Surnommé le “tueur de la gare de Pergignan”, Jacques Rançon a été rendu coupable de multiples crimes dont plusieurs meurtres et viols. Voici son histoire.
Condamné l’année dernière à 30 ans de prison pour le viol et le meurtre d’Isabelle Mesnage en 1986, Jacques Rançon a de nouveau été jugé en appel le 20 juin dernier. Il a finalement écopé d’une peine encore plus lourde que celle prononcée en première instance, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité. Toutefois, cette femme dont il est reconnu coupable d’avoir ôté la vie n’est pas sa seule victime…
Une jeunesse perturbée
Fils d’un père maçon et d’une mère à la recherche d’emploi, le petit Jacques Rançon voit le jour le 9 mars 1960 à Hailles, dans la Somme. Il appartient à une famille de 18 enfants mais ne les connait pas tous étant donné que la plupart sont placés à la DDASS (administration en charge de protéger les enfants dont les parents n’étaient pas en mesure d’assumer leurs rôles). Ce dernier vit dans un milieu pauvre et violent. Petit, il se fait parfois frapper par sa mère et subit fréquemment les moqueries de ses camarades de classe.
À l’âge de 15 ans, Jacques Rançon assiste pour la première fois à une tentative d’agression de la part de son père sur son épouse. Les événements auxquels il sera confronté par la suite le feront rapidement sombrer dans l’alcool et le pousseront alors à commettre ses premiers dérapages. En 1976, alors qu’il n’a que 16 ans, le jeune homme agresse sexuellement une adolescente de son âge du nom de Marie-Line. Prête à porter plainte contre lui, la fillette, influencée par sa famille et ayant pitié du garçon à la réputation de “misérable”, ne le fera finalement pas. À côté de cela, Rançon trouve un job dans une usine de chaussettes Kindy et passe son permis de conduire. Il commence ainsi à se mettre à voler avec l’un de ses amis.
Lors des funérailles de son père en 1979, mort à l’âge de 72 ans, l’adolescent découvre en réalité qu’il a 15 frères et sœurs ainsi qu’un frère jumeau, décédé un mois après sa naissance.
Un avant-goût pour le crime
Deux ans après s’être fait licencié pour avoir cambriolé le bureau du comptable de son usine, Jacques Rançon rencontre une femme en discothèque. Il s’agit de Carole. Les deux tourtereaux tombent éperdument amoureux l’un de l’autre et décident de s’installer ensemble du côté d’Amiens (Somme).
Cette même année, en 1986, est également marquée par le début de ses crimes. À commencer par le meurtre d’Isabelle Mesnage qui fut sa toute première victime connue. La tragédie se déroule près de Corbie. Sur les coups de 14 heures, Jacques Rançon voit une étudiante en informatique se promener seule. Pris de pulsions, il décide alors de l’entraîner de force dans sa voiture avant de s’arrêter quelques kilomètres plus loin pour la forcer à faire l’amour avec lui. Voyant qu’elle se refuse à lui, il lui adressa plusieurs coups avant de la tuer en l’étranglant, puis la viola avant de dépecer son corps pour l’abandonner sur le bord de la route. Le corps est découvert seulement cinq jours après et l’autopsie est formelle : la victime a subi des agressions sexuelles. Néanmoins, malgré l’ouverture d’une enquête pour assassinat et viol, cette dernière ne débouchera sur aucune piste concrète et se conclut par un non-lieu en 1992.
Pendant ce temps dans son couple, les choses se déroulent mal. Rançon se montrant violent à son tour avec sa femme Carole, elle décide de le quitter sans même lui parler de la grossesse de leur deuxième enfant.
Sa première condamnation
Le 8 juillet 1992, Jacques Rançon est arrêté pour le viol d’une secrétaire de 20 ans qui rentrait chez elle après avoir passé une soirée en boîte de nuit sur Amiens. Cette femme, c’est Nathalie. Ce soir là, elle rentrait chez elle en voiture quand elle s’est retrouvée bloquée par Rançon. Après l’avoir menacé avec un couteau, il l’a obligé à monter dans sa voiture pour l’emmener sur un chemin de terre à l’abri des regards afin d’abuser sexuellement d’elle. Le lendemain, la jeune femme avait porté plainte en déclarant que son agresseur possédait une Renault Fuego.
Jugé en janvier 1994, le trentenaire est reconnu coupable de viol sous la menace d’une arme. Il est condamné à 8 ans de réclusion criminelle.
Perpignan, son nouveau terrain de jeu
Sortie de prison, nouveau départ. Âgé désormais de 37 ans, Jacques Rançon déménage dans un hôtel à Perpignan (Occitanie). Mais quelques mois à peine après son arrivée, le Samarien récidive. Dans la soirée du 21 décembre 1997, il croise le chemin de Mokhtaria Chaïb. Alors qu’elle se rend près de la Cité universitaire, Rançon l’attrape par le cou et l’emmène directement dans un terrain vague. Elle hurle, il essaie de la violer et la mutile à mort. Comme avec Isabelle Mesnage, le tueur va la dépecer et emporter avec lui les morceaux de son corps pour les jeter dans un autre endroit.
16 juin 1998, même scénario. Jacques Rançon boit un verre dans un bar quand il aperçoit Marie-Hélène Gonzalez, une étudiante de 22 ans, en train de faire du stop. Ni une ni deux, son côté meurtrier et prédateur sexuel prend le dessus. Il la prend dans sa voiture, l’emmène loin, la viole et la poignarde plusieurs fois avant de dépecer ses organes génitaux et couper sa tête. Le corps de Marie-Hélène sera retrouvé dix jours plus tard.
Les forces de l’ordre ainsi que les habitants de Perpignan, voyant les agressions, disparitions, viols et meurtres se multiplier, pensent d’abord à un tueur en série. Un tueur qu’ils décideront d’appeler “le tueur de la gare de Perpignan” en référence au quartier où la plupart des drames se produisent.
IMPORTANT : Tous les crimes de Jacques Rançon ne sont pas mentionnés dans cet article.
Trahi par une trace ADN
Près de 17 ans après les faits, l’enquête sur les meurtres de la gare de Perpignan suit son cours. Quand soudainement, le 13 octobre 2014, un indice flagrant va permettre aux enquêteurs de trouver le coupable. En effet, ces derniers retrouvent l’ADN de Jacques Rançon sur l’une des chaussures de Mokhtaria Chaïb. Dès le lendemain, le suspect est arrêté et placé en garde à vue. Il avoue finalement son assassinat et son viol au bout de deux jours d’auditions. De ce fait, Rançon est mis en examen et placé en détention provisoire à la prison de Béziers. Une photo de lui est, au même moment, publié dans la presse. Une de ses victimes qui avait réussi à lui échapper le reconnait et va le dénoncer.
Au fil des déclarations du suspect, la Police Judiciaire de Perpignan va faire un étroit lien entre le meurtre de Mokhtaria Chaïb et celui de Marie-Hélène Gonzalez, du fait que les victimes présentent les mêmes sévices. Jacques Rançon, déjà en prison, avouera le meurtre de cette dernière un an plus tard en juin 2015. En parallèle, en 2018, il est suspecté de l’assassinat d’Isabelle Mesnage. Un acte qu’il avouera également après quelques interrogatoires.
Verdict ? Au terme de son premier procès pour le meurtre de Mokhtaria Chaïb et de Marie-Hélène Gonzalez, Jacques Rançon a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. La même peine dont il a écopé cette année, en appel, pour avoir donné la mort à Isabelle Mesnage.
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