La décision était attendue ce lundi 17 avril, dans l’affaire du crash du vol Air France Rio-Paris, survenu en 2009. La justice vient de relaxer Airbus et Air France, jugés pour « homicides involontaires ». Retour sur cinq éléments clés pour comprendre l’accident le plus meurtrier de l’aviation civile française …
L’aboutissement d’une longue enquête – Le 1er juin 2009, le vol Air France AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’est abîmé dans l’océan Atlantique. Ce crash a été l’un des pires accidents de l’histoire de l’aviation civile française. L’avion disparaît dans l’Atlantique, à moins de 1.000 km des côtes brésiliennes, un peu plus de trois heures après son décollage. Le centre de contrôle de Recife (Brésil) a établi le dernier contact avec l’appareil à 3h35 (heure de Paris). Le crash a eu lieu en vol de croisière à haute altitude (environ 10.700 mètres). L’airbus A330-200 a entraîné la mort des 228 personnes. Les premiers corps et les premiers débris de l’avion ont été retrouvés dans les jours suivant le crash. Mais la localisation de l’épave n’est intervenue que deux ans plus tard, en avril 2011. L’épave est alors située à 3 900 m de fond. Et ce n’est que 23 mois plus tard, lors d’une quatrième phase de recherches, que les boîtes noires de l’Airbus ont pu être repêchées, venant confirmer la défaillances des sondes Pitot. Les enregistreurs de vol ont été retrouvés à une profondeur de 4 000 mètres. Les enquêteurs ont dû utiliser des sous-marins télécommandés pour récupérer les enregistreurs et analyser les données.
Des conditions météorologiques défavorables – Le vol AF447 a été confronté à des conditions météorologiques difficiles, notamment une zone de turbulence importante. Les pilotes ont dû faire face à des variations soudaines de vent, de pression et de température. Ces conditions ont conduit à des perturbations des instruments de bord, ce qui a créé des informations contradictoires pour l’équipage. Notons que, depuis, les compagnies aériennes ont amélioré la surveillance des conditions météorologiques, en utilisant des systèmes de détection de turbulences pour aider les pilotes à éviter les zones dangereuses.
Une défaillance technique : le givrage des sondes de vitesse Pitot – C’est ce qu’ont confirmé les boîtes noires : une défaillance des sondes qui mesurent la vitesse des avions et qui seraient insuffisamment résistantes au givre à très haute altitude, alors précisément que l’avion était à haute altitude. Les sondes ont gelé, fournissant des informations de vitesse incorrectes aux pilotes. De là, l’incompréhension des pilotes, totalement désorientés, avec leurs réactions inappropriées dans le cockpit : « Je ne comprends rien », aurait déclaré un des trois pilotes du vol Air France Rio-Paris au moment de la perte de contrôle de l’appareil. Alors que l’un des pilotes amorçait une trajectoire ascendante, les autres ont tenté de reprendre le contrôle de l’avion. En vain… S’en est suivi le décrochage de l’avion qui s’est abîmé dans l’océan atlantique 4 min et 23 secondes plus tard. Fin décembre 2009. Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (« BEA ») admet, dans son rapport d’étape sur la catastrophe, que la défaillance des sondes Pitot de mesure de vitesse a été « l’un des éléments ayant conduit à l’accident, mais ne peut l’expliquer à lui seul ».
Une défaillance des sondes sous-estimée par Airbus ? Un élément d’importance pour comprendre le crash : la défaillance des sondes Pitot qu’Airbus aurait sous-estimée, le constructeur Airbus ayant été renvoyé de ce fait devant la justice, pour avoir « sous-estimé la gravité des défaillances des sondes ». L’avionneur aurait-il tardé à réagir ? Les sondes Pitot utilisées sur l’Airbus A330 étaient connues pour avoir des problèmes dans des conditions météorologiques extrêmes. Et il est ressorti de l’enquête que, durant les mois précédant le crash du vol Rio-Paris, les incidents sur des sondes Pitot s’étaient multipliés. Alors imprudences ? Négligences ? Le constructeur aéronautique n’aurait pas pris « toutes les dispositions nécessaires pour informer d’urgence les équipages des sociétés exploitantes et contribuer à les former efficacement ». C’est sur cette faute pénale, contestée par Airbus, que le tribunal correctionnel avait à se prononcer, mais qu’il n’a finalement pas retenue à l’encontre du constructeur aéronautique dans son jugement.
Une formation des pilotes de la compagnie Air France inadaptée ? La compagnie Air France se serait « abstenue de mettre en œuvre une formation adaptée » pour les pilotes, ce qui aurait « empêché les pilotes de réagir comme il le fallait. » Tel est ce qui ressortait en effet du dossier, à l’issue de l’enquête, avec une justice qui décidait du renvoi en correctionnel : elle estimait alors qu’il existait des charges suffisantes contre Air France, pour s’être « abstenue de mettre en œuvre une formation adaptée » et « l’information des équipages qui s’imposait » face au givrage des sondes. Ce manquement aurait « empêché les pilotes de réagir comme il le fallait ». C’est également de cette faute pénale, contestée cette fois par Air France, que le tribunal avait à juger. Le tribunal correctionnel de Paris a mis hors de cause Air France, comme Airbus, jugeant que, si des « fautes » avaient été commises, « aucun lien de causalité certain » avec l’accident n’avait « pu être démontré ».
Voilà comment un avion, ayant cumulé 18 870 heures de vol, s’est abîmé en mer en juin 2009 … Et ce n’est donc que près de quatorze années plus tard que le tribunal correctionnel de Paris vient de se prononcer ce jour par une décision de relaxe …
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