C’est aujourd’hui que Joséphine Baker, célèbre danseuse, chanteuse et militante des années folles et de la seconde guerre mondiale, va faire son entrée au Panthéon. Qui était Joséphine Baker, la première star et icône internationale noire ?
Des États-Unis jusqu’en France
Joséphine Baker, d’origine espagnole, afro-américaine et amérindienne grandit dans la ségrégation raciale des États-Unis d’Amérique. Elle naît en 1906 à Saint-Louis, dans le Missouri et doit travailler en tant que domestique pour contribuer aux revenus de sa famille.
Elle est mariée une première fois à 13 ans puis après la fin de ce premier mariage, rejoint un trio d’artistes de rue appelé le Jones Family Band. Joséphine Baker voit grand et âgée d’à peine 16 ans quitte son second époux pour tenter sa chance à New York et se présenter au music-hall de Broadway. Remarquée par une productrice, elle part pour Paris où, à 19 ans elle devient la vedette de son propre spectacle.
Star montante de “La Revue nègre“
C’est le 2 octobre 1925 que Joséphine Baker fait ses débuts en France en passant en première partie dans “La Revue nègre” au Théâtre des Champs Élysées. Vêtue d’un simple pagne et de fausses bananes, elle danse le charleston devant un décor de savane et au rythme des tambours. On appellera cette représentation “La Danse Sauvage”.
C’est en devenant la meneuse des célèbres Folies Bergère en 1926 que cette dernière popularise sa “danse à la banane”. Les plumes autour de la taille sont désormais remplacées par une ceinture de bananes…
Ces danses et leur succès sont le reflet d’un fantasme colonial de la France à une époque où son empire colonial est célébré. Le fantasme de ces pays dits “sauvages” et “dominés” est cultivé à travers cette instrumentalisation de la femme noire comme un objet d’érotisme sauvage. Ce fût également le cas de La Vénus noire, Sarah Baartman, femme noire exhibée de son vivant et après sa mort pour son corps et en particulier sa protubérance fessière.
Joséphine Baker, la première icône noire
Joséphine Baker, avec ses spectacles, serait plus dans l’optique d’un “détournement” des stéréotypes sur les populations noires à travers son exubérance, se présentant ainsi comme un miroir d’une société profondément raciste. Malgré la controverse de son personnage sexualisé et instrumentalisé par le regard blanc et colonisateur, elle a su s’imposer comme la première star noire en France et même dans le monde.
Son ascension se poursuit à travers le prolongement de sa carrière dans la chanson, avec le titre inoubliable J’ai deux amours.
Elle devient rapidement une icône de mode et de cosmétique. Elle contribue même à populariser la coupe à la garçonne, qui devient la fameuse coupe de cheveux fulgurante des années 20. Surgit également la mode du teint hâlé avec la Bakeroil servant à bronzer la peau sans coups de soleil.
Elle popularise la culture noire en France en suscitant l’enthousiasme des Parisiens pour le Jazz et les musiques noires. Icône de beauté, elle devient la muse de nombreux artistes et est d’ailleurs évoquée dans les oeuvres de nombreuses plumes de l’époque : Fitzgerald, Colette ou Paul Morand, à qui elle inspire son roman Magie noire.
Résistante et militante
Ce qui fait la reconnaissance nationale de Joséphine Baker c’est avant tout son engagement militant. Résistante, elle travaille pour la France en tant qu’agent de renseignement en 1939. Elle fait passer des informations inscrites sur ses partitions de musique et devient sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l’armée de l’air française.
Elle sera plus tard décorée de de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance.
Elle est également une fervante militante des droits civils des afro-américains aux États-Unis. Elle assiste au célèbre discours de Martin Luther King en 1963 où il prononce ces mots marquants « I Have a Dream » et prend la parole à son tour.
Sixième femme et première femme noire au Panthéon
Joséphine Baker, est la sixième femme à faire son entrée au Panthéon après Simone Veil, en 2018. Elle est également la première femme noire à entrer dans l’histoire de la France.
Sa panthéonisation est soutenue à travers différentes pétitions depuis 2013. Symbole du stéréotype colonial et à la fois figure importante de l’affirmation de la femme noire dans l’espace public, c’est ce 30 novembre que Joséphine Baker entrera officiellement dans la mémoire officielle de la France.
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