Avec ses six semaines de repos consécutives aux JO de Paris cet été, Léon Marchand pensait avoir tout perdu ou presque de sa nage. Le quadruple champion olympique pourtant fait sensation en Asie ces jour-ci dans le cadre de la Coupe du monde. Avec ce vendredi un coup d’éclat magistral: le record du monde du 200m 4 nages de Ryan Lochte en petit bassin battu de 75 centièmes pour s’établir désormais à 1’48″88.
En spectateur avisé, Denis Auguin, le directeur des équipes de France, ne manque pas une miette des performances du phénomène, en expliquant les fondements pour L’Equipe ce jour: « Il a une telle confiance en lui. Ça joue dans le relâchement. Les autres partent pour faire deuxième, ça aide. Il a une emprise telle sur la course. Même si ce n’est pas son genre de bomber le torse, il arrive derrière le plot avec confiance. Il ne se dit pas attention à lui ou à lui. Attention à personne, il ne fait attention qu’à lui. Quand les nageurs sont dominants comme ça, les adversaires ne pensent même pas qu’ils peuvent gagner, ils ne t’attaquent pas. C’est comme Nadal à Roland-Garros même s’il arrivait en boitant, il gagnait quand même… »
« Ce n’est pas un mec extravagant mais… »
Pour autant, hors de question de galvauder ou banaliser les perfs et les records. « Autant il survole ses disciplines actuellement, autant il sait ce que ça représente. Il mesure ce que ça demande, il y a une question de lucidité. C’est un grand combat qu’on mène: la lucidité de l’athlète par rapport à son niveau », souligne Denis Auguin. Un observateur pas comme les autres qui pourtant admet être impressionné par le garçon.
« J’ai l’impression qu’il est très hermétique à l’environnement. Là, c’est une Coupe du monde mais aux Jeux, il a réussi un truc exceptionnel. L’environnement n’a pas de prise sur lui, c’est un atout incroyable et fondamental dans la haute performance et il a une énorme confiance en lui. Pour autant, ce n’est pas un mec extravagant et démonstratif là-dessus mais il a forcément extrêmement confiance en lui. Quand le nageur sent qu’il a une marge de progression, ça lui donne des ailes. Chacun a son challenge. Ça dénote une ambition incroyable et c’est très positif. »