Alors que l’islamologue était jugé pour viol « à trois reprises » et « contrainte sexuelle », il vient d’être acquitté mercredi 24 mai par le tribunal correctionnel de Genève
Les faits remontent à 2008, Tariq Ramadan aurait violé une femme dans une chambre d’hôtel à Genève. La plaignante de 57 ans, qui s’est présentée sous le nom de “Brigitte” s’est dite incitée à parler, car d’autres femmes l’ont fait en France. Le procureur genevois avait requis trois ans de prisons. Mais les preuves n’ont pas été suffisantes pour le déclarer coupable, ainsi l’Etat de Genève a été condamné à lui verser 151 000 francs suisses (environ 154 400 euros) pour ses frais de défense. A la fin du procès, sa fille lui est tombé dans les bras, tandis que “Brigitte” a fait appel et a exigé que ses frais de défense (50 000 francs suisse) soient recouverts.
En France, l’islamologue, âgé de 60 ans aujourd’hui, est également accusé de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient
1.Henda Ayari, première plaignante
Tout commence avec cette femme, Henda Ayari, issue du salafisme est la première à avoir porté plainte en octobre 2017 contre le grand professeur Tariq Ramadan. Dans son livre, J’ai choisi d’être libre, publié chez Flammarion en 2016, Henda Ayari racontait déjà cette histoire d’agression sans jamais dévoiler l’identité de cette figure charismatique de l’islam européen. Dans ces pages, elle relate que son bourreau, celui qu’elle surnomme « Zoubeyr » aurait abusé d’elle dans un hôtel en 2012. Titulaire de la chaire d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, et défenseur d’un islam compatible avec les démocraties occidentales, Tariq Ramadan jouissait d’un statut et d’une aura conséquente en Europe. Mais cette féministe a eu le courage de témoigner des agressions notamment grâce à l’émergence du mouvement #Metoo. Le “pauvre” Tariq Ramadan s’est alors retrouvé déchu de ses fonctions, exclu de l’université d’Oxford et mis en examen. Finalement le procès se termine le 11 mai 2022 : Henda Ayari gagne en appel face à l’ancien prédicateur musulman Tariq Ramadan. Ce dernier est condamné à lui verser 5 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 2 000 euros supplémentaires.
2. Une handicapée victime de sévices sexuels
En octobre 2017, Paule-Emma Aline, surnommée « Christelle » par les médias est la seconde victime du spécialiste de l’islam. La jeune femme souffrait d’un handicap aux jambes, elle se déplace à l’époque avec une attelle et des béquilles suite à un accident grave. Elle aurait rencontré ce prédateur sexuel à Lyon, deux heures avant une conférence qu’il animait le 9 octobre 2009. Ce dernier l’aurait fait monté dans sa chambre, puis l’aurait violé et lui aurait ordonné de ne pas bouger de sa chambre le temps qu’il fasse sa conférence. Elle aurait par la suite eu des blessures liées à des actes de sodomie qui ont été identifiées par des équipes médicales. Après cette fameuse nuit, Tariq Ramadan aurait négocié et fait pression pour que la jeune femme se taise. Certaines informations de la plaignante ont été démenties, pour l’instant le verdict n’a toujours pas été donné à ce jour.
3. Le cas de l’escort Mounia Rabbouj
Mounia Rabbouj, escort girl de 46 ans impliquée dans l’affaire DSK, a porté plainte le 25 mars 2018, soit cinq mois après celle de Henda Ayari, contre Tariq Ramadan pour viol. Cela a de nouveau terni la réputation de l’intellectuel, niant complètement les faits, malgré les allégations et les preuves qu’a rapporté l’ancienne escort. En effet cette dernière a remis une robe noire aux expert, robe qu’elle portait lors du soir fatidique, sur laquelle se trouvait encore la semence de Tariq. Les études des experts n’ont pas confirmé qu’il s’agissait de l’ADN du professeur. Cette dernière change plusieurs fois de versions et suscite de nombreuses critiques sur les réseaux, décrédibilisent les précédentes victimes du professeur. Enfin après des enquêtes plus approfondies, sur les messages et l’entourage de la plaignante, Mounia Rabbouj a avoué, par écrit, avoir reçu la promesse d’une grosse somme pour témoigner contre l’intellectuel.
4. La défense de Tariq Ramadan
En tout sept femmes ont porté plainte contre l’ancien prédicateur. Cependant Tariq Ramadan est toujours parvenu à s’en dépêtrer assez bien. Ce qui a faussé les témoignages des plaignantes étaient les versions contradictoires, ainsi que les pressions exercées en dehors pour pousser certaines femmes à raconter une version des faits exagérée, moyennant une rétribution financière. Cependant, Tariq Ramadan a toujours nié les accusations portées contre lui et a maintenu son innocence. Sa défense a soutenu qu’il s’agissait d’une campagne de diffamation et de calomnie visant à discréditer sa réputation et son travail intellectuel. Cela lui a tout de même valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018. Il est depuis sous contrôle judiciaire en France, mais bénéficie d’autorisations exceptionnelles pour se rendre en Suisse. Néanmoins on remarque qu’à chaque témoignage, (sept femmes tout de même !), un mode opératoire similaire revient : une manipulation psychologique, des injonctions sexuelles d’une violence extrême et une aura imposante qui immobilise ses proies.
5. Les implications du procès d’un islamologue réputé
Tariq Ramadan est un personnage devenu très médiatique avec ses procès et réputé dans son domaine intellectuel. Il se fait devant les médias défenseur d’un islam compatible avec les démocraties occidentales, quand à l’inverse il dispense à ses étudiants des cours sur l’islam plus engagé et radical dans son interprétation. Un double jeu qui lui a de toute évidence fait naitre des opposants et des partisans de son idéologie. Ce sont d’ailleurs ses opposants qui se sont progressivement immiscés dans ses affaires judiciaires, avec de faux témoignages contre des sommes d’argent, pour qu’il coudisse en prison et cesse de défendre sa vision de l’islam. Quoi qu’il en soit l’affaire Ramadan est survenue à un moment compliqué : juste après les attentas de l’Etat islamique de 2015 à Paris et à l’instant où #Metoo, en 2017, prenait de plus en plus d’ampleur.
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