Jorge Martin a failli arrêter la moto à deux reprises, d’abord en 2013, à l’âge de 15 ans, faute de sponsors le soutenant puis en 2021, pour sa première saison en MotoGP, à la suite du Grand-Prix du Portugal après un accident lui provoquant un black-out. Mais l’Espagnol, qualifié d’hyperactif dès l’enfance, s’accroche. Et il a raison. Pour sa troisième saison seulement en catégorie reine, le pilote Prima Pramac Racing a remporté le championnat du monde avec 508 points, le premier de sa carrière et le premier d’une écurie satellite (une équipe privée ne dépendant pas d’un constructeur).
C’est dire toute la portée de cette performance, qui plus est face à un Francesco Bagnaia double champion du monde en titre et quasiment imbattable avec sa Ducati. D’ailleurs, l’Italien s’est davantage imposé au cours de cette saison 2024 avec onze succès en vingt courses contre trois victoires (Portugal, en France et en Indonésie) pour le champion du monde, soit presque quatre fois moins… Et en ce qui concerne les sprints, c’est égalité parfaite, sept victoires partout. Pareil pour les pole-positions.
La régularité, la clé du succès
En termes de tours parcours en tête, Francesco Bagnaia a également devancé Jorge Martin avec 349 tours (courses et sprints) contre 66 tours. Mais là où le Madrilène a fait la différence, c’est évidemment sur la constance à l’image de ses seize podiums dont dix deuxièmes places le dimanche. Autre chiffre symbolisant la régularité du pilote par rapport à la concurrence : 4. C’est le nombre de zéro pointés pour chute ou abandon, dont deux seulement le dimanche, en 40 courses (sprint et GP confondus). Lors du dernier Grand Prix de l’année, à Barcelone, Jorge Martin a terminé à la troisième place alors qu’il lui fallait terminer dans les neuf pour empocher le titre. Et même s’il a tremblé un peu par moments dans les derniers tours de la course, l’Espagnol a fait parler sa science du pilotage pour éviter les erreurs et sa gestion des moments chauds.
Vice-champion du monde la saison dernière, « Martinator » comme il est surnommé, a cette fois eu les nerfs solides dans cette saison à suspense. « Il y a beaucoup d’émotions, a déclaré le champion du monde sur Canal+. J’ai pleuré, j’ai été content, puis j’ai pleuré à nouveau. Je remercie ma famille, mes amis, mais aussi mes concurrents, dont Francesco. Ils m’ont poussé jusqu’à mes limites. »