Worley, c’est l’inquiétude

Tessa Worley a laissé un grand vide. Depuis sa retraite il y a deux ans lors des championnats du monde de Courchevel-Méribel, le ski féminin français n’a connu que deux podiums de Coupe du Monde : Laura Gauché troisième de la descente de Crans-Montana en février 2023 et Romane Miradoli troisième du Super-G de Cortina d’Ampezzo en janvier 2024. Cette saison, alors que, contrairement à leurs compères masculins, aucune skieuse française ne s’est gravement blessée, les Bleues n’ont pas décroché de grands résultats, Miradoli finissant au mieux 8eme à Beaver Creek, Gauché 12eme à Cortina et Marie Lamure 10eme à Kranjska Gora. Et les Mondiaux qui se déroulent actuellement à Saalbach ne font que confirmer la tendance. Présente en Autriche ce jeudi, jour de slalom géant, sa discipline de prédilection, où il n’y a deux Françaises au départ, Tessa Worley n’a pas caché sa déception, dans les colonnes de L’Equipe.

« Les résultats aux Mondiaux sont un peu en dessous du niveau habituel des filles. Maintenant, le niveau qu’elles ont montré sur les dernières courses de Coupe du Monde l’était déjà. Les filles ne sont pas arrivées en grande confiance et c’était donc compliqué de faire switcher la machine juste pour les Mondiaux. Même si parfois ça peut aussi être un bon moyen de se dire « je ne suis pas attendue, je n’ai rien à perdre, etc. ». Là malheureusement les filles, je pense que c’est plus qu’elles ne se sentent peut-être pas suffisamment en confiance, prêtes… La piste ici était aussi très particulière, il fallait trouver vraiment les clés, dès les entraînements. Les Françaises ne l’ont pas fait, ou alors un petit peu moins. »

La relève se fait attendre…

Hormis Marie Lamure en combiné, une discipline qui n’existe plus lors des grandes compétitions, aucune Française n’a été médaillée lors des championnats du monde juniors depuis Karen Clément en Super-G en 2020, et aucune n’a été titrée depuis Jennifer Piot (aujourd’hui retraitée) en descente en 2013. La relève a bien du mal à arriver, et Tessa Worley s’en inquiète. « Il est temps de s’inquiéter. Je pense que c’est inquiétant pour tout le monde. Malheureusement, on ne peut pas inventer des filles qui arrivent et qui peuvent percer soudainement. Mais clairement, pour 2030, il y a quelque chose à faire, il faut commencer dès maintenant et vraiment mettre des choses en place avec des groupes relève, des groupes juniors, des filles qui arrivent en courses FIS (la D3 du ski alpin, ndlr). (…) »

« Je ne sais pas si le ski attire moins les jeunes filles. Mais c’est un sport très sélectif, traumatisant physiquement et dur mentalement. C’est devenu aussi cher, maintenant, et c’est un facteur qui rentre en compte. La sélection se fait aussi malheureusement de plus en plus par l’argent. Il y a pas mal de points qui font que c’était déjà dur à la base, mais maintenant, la base de la pyramide se rétrécit encore et encore et encore. » La perspective des Jeux Olympiques en France dans cinq ans permettra peut-être de faire éclore quelques talents. En attendant, le ski féminin français doit prendre son mal en patience.