C’est un funeste anniversaire pour le FC Nantes. Le 18 novembre 1984, un terrible accident de la route avait emporté plusieurs jeunes joueurs des Canaris. Seth Adonkor, grand espoir du football français, et pressenti à l’époque pour rejoindre les Bleus, est décédé à 23 ans. Jean-Michel Labéjof, 18 ans, a également perdu la vie. Sidy Kaba, 17 ans, a survécu mais ne s’est jamais vraiment relevé de cet accident. Il est mort en 2021, après avoir été longtemps SDF.
Le plus connu des trois victimes, Seth Adonkor, était le demi-frère de Marcel Desailly. Sollicité par Ouest-France, qui a consacré un long article à ce tragique évènement ce lundi, le champion du monde 1998 n’a pas souhaité évoquer le sujet, pour ne pas « rouvrir une cicatrice presque fermée. »
Quand Deschamps apprend le drame à Desailly
Ce drame, dont il a su tirer de la force pour la suite de sa carrière (« Après ça, je me suis senti investi d’une mission », dira-t-il), Marcel Desailly l’avait évoqué dans sa biographie « Capitaine », sortie en 2002. Il s’est notamment souvenu de la façon dont c’est un certain Didier Deschamps qui avait trouvé le courage de l’informer de cette catastrophe.
« Lorsque la nouvelle est tombée, personne ne s’est senti le courage de me l’annoncer, raconte Desailly. Je ne leur en veux pas : il faut beaucoup de force, même à un adulte, pour faire un truc pareil. Didier, lui, l’a fait. Il leur a dit : ‘C’est à moi d’aller voir Marcel.’ Pas une seule fois nous ne reparlerons de cette scène. Mais sa main sur mon bras restera pour moi une preuve suprême d’amitié. »
A l’époque, Desailly et Deschamps étaient pensionnaires du centre de formation du FC Nantes. Le jour du drame, les deux joueurs, âgés de 16 ans, se trouvaient en stage avec l’équipe de France cadet à Monaco. En 2016, dans l’émission de Michel Denisot, « Conversation secrète », sur Canal+, Deschamps avait expliqué pourquoi, en tant qu’ami et capitaine, il avait pris ses responsabilités à ce moment-là. « Notre coach (Henri Guérin) avait du mal. Je ne le voyais pas très à l’aise donc je lui ai dit : ‘Ne vous inquiétez pas, je vais lui dire.’J’étais proche de Marcel, on se connaissait très bien. Je sentais que je pouvais et que je devais le faire. »