The Responder nous immerge dans le stress, l’angoisse et les désillusions de son héros, un policier incarné par l’excellent Martin Freeman.
C’est quoi, The responder ? Chris Carson (Martin Freeman) est un officier de police, rétrogradé de son poste d’inspecteur suite à une affaire de corruption pour laquelle il fait l’objet d’une enquête. Avec sa coéquipière, la jeune et inexpérimentée Rachel Hargreaves (Adelayo Adedayo), il intervient quotidiennement lors des appels d’urgence et assure les patrouilles de nuit dans le centre de Liverpool. Son travail éprouvant exacerbe les difficultés de sa vie privée et met encore davantage en péril son mariage, qui ne tient qu’à un fil. Fragilisé et épuisé, Carson va perdre définitivement pied en se retrouvant impliqué dans une sordide histoire face à un dealer local.
Présentée lors de la dernière édition de Séries Mania, This is going to hurt mettait en lumière le quotidien d’un jeune médecin sous pression ; lors du même festival, le public a pu découvrir The responder qui, elle, se focalise sur la vie professionnelle éprouvante d’un policier britannique. Diffusée sur MyCanal, la série a été créée par Tony Schumacher, lui-même ancien policier qui a puisé dans sa propre expérience pour raconter cette histoire fictive. Si The responder ne s’écarte pas fondamentalement d’autres séries policières, elle porte toutefois un regard légèrement différent sur le parcours de son héros Chris Carson, interprété par un Martin Freeman brillant.
The Responder est un thriller policier, mais pas seulement. C’est aussi et surtout le récit de la descente aux enfers d’un homme incapable de supporter son travail au quotidien. En l’occurrence, Chris est un ancien inspecteur de la police de Liverpool, rétrogradé car sous le coup d’une enquête pour corruption. Avec une nouvelle recrue aussi idéaliste que inexpérimentée à ses côtés, il effectue désormais des patrouilles de nuit et répond aux appels radio du central. Chris ne se rend pas sur des scènes de meurtres brutales, son job consiste généralement à calmer les ivrognes, à intervenir lors de disputes entre voisins ou à s’introduire dans les maisons de personnes âgées dont les proches n’ont pas eu de nouvelles depuis longtemps.
C’est une routine, mais une routine qui prend des airs de supplices jusqu’au point de non retour – la proverbiale goutte d’eau. Et le vase déborde lorsque Chris décide de prendre sous sa protection une toxicomane, Casey (Emily Fairn), menacée par un dealer (Ian Hart) à qui elle a volé de la cocaïne. Chris est pris entre deux feux, entre cette jeune femme en danger et ce trafiquant qu’il connaît bien car il l’a déjà côtoyé…
Bien que la série parvienne à tenir en haleine avec ses rebondissements et révélations, on a parfois une sensation de déjà-vu, dans l’histoire qu’elle nous raconte : le flic au bout du rouleau, l’enquête pour corruption, la tentation de déroger à la loi pour obtenir des résultats, le dealer qui cherche à se venger du junkie qui l’a volé, la jeune recrue idéaliste, les liens parfois ambigus entre policiers et criminels… Un défaut toutefois largement compensé par l’ambiance immersive et prenante avec la crudité d’une approche parfois proche du documentaire, et par l’authenticité des expériences réelles de Schumacher qui transpirent clairement par moments. Et surtout, parce que l’intrigue criminelle est finalement moins importante que de savoir comment (et si) Chris sera capable d’encaisser les cinq nuits consécutives de patrouille que nous montrent les cinq épisodes.
On n’a pas attendu The responder pour prendre conscience du talent de Martin Freeman qui, au cours de sa carrière, a démontré plus d’une fois qu’il pouvait passer avec aisance de la comédie au drame. Mais la série en apporte une nouvelle preuve en reposant essentiellement sur les épaules de l’acteur. L’intrigue est racontée à travers le point de vue de son personnage et Freeman transmet parfaitement la fatigue physique et psychologique, le sentiment de tension continue, la frustration, l’impossibilité de mettre le travail à distance en rentrant à la maison.
Dès les premières scènes, il est évident que Chris est au bord de l’explosion, sans que nous sachions s’il va retourner sa colère et sa frustration contre les autres ou contre lui-même. Il est suivi par un psychologue de la police mais est incapable de lui parler de son stress et du traumatisme du passé qu’il refuse d’affronter, pas plus qu’il ne peut se résoudre à se confier à sa femme, parce qu’il ne veut pas l’accabler avec son mal-être. Le mec est brisé, qui enchaîne les mauvaises décisions dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée, dans une tentative désespérée de faire son job mais aussi de réparer le gâchis de sa propre vie.
Chris n’est pas un policier héroïque ; ce n’est pas non plus un anti-héros à la Vic Mackey de The Shield. En fait, il rappelle plutôt les personnages d’un certain Olivier Marchal et on l’imagine parfaitement dans un de ses films ou une de ses séries du genre Flics ou Braquo. Chris, c’est un flic « normal », qui veut faire ce qui est juste mais qui n’arrive pas à gérer l’impact psychologique de son travail. La violence qu’il côtoie chaque jour (ou chaque nuit), les gens qui lui crachent au visage parce qu’il est flic, l’acharnement d’un supérieur qui essaye de le pousser à la démission, ses problèmes financiers, sa situation familiale, son instabilité psychologique et les errements d’un système policier en manque de moyens et étouffé par la bureaucratie : autant d’éléments qui mettent toujours un peu plus à l’épreuve la stabilité mentale de Chris.
Si The Responder nous raconte une histoire finalement assez classique, elle construit son intrigue en s’appuyant sur le portrait fort et parfois même déchirant de son héros, servi par un Martin Freeman magistral. Au-delà du drame et du thriller, c’est une série coup de poing qui met en lumière les tensions éthiques, la violence et la pression psychologique constantes que vit le personnage de Chris et à travers lui qu’a connues Tony Schumacher, auteur de The responder et lui-même ancien policier.
The responder
5 épisodes de 60′ environ.
A partir du 9 Mai sur Canal Plus.
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