L’affaire Samuel Paty a secoué la France et le monde en 2020, laissant une marque indélébile dans l’histoire du pays. Le 16 octobre 2020, l’enseignant a été assassiné dans un acte de violence extrême, suscitant l’indignation et le deuil national.
Un professeur, un cours d’éducation civique et morale relatif à la liberté d’expression
L’assassinat de Samuel Paty remonte au 16 octobre 2020. Né le 18 septembre 1973, il est, au moment des faits, âgé de 47 ans, marié, père d’un enfant de cinq ans. Ce professeur enseigne l’histoire-géographie ainsi que l’éducation morale et civique. Il exerçait depuis trois ans au collège du Bois d’Aulne, situé à Conflans-Sainte-Honorine. Le lundi 5 octobre 2020, entre 10 h 30 et 11 h 30, Samuel Paty enseigne un cours d’éducation civique et morale à sa classe de quatrième 5, portant sur le thème de la liberté d’expression, comme prévu au programme officiel de l’Éducation nationale. Dans le cadre de ce cours, Samuel Paty montre des caricatures du prophète Mahomet. Ces dessins, initialement publiés dans le journal satirique français Charlie Hebdo, avaient déjà suscité une vive controverse. Samuel Party montre deux caricatures : la première Une de Charlie Hebdo après l’attentat du 7 janvier 2015 et un autre dessin montrant Mahomet nu avec le message « Une étoile est née », une caricature d’« un homme entièrement nu se prosternant, portant une barbe fournie et un bonnet blanc. Une grande étoile jaune à cinq branches cache l’anus du personnage et laisse apparaître une paire de testicules et un bout de phallus. En haut, le titre du dessin : Mahomet, une étoile est née ! En bas à droite, la signature de la dessinatrice Coco », selon la fiche explicative élaborée par l’association « Dessinez, Créez, Liberté » (DCL) fondée par Charlie Hebdo et SOS Racisme au lendemain des attentats de janvier 2015, afin d’offrir aux enseignants, en particulier, « des outils pédagogiques originaux ».
Avant de projeter les caricatures, il propose aux élèves qui pourraient être choqués par l’une d’entre elles de quitter temporairement la salle de classe pendant quelques minutes. Ces élèves sont invités à attendre dans le couloir, sous la supervision d’une accompagnatrice d’élèves en situation de handicap. L’accompagnatrice déclara :
« Aucun bruit pouvant témoigner d’une réaction à la vue de la caricature n’a été entendu depuis le couloir et aucun signe de tension n’était perceptible alors que les élèves étaient avec [moi] dans le couloir (…) Lorsque [les élèves] sont rentrés en classe, le cours a repris normalement. »
Certains parents d’élèves ont été profondément offensés par l’utilisation de ces caricatures en classe, estimant qu’elles étaient une atteinte à leur foi et à leurs valeurs. « Dès le 7 octobre, le père de l’une des élèves publiait sur son compte Facebook un récit des faits faisant état de la diffusion d’une image du prophète nu et un appel à la mobilisation contre l’enseignant en vue de son exclusion », indiquera le procureur général du parquet national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty. Vingt-quatre heures après sa première publication, ce même homme publiera sur Facebook une vidéo et un texte, en indiquant le nom de l’enseignant et l’adresse du collège.
L‘assassinat de Samuel Paty
Le 16 octobre 2020, vers 17 heures, à côté du collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, Samuel Paty est attaqué et décapité par Abdoullakh Abouyedovich Anzorov. Ce jeune homme est d’origine tchétchène. Né en 2002, Il est âgé de seulement 18 ans, et habite Évreux (Eure). Porteur d’un titre de séjour, il bénéficiait du statut de réfugié. Il était inconnu des services de renseignement. L’assaillant a été influencé par des idéologies extrémistes et a agi seul dans son acte violent. Après avoir commis le meurtre, il a été abattu par la police. Cela se passe rue Roger-Salengro, à Eragny. L’homme se montre menaçant avec les policiers. Il est armé d’un couteau et d’un pistolet à billes. Les policiers lui crieront à plusieurs reprises « Au sol, au sol ! », lui enjoindront « Jette ton arme ! », sans que celui-ci ne s’exécute. Au cri de « Allah Akbar », il se dirige vers les forces de l’ordre, qui l’abattent.
Le débat sur la liberté d’expression
L’affaire Paty a ravivé le débat sur la liberté d’expression en France et dans le monde. D’un côté, certains ont soutenu que la liberté d’expression devait être absolue, même si cela signifiait heurter des croyances religieuses. D’autres ont appelé à une plus grande sensibilité et au respect des convictions religieuses, soulignant que la liberté d’expression devait être exercée avec responsabilité. Le débat se cristallise donc autour de la liberté d’expression et de ses limites. En France, l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, vise « La libre communication des pensées et des opinions » en tant que « droit le plus précieux pour l’homme » : « tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ». La loi sur la liberté de la presse de 1881 contient cette liberté d’expression. Une liberté d’expression consacrée aussi par la Convention européenne des droits de l’homme : « Toute personne a droit à la liberté d’expression (…) » (art. 10). À cela s’ajoute le principe de laïcité en France : chacun est libre de croire ou de ne pas croire, chacun est libre de choisir sa religion. Ce débat continue de faire rage, mettant en évidence les tensions existantes entre la liberté d’expression et le respect des croyances religieuses.
La réponse des autorités françaises : réactions et hommage national
Face à cet acte de violence inqualifiable, les autorités françaises ont réagi rapidement et fermement. Le soir même, à l’Assemblée nationale, les députés, debout dans l’hémicycle, rendent hommage à Samuel Paty, avec ces quelques mots du président de séance, Hugues Renson (LREM) :
« Nous avons appris avec effroi l’abominable attentat qui s’est produit. Au nom de la représentation nationale, en notre nom à tous, je tiens à saluer la mémoire de la victime. »
Le président Emmanuel Macron a qualifié l’assassinat de Samuel Paty d’attaque terroriste islamiste et a promis de lutter contre l’extrémisme. Dès le soir de l’attentat, Emmanuel Macron se déplaçait devant le collège du Bois d’Aulne, en s’exprimant ainsi :
« Je veux dire ce soir à tous les enseignants de France que nous sommes avec eux, que la nation toute entière sera à leur côté, aujourd’hui et demain, pour les protéger, les défendre, leur permettre de faire leur métier qui est le plus beau qui soit : faire des citoyens libres. L’obscurantisme et la violence qui l’accompagne ne gagneront pas. Ils ne passeront pas ».
Le 21 octobre 2020, c’est un hommage national qui est rendu à Samuel Paty à la Sorbonne, avec un discours prononcé par Emmanuel Macron. Il aura ses premiers mots : « Ce soir je n’aurai pas de mots pour évoquer la lutte contre l’islamisme politique, radical, qui mène jusqu’au terrorisme. (…). Les actions, nous les avons décidées, nous les avons durcies, nous les mènerons jusqu’au bout. » Et le président d’affirmer :
« Samuel PATY est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d’enseigner, à être libres, car nous continuerons, professeur. »
Le fils de Samuel Paty obtiendra le statut de pupille de la Nation, ce qui avait été annoncé par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à l’Assemblée nationale, le 20 octobre 2020.
De nombreuses manifestations populaires sont organisées en mémoire de l’enseignant assassiné : des manifestations et des rassemblements qui ont lieu dans plusieurs villes pour rendre hommage à Samuel Paty et défendre la liberté d’expression. Des mesures ont été prises pour renforcer la sécurité dans les établissements scolaires et pour intensifier la surveillance des mouvements extrémistes. Cette affaire a également conduit à une réflexion plus large sur les questions d’intégration, de laïcité et de radicalisation en France.
Des répercussions mondiales
L’affaire Samuel Paty a suscité une onde de choc mondiale. De nombreux pays ont exprimé leur solidarité envers la France et condamné cet acte de violence.
Cet événement tragique a mis en lumière les défis de sécurité dans le système éducatif et a encouragé une réflexion plus profonde sur la manière de promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle. L’affaire Samuel Paty a été un événement marquant qui a eu un impact profond sur la société française et a suscité un débat mondial sur la liberté d’expression, la laïcité et la lutte contre l’extrémisme. En comprenant les origines du conflit, l’assassinat de Samuel Paty, le débat sur la liberté d’expression, la réponse des autorités françaises et les répercussions mondiales, on peut saisir l’ampleur et la complexité de cette affaire.
Par là on l’on voit qu’il est crucial de continuer à promouvoir des valeurs de respect, de dialogue et de tolérance pour éviter de tels actes de violence à l’avenir et pour construire une société fondée sur les principes de liberté et de coexistence pacifique…
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