Justice 2.0 : des centres d’arnaques par téléphones en Inde ont fermé pendant quelques jours, effrayé par le Youtubeur américain Mark Rober.
Mark Rober, ex-ingénieur de la NASA aux 21,6 millions d’abonnés sur YouTube a dévoilé hier soir dans une vidéo un vaste système d’arnaques téléphoniques. C’est une véritable industrie de l’escroquerie, basée en Inde, qu’il évalue à plus de 20 milliards de dollars. Après avoir enquêté et infiltré les entreprises d’arnaques téléphoniques pendant plus d’un an et demi, il a décidé d’user de son génie pour réparer les torts commis à des millions d’anglophones.
Modus operandi de l’escroquerie par téléphone
Nous sommes en Inde, et plus précisément à Calcutta. A quelques kilomètres d’écart, trois entreprises semblent être de tout à fait banaux centres d’appels (ou call center en anglais) : Met Technologies, VRM Business Solutions et Ansh Info Solutions. Sites webs impeccable, locaux tout à fait commun dans des immeubles, aucun soucis de justice. Des entreprises derrière lesquels le mot “vente” signifie plutôt “arnaques” et où “client” équivaut à “victime”…
Car les milliers de salariés de ces établissements sont en réalité des arnaqueurs professionnels. Leur mode opératoire ? Vous envoyer un mail contenant une facture d’un compte que vous possédez très probablement : tantôt Amazon ou Disney+, tantôt votre banque ou le gouvernement. Et même si vous ne possédez pas de compte dans cette enseigne, le doute subsiste toujours.
En haut de cette facture : un numéro “gratuit” à appeler si vous souhaitez être remboursé dudit montant. Bien-sûr, vous appelez. C’est un agent très sympathique qui décroche et qui se lie avec vous très rapidement. Il a un léger accent indien, et vous entendez derrière lui les discussions téléphoniques de ses collègues. Pour être remboursé, c’est très simple vous assure-t-il, il suffit de remplir un formulaire dans lequel vous précisez le montant de l’erreur.
Malheureusement, à chaque fois au moment de remplir le formulaire, il y a une erreur : le “client” écrit un montant bien plus important. Bizarre, vous étiez pourtant sûrs d’avoir écrit 200$ et non pas 20 000$. Mais l’évidence est sous vos yeux, vous le voyez sur votre ordinateur : vous avez du faire une faute de frappe. En plus, la gentille personne au téléphone vous le montre sur votre compte en banque : c’est bien 20 000$ qui vous ont été remboursé ! Une seule solution pour que l’agent au bout du fil ne perde pas le boulot qui fait vivre sa famille : lui rembourser le trop-perçu en lui envoyant une enveloppe de cash.
L’industrie des arnaques par téléphone
Tout ça vous paraît bien trop évident ? Car oui, ce sont les salariés du centre d’appels qui manipulaient les chiffres que vous aperceviez sur votre écran. Mais pour 60 millions de personnes, déceler ce piège n’était pas si facile. Ce sont en majorité des personnes âgées que visent ces centres d’appels. 90% des victimes ont plus de 65 ans selon Mark Rober. Les appels sont majoritairement passés durant les journées de travail pour maximiser les chances de tomber sur des retraités.
Ces centres tournent 24 heures sur 24 afin de toucher des personnes partout dans le monde et de maximiser les chances d’arnaques. Au total, les profits de ces entreprises sont estimés à 64 548$ par jour en moyenne, soit 18 milliards de dollars par an.
Comment expliquer que ces entreprises fonctionnent encore alors qu’un simple Youtubeur a réussi a réunir beaucoup de preuves contre elles ? Premièrement, parce que les dirigeants de ces centres sont extrêmement riches, et que les autorités indiennes ont la réputation d’être facilement corruptibles. Au-delà de cela, ces centres d’appels ont une minorité d’agents qui effectuent de véritables missions légales, ce qui permet de couvrir le reste des activités la firme.
Bombes de paillettes
Mark Rober n’en est pas à son coup d’essai dans les pièges contre les malfaiteurs. L’ancien ingénieur de la NASA a plusieurs fois mis son génie au service de la “justice”. Et surtout du divertissement YouTubesque. Tout a commencé par une série de vidéos visant à punir les voleurs de colis Amazon, couramment déposés sur le porche des maisons américaines. Sa signature : piéger les voleurs de faux colis avec des bombes de paillettes. A chaque vidéo, sa bombe s’améliorait. Il a progressivement ajouté un “diffuseur de pets”, un enregistrement de police etc.
Cette fois, le YouTubeur est allé plus loin. Il a engagé dix détectives privés qui ont infiltré ces centres d’appels indiens pendant un an et demi. Il a aussi pu accéder aux enregistrements des caméras de surveillance. Apothéose du projet : les personnes infiltrées ont pu déposer dans un des locaux des bombes puantes, des cafards, un rat, une boîte de viagra au nom du patron… Si l’humour de ces actions a conquis ses abonnés, il n’en est pas de même pour les cadres arnaqueurs. Mark Rober et son équipe ont été menacés de mort à plusieurs reprises, car l’entreprise a cru avoir affaire au FBI. Tous les gros centres d’appels d’arnaques d’Inde ont même fermés pendant quelques jours. “Ces petits cafards ont empêché deux millions de dollars de passer de la poche de victimes à celles de ces salauds” jubile Mark Rober dans la vidéo.
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