Peaky Blinders créée par Steven Knight s’achève avec une excellente sixième saison – avant la conclusion définitive attendue sous forme de film.
C’est quoi, Peaky Blinders (Saison 6) ? Après l’échec de la tentative d’attentat contre le leader d’extrême-droite Oswald Mosley (Sam Claflin), les répercussions sont terribles pour Tommy Shelby (Cillian Murphy) : plusieurs de ses proches on été tués, dont la tante Polly (Helen McCrory). C’est un choc pour tous les membres de la famille, chacun sombrant à sa manière et se retrouvant confronté à ses propres démons. Et tandis que Tommy reprend ses activités criminelles et joue de son influence politique, sa situation et celle des Peaky Blinders sont plus précaires que jamais.
C’est avec cette sixième saison (disponible sur Netflix) que Peaky Blinders conclut le parcours de la famille Shelby. Une fin qui clôt de nombreux arcs narratifs…mais une fin qui n’en est pas tout à fait une puisqu’un film à venir mettra le véritable point final à l’histoire. Ce qui implique donc que cette ultime saison n’est pas aussi définitive que ce que l’on aurait pu croire.
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On retrouve notre héros exactement là où on l’avait laissé : pistolet sur la tempe, Tommy est sur le point de mettre fin à ses jours. Il renonce au dernier moment, mais c’est une douleur encore plus grande qui l’attend. Suite à l’attentat manqué contre Mosley, plusieurs membres de la famille ont été tués et, parmi eux, la tante Polly. Le choc est d’autant plus terrible que Michael le tient pour responsable et a juré de se venger. Et tandis que Arthur (Paul Anderson) sombre dans la drogue, Tommy tente de reprendre la situation en main. Profitant de la fin de la prohibition pour se livrer au trafic d’opium, fort de son influence politique en tant qu’élu au parlement, il entend diviser ses ennemis pour mieux les vaincre. Mais l’étau se resserre autour du clan Shelby…
Peaky Blinders s’est toujours distinguée par sa mise en scène, soignée et élégante. Cette saison ne fait pas exception, poussant même plus loin l’esthétisme : jeux de lumière et surtout d’obscurité, scènes aux airs de tableaux, multiples ralentis et bande-son anachronique pourtant parfaite avec Nick Cave, Thom Yorke ou Patti Smith par exemple. Et comme précédemment, l’écriture est brillante, entrelace événements historiques et fiction dans un récit prenant et sans temps mort, malgré le format des six épisodes de près d’une heure.
Logiquement, ces derniers épisodes résolvent les arcs narratifs ouverts auparavant. Comment la montée du fascisme affecte-t-elle la Shelby Company Limited ? Qu’adviendra-t-il après la tentative d’attentat manquée contre Mosley ? Comment la mort de Polly (consécutive à celle de l’actrice Helen McCrory, décédée d’un cancer) va-t-elle impacter les membres de la famille ? Autant de questions – et d’autres encore – auxquelles nous obtenons des réponses. Ce qui ne signifie pas que Tommy ne va pas être conforté à de nouvelles difficultés et de nouveaux ennemis – tant sur le plan de ses « affaires » que sur le plan politique, physique ou émotionnel.
La criminalité qui a permis à Tommy de bâtir son empire reste un pilier de l’organisation familiale et il va sans dire que le sang coule à flots. Cette fois, le projet de Tommy consiste à tirer profit des infrastructures liées à la prohibition pour, une fois celle-ci levée, transporter non plus de l’alcool mais de l’opium. Les épisodes sont remplis de scènes d’action et de violence, nous emmènent de l’Angleterre aux États-Unis en passant par Saint-Pierre et Miquelon.
Globalement, un espace est accordé à chaque personnage ou presque. Arthur se révèle toujours aussi implacable malgré son addiction ; Ada (Sophie Rundle) et Lizzie (Natasha O’Keeffe) reprennent les rênes lorsque la situation est hors de contrôle ; Michael (Finn Cole) et sa femme Gina (Ana Taylor-Joy) se retrouvent dans le camp adverse ; on recroise aussi l’inénarrable Alfie Solomon (Tom Hardy).
Cependant, Peaky Blinders se recentre essentiellement sur Tommy. Plus que jamais, il est au cœur de tout le récit et la série accorde dans la dernière ligne droite une place prépondérante aux drames personnels qu’il vit et à l’immense solitude qui l’accable. Le vide abyssal laissé par la mort de Polly, les conséquences des actions du passé, la sensation lancinante d’une malédiction pesant sur la famille, les tragédies familiales, l’instabilité psychologique…
Comme toujours, Cillian Murphy s’empare du rôle à bras-le-corps, plonge un peu plus dans les méandres et les zones d’ombre de ce personnage aussi charismatique que troublé. Ces épisodes s’attardent sur son état d’esprit et sur la confusion qui l’assaille, avec en particulier quelques scènes oniriques magnifiques et puissantes, où l’on partage l’égarement de notre héros. La première scène annonce clairement la couleur, lorsqu’on le retrouve errant dans la lande brumeuse, perdu entre réalité, visions et fantasmes mais aussi entre la nécessité d’aller de l’avant et les rituels perdus de la tradition familiale.
Le fait est que la sixième saison de Peaky Blinders est parsemée de fantômes et que tous nous ramènent à Tommy. Un homme qui a toujours été brisé, qui a connu le deuil, la trahison, l’abandon ; qui, à bien des égards, n’est pas revenu indemne des champs de bataille du nord de la France lors de la première guerre mondiale ; qui n’en a pas fini avec la douleur et la tragédie. Et les paroles de la chanson de Nick Cave qui sert de générique à la série semblent avoir été écrites pour Tommy. He’s a god, he’s a man, he’s a ghost… but hidden in his coat is a red right hand.
Avec un dernier épisode qui conclut l’essentiel des intrigues tout en laissant une porte grande ouverte, cette sixième saison marque certes la fin de Peaky Blinders – mais seulement telle que nous la connaissons. Et si l’on sait déjà qu’un film est en préparation, plusieurs spin-off seraient aussi envisagés. En attendant, il est temps de quitter la famille Shelby – en gardant à l’esprit que ce n’est qu’un au revoir.
Peaky Blinders
Saison 6 – 6 épisodes de 55′ environ.
Disponible sur Netflix.
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