Le débat du port de l’uniforme à l’école refait surface, la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier a notamment déposé un projet de loi, visant à « rendre obligatoire le port d’une tenue d’établissement scolaire »
Le 12 Janvier, au micro de France Inter, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy souhaitait proposer de nouveau cette loi d’uniforme obligatoire. Mais elle a été rejeté mi-décembre en commission à l’Assemblée nationale, malgré le soutien de la droite. Cette fois-ci c’est la sénatrice LR Céline Boulay-Espéronnier, qui souhaite trouver un consensus « face aux atteintes à la laïcité en milieu scolaire ». Mais un uniforme scolaire à quoi ça sert au juste ?
Les raisons du port de l’uniforme
Le port de l’uniforme est tout d’abord un enjeu social. Pourtant catégoriser à droite, l’uniforme favoriserait l’égalité entre les élèves en évitant les distinctions sociales liées à la marque des vêtements. C’est donc un moyen pour les élèves de faire corps, qu’il y ait une meilleure intégration et que tous les élèves soient fiers de porter les couleurs de leurs écoles. Il peut donc contribuer à l’esprit de groupe. Plus profondément, l’uniforme peut aider les élèves à se concentrer sur leur travail plutôt que sur leur apparence. C’est plus pratique et cela permet de se concentrer sur les études.
Deuxièmement l’uniforme est un enjeu sécuritaire. C’est d’ailleurs une des pierres angulaires du projet de loi de la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier, l’uniforme scolaire est garant ‘une sécurité plus accrue pour le corps éducatif. Il permet d’abord d’évacuer définitivement la question du port des signes ostensibles d’appartenance religieuse. Mais aussi de diminuer les chances de racket ou autres violences que pourraient susciter les signes d’appartenance ou de richesse. C’est donc dans un souci d’équité qu’il faudrait appréhender l’uniforme, et non pas d’uniformité.
Enfin l’uniforme est un enjeu disciplinaire, l’uniforme favorise un environnement d’apprentissage sérieux. Il rhyme avec tenue et rigueur, il permet de se préparer pour la vie professionnelle. Par l’instauration d’une règle qui s’applique à tous, il apprend aux enfants à respecter des normes afin de vivre en communauté. Il focalise l’attention de l’élève sur l’essentiel, c’est à dire le travail, le savoir vivre et l’être, plutôt que le paraitre. L’uniforme est donc indirectement garant de l’instauration d’une culture du respect et de la responsabilité.
Les pays où l’uniforme est roi
En Europe le port de l’uniforme n’est pas très populaire, sauf outre-manche. La France a abandonné l’uniforme obligatoire ou le port du tablier en 1968, tandis que l’Allemagne l’a fait disparaitre dans les années 1980-90, à cause du rapprochement trop évident avec les jeunesses hitlériennes. Ainsi c’est l’Angleterre qui est championne de l’uniforme dans les écoles. En Irlande, la plupart des écoles et des établissement secondaires ont adopté l’uniforme. En Grande Bretagne pas moins de 80% des élèves du primaire le portent en primaire, et 98% dans le secondaire.
Les britanniques sont d’ailleurs très satisfaits de cette tradition vieille de 400 ans. D’abord instauré dans les écoles pour les enfants défavorisés, l’uniforme s’est ensuite immiscé dans les pensionnats anglais les plus cotés. Il est donc aujourd’hui partagé par tous, le ministère de l’éducation anglais est assez strict quant au respect de son port, c’est cet uniforme qui a probablement participé au mythe du « chic anglais » connu de tous. Cette tradition est plus ou moins partagée aux États Unis ou en Australie et Nouvelle Zélande. C’est une tradition purement anglo-saxonne. Néanmoins le port de l’uniforme est très présent en Asie, au Japon, comme on peut le voir dans les mangas.
Un débat qui divise toujours
Enfin contrairement à ce qu’on pourrait penser, avant la blouse ou l’uniforme n’étaient pas obligatoire et n’était pas non plus un enjeu social, comme le rappelle l’historien Claude Lelièvre, spécialiste de l’éducation : « il y a eu dans des collèges ou des lycées, publics comme privés, une obligation d’en porter un. Mais c’était pour magnifier ces établissements, souvent huppés d’ailleurs, et non pas pour des raisons d’égalité ou d’identité nationale. »
Le ministre de l’éducation Pap N’Diaye, qui s’inscrit dans la culture woke, est formellement opposé à ce projet de loi, ce dernier a rappelé que « rien n’empêche aujourd’hui un établissement, y compris dans le public, d’imposer une tenue scolaire dans son règlement intérieur. Ça se fait en Outre-mer, par exemple ». De l’autre côté, Brigitte Macron a déclaré être favorable au « port de l’uniforme à l’école, mais avec une tenue simple et pas tristoune… ».
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