un panneau, le passager avant (Fouad 17 ans) s’échappe, tandis que le deuxième (Adam 14ans) se fait interpeller.
A 9h16, malgré l’aide des secours et des policiers pour le réanimer, le jeune homme qui s’appelle Sahel est déclaré mort. Peu de temps après le maire de Nanterrefait part de sa “tristesse”, déclare que la ville est “endeuillée” sans oublier de mentionner les images “accablantes” d’une vidéo qui confirme la culpabilité inéluctable du policier. Pourtant Laurent Nunez, le préfet de police de Paris a expliqué que le conducteur, après avoir refusé d’obtempérer, a volontairement redémarré la voiture après avoir coupé le moteur, il aurait tenté de rouler sur les policiers. Ce serait ainsi uniquement “dans ce contexte que le policier a fait usage de son arme à feu.”
Les témoins parlent, les réactions fusent
Le passager de 14 ans a été directement entendu par la police tandis que l’autre de 17 ans s’est rendu à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la « police des polices ») le lundi 3 juillet. Les deux versions des témoins se confirment. Nahel aurait reçu 3 coups de crosses de la part du policier, et entendu des injonctions entre les policiers du type “vas-y shoote-le”. Ce serait après le troisième coup de crosse que le jeune Nahel a perdu ses moyens et qu’il a lâché le frein, ce qui a enclenché le moteur et a provoqué le tir du policier. Le policier a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention, le 29 juin.
Le 28 juin des personnalités très connues, comme Kylian Mbappé ou Omar Sy, s’expriment sur les réseaux pour faire part de leur indignation et de leur soutien à Nahel. De plus, le président Emmanuel Macron exprime des mots d’affection. Cependant, le soir même, de nouveaux actes de vandalisme ont lieu. Darmanin appelle au calme et le président dénonce ces dégradations “injustifiables”. La colère ne s’estompe pas, elle grossit. Mercredi 30 juin, on dénombre 875 interpellations et 249 policiers blessés.
La marche blanche en hommage à Nahel
L’affaire fait rapidement du bruit et le mécontentement des habitants de Nanterre commence à se faire ressentir. Les premières violences éclatent le jour même : on voit des abribus détruits, des voitures incendiées et des cris de protestations devant le commissariat. Peu de temps après, une marche blanche est organisée le 29 juin, en hommage au jeune homme, avec sa mère en tête du cortège perchée sur une camionnette blanche et affublée d’un tee-shirt avec écrit “justice pour Nahel”. Plus de 6000 personnes se réunissent en soutien à la famille de Nahel, ce rassemblement s’est terminé dans la confusion avec notamment des tirs de gaz lacrymogène, de fusées d’artifice, et quelques feux…
Des dégâts immenses partout en France
Du 27 juin au 3 juillet l’hexagone a connu de terribles émeutes, incendies, pillages, vols et violences en tout genre. Ces actes barbares sont commis pour la plupart par de très jeunes adultes qui s’organisent notamment grâce aux réseaux sociaux, pour commettre des actes de violence gratuits. Le bilan s’élève à 3 243 interpellations le 3 juillet. On dénombre également 5 000 véhicules incendiés, 10 000 feux de poubelles, près de 1 000 bâtiments brûlés ou dégradés et 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries, selon le ministère de l’intérieur. Selon le président du Medef, 200 commerces, 300 agences bancaires et 250 bureaux de tabac ont été pillés dans tout le pays. Selon Geoffroy Roux de Bézieux, ces dégats représentent une facture de plus d’1 milliards d’euros.
Macron reçoit les maires, apaisement de la situation ?
Mardi 4 juillet, Emmanuel Macron a reçu a reçu 220 maires dont les communes ont connu des dégradations suite aux émeutes qui sévissent sur tout le territoire. Après avoir appelé les parents des enfants qui commettent ces actes de vandalisme, à la “responsabilité”; le président a exprimé son soutien aux maires. De plus, il a jugé que “le pic” était “passé”, et n’a pas hésité à remercier l’ensemble des gendarmes, pompiers et policiers qui ne s’efforcent de contrôles ces émeutes (plus de 55 000 policiers ont été déployés contre 11 000 durant les émeutes de 2005). La famille de Nahel s’est désolidarisée de ces violences, y voyant la mort de Nahel comme prétexte pour tout casser. Les funérailles de Nahel ont eu lieu samedi 1er juillet à la mosquée Ibn Badis de Nanterre, malgré cet apaisement relatif, des mouvements identitaires, d’extrême droite, se réveillent.
Il est important de mentionner la création de la cagnotte en soutien au policier criminel qui a dépassé le million d’euros récoltés, pour ce policier pourtant mis en examen. Ainsi cet apaisement n’est que relatif car on remarque que de nombreux groupes identitaires, mais aussi militaires, n’hésitent pas à soutenir le policier mis en cause et à soit disant “chasser du casseur” dans les rues de la capitale.
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