L’ouvrage « Les fossoyeurs » a été publié mercredi 26 janvier et a fait l’effet d’une bombe au sein des établissements pour personnages âgées. Dans ce livre, son auteur, le journaliste Victor Castanet, dénonce les dérives que l’on retrouve au sein des Ehpad et notamment dans le groupe Orpea.
« Les fossoyeurs », est-il possible de faire un titre plus morbide que celui-ci ? Si l’expression est forte, elle est pourtant la triste conclusion d’une enquête de plus de trois ans. Au cours de celle-ci, le journaliste Victor Castanet s’est plongé au cœur des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Son travail a permis de soulever, et de dénoncer, les nombreux problèmes que l’on retrouve dans ces lieux et notamment dans ceux du groupe privé Orpea, leader du marché européen. Avec plus de 1150 établissements à travers le vieux continent, l’entreprise se vente de pouvoir assurer des prises en charges de qualité afin de garantir une digne fin de vie à ses résidents.
Pour autant, les faits évoqués au sein de cet ouvrage sont graves. Après de nombreux témoignages au sein de multiples établissements de l’enseigne, Victor Castanet dénonce que les moyens sont restreints au profit de l’enrichissement de l’entreprise. Au micro de France Bleu, il a expliqué comment était-il parvenu à mener cette enquête : « J’ai eu les premières alertes à Neuilly-sur Seine. C’est l’un des établissements les plus chers et des plus luxueux. C’est la vitrine du groupe. Quand on m’a informé du manque de personnel et des rationnements, je me suis dit si ça se passe là bas, qu’est-ce qui se passe ailleurs ?. Comme il l’évoque, cette maison de retraite propose, en apparence, un cadre de vie excellent permettant aux personnes âgées de finir leur vie de la meilleure des manières. Les prix sont donc très élevés, plusieurs milliers d’euros par mois.
Si ce coût pourrait être justifié en raison de certaines prestations, Victor Castanet a pu montrer au sein des Fossoyeurs que le personnel était manquant dans de nombreuses Ephad. Il explique également que les moyens sont limités. Les couches sont rationnées, la nourriture l’est également, et finalement, ce sont de multiples dépenses qui sont limitées afin d’assurer un meilleur profit à l’entreprise, qui rappelons le, a réalisé un chiffre d’affaire de plus de 4 milliards d’euros en 2021. Ce rationnement n’est pas spécifique à Orpea et Nora Sahara, ancienne infirmière ayant travaillé dans différents groupes pour personnes âgées et désormais journaliste, a pu témoigner de ces conditions pour RMC : « Il y a des patients qui restent alités toute la journée parce qu’on a pas de personnel pour les faire descendre en salle à manger, des patients qui ne déjeunent pas parce qu’on a pas eu le personnel suffisant pour leur monter le déjeuner, des patients qu’on n’hydrate pas, et à qui on donne des gelées parce qu’on a pas de poches d’hydratation, des pansements qui ne sont pas faits dans les protocoles parce qu’on a pas le matériel ».
Ces derniers jours, les témoignages de différents salariés se sont multipliés, dénonçant des pratiques qui corroborent avec les propos tenus par Victor Castanet. Les autorités publiques se sont saisis de cette affaire et des contrôles ont d’ores et déjà été réalisés, leurs résultats seront publiés prochainement. Par ailleurs, l’auteur évoque également les contrôles qui étaient réalisés dans les Ehpad et montre que les établissements étaient prévenus plusieurs semaines à l’avance, permettant de maquiller la situation, notamment en faisant venir davantage de personnel pour gérer la situation. Le jour de la sortie de l’ouvrage, le porte parole du gouvernement, Gabriel Attal, a rappelé que l’État avait pris des décisions quant à cette affaire, avec notamment la convocation par la ministre déléguée de l’autonomie, Brigitte Bourguignon, du directeur général du groupe en France, Jean-Christophe Romersi.
De son côté, Orpea a qualifié les accusations portées par l’ouvrage de « mensongères, outrageantes et préjudiciables ». Pour autant, l’entreprise a limogé son directeur général, Yves Le Masne avant de désigner son remplaçant : Philippe Charrier. De plus, le groupe a décidé de mener des enquête indépendante au sein de ses Ehpad pour faire la lumière sur ces accusations. Cotée en bourse, Orpea a vu le cours de ses actions chuter de plus de 50 % par rapport à la date du 20 janvier.
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