À quelques jours du procès de Nordahl Lelandais dans l’affaire Maëlys, BFMTV s’est procuré les images de la reconstitution du meurtre de la fillette. Mais en fait, à quoi ça sert de reconstituer une scène de crime ?
En septembre 2018 se tenait la reconstitution judiciaire du meurtre de la petite Maëlys. Retrouvée morte après avoir subitement disparue lors d’un mariage en août 2017, les enquêteurs avaient souhaité établir les circonstances de son assassinat plus en détail, en présence du présumé coupable.
Si cet exercice s’avère beaucoup plus compliqué que l’on ne le pense, il aide toutefois la justice à connaître la “réelle vérité” ou, au moins, à établir des hypothèses.
L’utilité de la reconstitution d’un crime
Au sens propre, une reconstitution est définie comme “l’action de revenir sur les lieux d’un crime ou d’un délit avec le prévenu pour revoir les faits“. En réalité, elle est bien plus que cela. C’est notamment grâce à la reconstitution que les enquêteurs “lèvent des doutes sur des questions techniques“, raconte Serge Portelli, ancien magistrat et juge d’instruction, à 20 minutes. Ainsi, elle permet de retracer le crime ou le délit de manière précise afin de déterminer si les versions évoquées par les parties civiles, la victime et le présumé coupable sont probables.
Comment cela se déroule ?
La majorité du temps, une reconstitution se fait à la demande du juge d’instruction. Ce dernier, se basant sur les photographies prises par les forces de l’ordre, a le choix (ou pas) d’ordonner la mesure judiciaire.
Dans le cas où une reconstitution est souhaitée, de nombreux protocoles sont mis en place. Le quartier est bouclé par la police, des spécialistes sont présents sur place, les parties civiles et le(s) mis en examen également. Une fois tout le monde réuni, “l’idée est que chacun donne sa version de ce qui s’est passé”, raconte Me Alexandre GILLIOEN, avocat au barreau de Lyon. “Par exemple, si des personnes se sont introduites par la porte d’un garage dans une habitation la nuit, il faut qu’elles montrent au juge d’instruction par où et comment elles ont fait. Le greffier note alors toutes les indications données par les mis en examen“, poursuit-il.
Tous ces éléments recueillis pendant la reconstitution vont permettre aux différents partis (juge, avocat de la défense, parties civiles, victimes…) de légitimer les faits et de mieux comprendre les mécanismes de la scène.
Pourquoi il n’y en a pas dans toutes les affaires ?
Certains pourraient se poser la question : Pour quelles raisons n’y a-t-il de reconstitution pour chaque affaire ? Le premier élément de réponse est le prix. En effet, selon la complexité et l’ampleur de l’affaire, l’addition peut être très élevée. De plus, elle nécessite énormément de monde. Pour faire déplacer en toute sécurité les services spéciaux, le juge, les victimes (si elles sont toujours en vie), les parties civiles, le greffier, le(s) mis en examen et tous les autres, cela demande une organisation monstrueuse. Sans compter que les juges manquent “souvent de temps et de moyens pour les mettre en œuvre“.
L’ancien président de chambre à la cour d’appel de Versailles l’avoue à nos confrères : “C’est l’acte le plus difficile que j’ai rencontré dans ma carrière. Il faut être minutieux, très précis, préparer en amont la logistique, généralement colossale, et connaître le dossier sur le bout des doigts pour ne pas se perdre“.
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