5 ans après, retour sur les moments les plus importants de #MeToo, le plus grand « mouvement social féminin du XXIe siècle ».
Un scandale holywoodien
#Metoo. Deux mots très courts imaginés en 2006 par Tarana Burke. Cette américaine originaire de Harlem avait lancé cette campagne pour dénoncer les agressions sexuelles, notamment à l’encontre des minorités. La jeune femme est elle-même victime d’agressions sexuelles. Ça n’est que dix ans plus tard que le mouvement devient incroyablement populaire, à cause de révélations concernant le grand producteur Holywoodien Harvey Wenstein.
Le 5 octobre 2017, après une enquête de plusieurs mois, le New York Times publie ce scandale. L’affaire Weinstein frappe comme un coup de tonnerre sur l’Amérique. A ce moment-là des centaines de femmes, de célébrités dénoncent les agissements outranciers du producteur. Quelques jours plus tard, l’actrice Alyssa Milano a l’idée de reprendre ce #Metoo sur Twitter, incitant les femmes qui ont été victime d’agression sexuelle ou de viol à parler. Rapidement, le mouvement devient viral, son succès dépasse les États Unis et se propage sur tous les réseaux sociaux du monde. La parole se libère et les dénonciations explosent (53 millions de tweets avec ce hashtag depuis 5 ans). De nombreux hommes, parfois très connus doivent s’expliquer devant la justice.
Du journalisme au cinéma : un phénomène français
Le 13 octobre 2017, deux jours avant le #Metoo, la journaliste française Sandra Muller est à New York et devant les révélations sur Weinstein, elle fait un parallèle avec son milieu, le journalisme. Elle lance alors un appel sur les réseaux avec le hashtag #balancetonporc. Quelques minutes plus tard elle commente son post d’une révélation personnelle précédé de ce nouveau hashtag : « Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit » Eric Brion ex patron de Équidia #balancetonporc ».
C’est de nouveau le monde du cinéma qui est touché en 2019. L’actrice Adèle Haenel fait des révélations à Mediapart concernant le réalisateur Christophe Ruggia, qui aurait pratiqué des attouchements sexuels sur le jeune femme de ses 12 à 15ans. L’actrice reçoit le soutien de nombreuses actrices, comme Marion Cotillard. Le cinéaste est alors mis en examen en 2020.
Quelques mois plus tard, les Césars récompensent Roman Polanski avec le prix du meilleur réalisateur pour son film J’accuse. Le réalisateur est interdit de territoire aux États Unis pour des accusations d’agressions sexuelles sur mineurs, désormais prescrites. Céline Sciamma et Adèle Haenel sortent alors de la salle Pleyel en scandant « La honte ! » et « Vive la pédophilie ! ». Quelques temps après, l’autrice Virginie Despentes publie une Tribune dans Libération. S’intitulant « Désormais, on se lève et on se barre », La Tribune dénonce le pouvoir des puissants qui réduisent les victimes au silence.
Des personnalités médiatiques impliquées
Parmi tous ces scandales #Metoo, on peut citer le journaliste Patrick Poivre d’Arvor, le directeur de SciencesPo Frédéric Mion, le producteur de cinéma Luc Besson ou encore l’écrivain Gabriel Mazneff. Cette fois-ci, la victime de l’écrivain, Vanessa Springora, a écrit un livre intitulé Le consentement sorti en 2020 chez Grasset. Dans ce livre, elle dépeint la manipulation psychologique qu’exerça un écrivain de renom sur elle, une jeune fille qui n’a que 14ans à l’époque. On découvre l’impunité avec laquelle l’homme ne cache pas son attrait pour les très jeune filles et combien il abusa d’elle. La situation s’éclaire: l’abus sexuel n’a pas d’âge, pas de barrière, pas de morale. Il s’inscrit dans tous les milieux sociaux et même les milieux les plus insoupçonnés, comme le contexte… familial.
En effet, en janvier 2021 la juriste Camille Kouchner sort son livre « La familia grande ». Cette fois-ci l’ignominie du prédateur dépasse toutes les attentes : l’inceste. Dans ce livre, elle accuse son beau père, Olivier Duhamel, éminent professeur et politicologue, d’avoir infligé des violences sexuelles à son frère pendant des années. Elle décortique les stratagèmes qu’utilisait l’intellectuel pour imposer la loi du silence sur ses crimes.
La Tribune Deneuve
Pour Catherine Deneuve, on passe de l’omerta à la délation. La femme est respectée, elle est une icône du cinéma et une inspiration féminine. Pourtant, la star de cinéma n’approuve pas la vague #Metoo et encore moins l’expression #balancetonporc qu’elle juge particulièrement violente. Elle dénonce une guerre des sexes et une flagellation impropre de l’homme sur la place publique. C’est pourquoi en 2018, elle signe une tribune dans Libération avec un collectif de 100 femmes, pour défendre « une liberté d’importuner » nécessaire à la liberté sexuelle. Question de génération ? Peut-être… Beaucoup d’hommes passent à l’abattoir et se retrouvent avec une réputation ruinée et un avenir professionnel nul. Cependant, seule une infime partie des accusations se révèlent fausses ou donne lieu à des affaires classées sans suite, car souvent le délai de prescription est dépassé.
Ne sommes-nous pas arrivés à une situation où il vaut mieux ternir la réputation d’hommes, même si l’accusation est fausse, pour faire bouger les choses ? C’est le propre d’une révolution, il est nécéssaire de passer par là pour mettre fin à ces comportements honteux qui ont trop longtemps conditionné des rapports homme-femme. Trop longtemps des hommes à des postes de pouvoir, ont imposé leurs désirs sexuels, et détruit des vies. Des services contre des faveurs sexuelles. Un mythe qui n’en est plus un. Mais on a rebattu les cartes, désormais la situation a changé. Les hommes ont peur et n’oseront plus violer, agresser, abuser des femmes. Que ce soit dans le cadre professionnel, familial, amical ou publique. Et c’est mieux ainsi.
Cependant, si un jeune homme courageux tente de draguer une fille ou s’il fait preuve de galanterie, il est de juste mesure de ne pas le comparer à un « porc ». Tout l’enjeu reste donc de trouver quelle est la « bonne manière », mais cessons d’être aveugles, la séduction est souvent une histoire de ressenti, de langage corporel qu’on ne peut pas prétendre ignorer. Il faut que le désir masculin ne soit pas supérieur au consentement féminin, que le désir animal ne triomphe pas sur l’humanité. Car, enfin le but n’est pas de détruire mais de construire.
Ce que prévoit la loi
La présomption d’innocence est toujours d’actualité. Ce qui pourrait évoluer c’est la prescription. Pour mettre fin à ces agissements, il faudrait durcir la loi en vigueur et au même titre que le crime contre l’humanité, rendre l’agression sexuelle et le viol imprescriptible. A présent la loi a changé et défend d’avantage les victimes d’agressions et de viols. Aujourd’hui une personne majeure dispose de vingt ans pour porter plainte. Quant aux mineurs, ils ont trente ans après leurs majorité pour déposer plainte. Soit jusqu’à l’âge de 48 ans grâce à la loi Schiappa du 3août 2018. Concernant les agressions sexuelles, un mineur, à compter de sa majorité, a vingt ans pour signaler les faits. Tandis qu’un majeur dispose de six ans seulement pour porter plainte.
Cet article 5 éléments pour comprendre … le mouvement #Metoo, 5 ans après est apparu en premier sur VL Média.