Mais comment font-ils ? Depuis trois ou quatre ans, Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard évoluent à un niveau stratosphérique. Non seulement ils dominent leurs concurrents, leurs contemporains. Mais le Danois et surtout le Slovène établissent des temps d’ascension supersoniques, en ridiculisant parfois les records historiques établis par de sombres références comment Marco Pantani.
Dans une longue discussion pour Rouleur Live, Greg LeMond a livré un éclairage très intéressant sur le sujet. Notamment sur la différence entre les champions actuels et ceux de sa génération. « Le problème fondamental est que les coureurs d’aujourd’hui, sous la pression des équipes, se focalisent sur le poids, a expliqué l’Américain, dans des propos rapportés par CyclingNews. Le rapport poids/puissance a toujours existé, mais vous voyez certains coureurs, ils ne ressemblent pas à la même espèce d’humains avec lesquels je courais. Je n’ai pas de masse musculaire. Je mesure environ 1,78m, je regarde les coureurs et je vois qu’ils pèsent 60 kilos. Je pesais 68 kilos ! »
La différence se fait là. « Pour moi, cela explique l’augmentation de la vitesse moyenne globale. Si chaque kilo représente environ une minute dans une montée, trois kilos représentent trois minutes. C’est un gros problème », estime le triple vainqueur du Tour de France (1986, 1989 et 1990).
Pogacar, tricheur ou meilleur cycliste de tous les temps ?
Le poids est une chose, la puissance en est une autre. Et ce qui interpelle, c’est que Pogacar et Vingegaard parviennent à développer d’énormes watts malgré leur maigreur. Certains n’arrivent pas y croire, et voient un retour en force du dopage. Greg LeMond a une opinion bien plus nuancée. « Ces gars-là peuvent-ils atteindre 6,9 watts par kilo ? Je pense clairement que oui, juge l’Américain.Si vous regardez Vingegaard et Pogacar, je pense qu’il n’est pas impensable de faire ce qu’ils font. C’est du domaine du possible. »
Pour Greg LeMond, il est ainsi envisageable qu’on soit simplement les témoins des performances d’athlètes hors norme. « Regardez Merckx et Bernard Hinault. Je crois qu’une fois par génération, il y a un ou deux coureurs qui ont plus de talent. Pogacar est un monstre, il a gagné le Tour dès sa première participation. Je veux dire, il est peut-être le meilleur cycliste de tous les temps », estime le double champion du monde.