Tokyo Vice nous plonge au cœur du crime organisé au Japon à travers le parcours d’un jeune journaliste.
C’est quoi, Tokyo Vice ? Dans les années 1990, Jake Adelstein (Ansel Elgort) est le premier Occidental embauché par le prestigieux journal Meicho Shimbun à Tokyo. Il découvre les bases du travail de reporter, l’exigence du milieu professionnel au Japon, écrit ses premiers articles et plonge dans l’envers du décor des quartiers chauds de la ville. Mais quand Adelstein enquête sur la mort d’un homme avec l’aide de l’inspecteur Hiroto Katagiri (Ken Watanabe), il se rapproche dangereusement du chef du gang yakuza le plus puissant du Japon…
En 1993, Jake Adelstein a 24 ans lorsque, ayant quitté son Missouri natal, il devient le premier – et seul – gaijin (étranger) reporter au Yomiuri Shimbun, le journal japonais le plus important du pays et le plus lu au monde. En tant que journaliste d’investigation, Adelstein commence à enquêter sur des faits divers et finit par s’intéresser d’un peu trop près aux affaires de la mafia japonaise. Et en particulier à celles du clan Yakuza le plus dangereux du pays, les Goto-gumi, dont le chef met sa tête à prix. C’est cette expérience qu’il a racontée dans le best-seller Tokyo Vice aujourd’hui adapté en série. Le résultat est disponible sur My Canal : ce sont huit épisodes haletants qui, malgré quelques défauts, nous immergent dans le journalisme d’investigation et dans le monde interlope du crime organisé au Japon.
Le premier épisode de Tokyo Vice s’ouvre sur un flash-forward. Attablé dans un restaurant face à un homme en costume, Adelstein allume une cigarette tout en réfléchissant à la « proposition » qui vient de lui être faite : s’il renonce à publier son article, les yakuzas l’épargneront, lui et sa famille. A partir de là, on revient en arrière pour suivre le parcours de Jake dans un récit linéaire, qui débute alors qu’il prépare l’examen d’entrée pour postuler en tant que journaliste dans un prestigieux quotidien tokyoïte.
On le suit alors pas à pas : ses débuts à la rédaction, sa découverte des codes de la société japonaise, ses premiers articles, la difficulté de trouver un informateur au sein de la police, son immersion dans les bas-fonds de la ville. Il rencontre notamment Hiroto Katagiri ( Ken Watanabe), un vieux flic désabusé ; Samantha (Rachel Keller), une américaine hôtesse dans un club ; ou encore Sato (Sho Kasamatsu) , un jeune yakuza.
Il comprend aussi l’ambiguïté de la relation entre la police et les gangs à l’époque : une sorte de modus vivendi qui arrange tout le monde. Comme l’explique un flic, “il n’y a pas de meurtre au Japon” – c’est-à-dire que même la police ferme les yeux sur les assassinats et règlements de compte du crime organisé, de sorte que les gangsters ont les mains libres et que les policiers sauvent la face. C’est justement cette trêve tacite que va mettre en péril le jeune journaliste lorsqu’il met au jour un vaste réseau d’extorsion orchestré par la mafia japonaise. Il ne le sait pas encore, mais il vient de se coller une cible dans le dos.
Réalisé par rien moins que Michael Mann, le premier épisode est prenant… mais pas du tout représentatif du reste de la série. Si le réalisateur de Heat fait un excellent travail en nous présentant Jake et ses débuts au Japon, c’est un épisode qui ressemble moins à un pilote de série qu’à un film, et qui se concentre tellement sur Adelstein et sur les effets de style qu’il en néglige les personnages secondaires et l’intrigue principale. Ensuite, en l’absence de Mann, la réalisation devient beaucoup plus classique voire lisse et convenue – mais ce que la série perd en style, elle le gagne du point de vue de l’ambiance et du scénario. Elle trouve son rythme, son atmosphère de polar noir et commence peu à peu à élargir sa vision non seulement aux autres protagonistes mais également à ce Tokyo interlope.
De la part d’une série américaine, c’est assez rare pour être souligné : la grande majorité des dialogues est en Japonais sous-titrés. A ce titre, on ne peut que saluer le travail de Ansel Elgort qui parle Japonais (et apparemment de façon parfaite) dans à peu près 80% des scènes. D’accord, son Jake Adelstein perd un peu du charisme du vrai journaliste, plus cynique dans le livre, mais il reste très convaincant dans la manière dont il perd peu à peu sa naïveté initiale, à mesure qu’il se fraye un chemin dans le monde du journalisme d’investigation et dans les bas-fonds tokyoïtes. Les autres acteurs sont tous très bons – en particulier Ken Watanabe, formidable en vieux flic blasé.
Le point fort de Tokyo Vice, c’est qu’elle possède une dimension immersive et hyperréaliste. La langue y participe, mais la série parvient aussi à nous entraîner dans les rues de Tokyo (où elle a été tournée) du centre touristique, dans les quartiers résidentiels, les points chauds de la vie nocturne, le QG des clans yakuza avec leurs rituels, les bureaux de la rédaction d’un journal… En arrière-plan se dessinent aussi de nombreux problèmes présents dans la société japonaise, à travers le regard occidental de Adelstein : racisme envers les citoyens d’origine coréenne, autoritarisme des entreprises, difficulté d’intégration des gaijin, séquelles de la crise économique du début des années 90, crise identitaire d’une société qui se cherche entre tradition et modernité.
Au final, Tokyo Vice n’évite pas certains faux-pas : un premier épisode en rupture avec le reste de la série, puis une réalisation un peu trop sage, quelques stéréotypes et facilités. Néanmoins, c’est un excellent polar noir qui nous entraîne dans le monde interlope des yakuzas et dans le travail d’un jeune journaliste d’investigation – une histoire d’autant plus forte que tirée de faits réels. Et on ne saurait trop vous conseiller d’approfondir la série en lisant le livre dont elle s’inspire, passionnante autobiographie / enquête du vrai Adelstein.
Tokyo Vice
8 épisodes de 50′ environ.
Le 15 Septembre sur Mycanal.
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