Reacher, personnage des romans de Lee Child, arrive sur Amazon dans une incarnation plus fidèle que le héros interprété par Tom Cruise au cinéma.
C’est quoi, Reacher ? Colosse tout en muscles, Jack Reacher (Alan Ritchson) arrive à Margrave, au fin fond de la Géorgie. Vétéran et ancien enquêteur de la police militaire aux états de service impeccables, il s’attable tranquillement dans un dinner… et voit débarquer la police locale en force. Un cadavre non identifié a été découvert au bord de l’autoroute, c’est le premier meurtre en 20 ans dans cette petite ville et l’inspecteur Oscar Finlay (Malcolm Goodwin) soupçonne ce type sorti de nulle part. Reacher affirme pourtant être innocent, et il est vite mis hors de cause grâce à l’intervention de l’officier Roscoe Conklin (Willa Fitzgerald). Mais lorsqu’on identifie la victime, l’affaire prend une tournure très personnelle pour Reacher. Il décide alors de s’impliquer et de résoudre le meurtre en collaborant avec la police, malgré les réticences initiales de Finlay.
En 1997, Lee Child publie Killing Floor, premier roman de ce qui allait devenir une longue et fructueuse série littéraire. Son héros, Jack Reacher, est un vétéran de l’armée récemment retourné à la vie civile ; bâti comme une armoire normande, sans attache, il parcourt les États-Unis et il sait donner des coups de poing mais aussi raisonner avec perspicacité. Après deux films en 2012 et 2016, il devient le héros d’une série pour Amazon Prime avec une première saison de 8 épisodes (la deuxième a d’ores-et-déjà été annoncée) coproduite par Lee Child himself et scénarisée par le showrunner Nick Santora (Prison Break, Scorpion).
Au cinéma, Reacher était incarné par Tom Cruise. Sans discuter de son talent, de son charisme ou même de la qualité des films, la stature physique de l’acteur a donné lieu à quelques controverses chez les fans des romans. Et Lee Child lui-même a reconnu lors d’une interview que, s’il avait apprécié de travailler avec Tom Cruise, « au final, les lecteurs ont raison. La taille de Reacher est très, très importante, et c’est une grande composante de son identité. »
Dont acte. Cette fois, Reacher est joué par Alan Ritchson (Aquaman dans Smallville et plus récemment Hawk dans Titans), 1m88, 90 kilos et des biceps plus larges que vos cuisses. On est d’accord avec Lee Child : la taille, c’est important ; encore faut-il savoir s’en servir. Or, Ritchson joue à merveille de sa carrure impressionnante, il fait de son Reacher un rouleau compresseur ou un tank qui broie ses adversaires, un mec qui vous cloue sur place d’un seul regard ou qui tape avant de discuter. Mais il possède aussi un sens de la déduction digne de Sherlock Holmes et une ironie dévastatrice avec des répliques pleines d’un humour pince-sans-rire. Et s’il offre un visage presque (le “presque” est important) hiératique et fermé aux émotions, on ne peut qu’avoir de la sympathie pour ce type carré (au propre et au figuré) parce que quelques flash-back occasionnels sur son enfance éclairent sa personnalité et parce qu’il cogne les méchants et défend les plus faibles.
Au-delà d’un héros qui satisfera les attentes des lecteurs des romans, Reacher est surtout une bonne série. Huit épisodes d’une cinquantaine de minutes dessinent une histoire solide pleine de scènes marquantes, avec un trio de protagonistes (l’inspecteur Finlay et l’agent Roscoe sont d’excellents acolytes pour Reacher) qui séduit vite grâce à la complémentarité et à la dynamique qui s’instaure entre eux. Rapidement, la série impose son univers ; progressivement, elle nous plonge dans un thriller d’investigation. C’est aussi une série violente, certes parce que Reacher a le coup de poing facile mais aussi en raison de certaines scènes de meurtre macabres et graphiques qui ne dépareraient pas dans Esprits Criminels. Ici, l’action et le suspense, le ton pulp et le côté très classique de la réalisation se marient parfaitement pour nous offrir un excellent thriller policier.
Les événements dans lesquels Jack Reacher se retrouve impliqué permettent de construire une histoire dont tous les éléments éparpillés trouvent peu à peu leur place, avec des cliffhangers délicieusement calculés, jusqu’à ce que tous les morceaux du puzzle s’imbriquent dans le dernier épisode. Et ce, en dépit de certains arcs narratifs ou aspects du vaste complot qui se profile au fil des épisodes, qui sont faciles à anticiper. Il y a quelque chose d’étonnant dans la manière dont on se laisse emporter par la série, de telle sorte qu’on en vient à oublier les facilités narratives pour accorder toute notre attention à ce qui se passe, à chaque développement de l’enquête et à chaque indice, afin d’accompagner pas à pas les personnages et parvenir à la résolution de l’affaire en même temps que Reacher.
Sur le plan de l’histoire, la série s’appuie en effet sur des thèmes déjà traités à de multiples reprises – le microcosme de la petite ville, la corruption politique, les dissensions entre les enquêteurs, les enjeux économiques, les trafics, etc. Tous les ingrédients sont là et ils forment un ensemble plus que convaincant.En somme, dans une démarche tout à fait consciente, Reacher s’empare d’un style de narration et de mise en œuvre qui n’a rien de stupéfiant ni de renversant, mais elle est soignée, dynamique et redoutablement efficace. Bref, une bonne surprise à laquelle on ne s’attendait pas.
Avec cette adaptation en série, Reacher donne une nouvelle version du personnage et une nouvelle vie à une saga qui compte des millions de lecteurs à travers le monde. C’est une série certes classique, mais elle a une âme, avec son mélange de suspense et d’action, ses petites touches d’humour, son héros emblématique et son côté familier sans être suranné. Si vous connaissez déjà Jack Reacher et si vous l’aimez, la série ne vous décevra pas ; si ce n’est pas le cas mais que vous appréciez les bons thrillers policiers et les héros qui frappent l’imagination (et les méchants), vous ne trouverez pas mieux que Reacher en ce moment.
Reacher
8 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Amazon Prime.
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