Julian Alaphilippe le reconnaît. Alors qu’il a décidé de quitter la Soudal-Quick Step pour rejoindre Tudor Pro Cycling, le puncheur tricolore avoue que le moment le plus difficile a été de prévenir les responsables de TotalEnergies, qui le courtisaient, qu’il avait fait un autre choix.
« Pour remonter un peu le fil, ça fait quelques années que je connais leur intérêt pour moi, explique Alaphilippe dans les colonnes de L’Equipe. C’était un peu l’année ou jamais pour que je les rejoigne, ils avaient vraiment beaucoup d’ambitions. Je savais qu’ils seraient déçus, après ils l’ont pris d’une manière très professionnelle. Ils m’ont compris. C’était dur parce que je sais qu’ils avaient vraiment envie que le projet aboutisse. »
Manager de la formation vendéenne, Jean-René Bernaudeau confirme. « Ça s’est joué à pas grand-chose, voilà. À la fin, il m’a dit que c’était vraiment pareil et qu’il avait choisi de suivre son instinct, raconte Bernaudeau, également dans L’Equipe. Il y a peut-être deux, trois choses qui ont fait la différence, mais il m’a parlé comme ça. Et franchement, il pleurait presque au téléphone, il disait que c’était une décision qui lui arrachait le coeur, que ce n’était pas évident entre nous deux (TotalEnergies et Tudor). Mais il connaît du monde là-bas. »
Sans Alaphilippe, TotalEnergies en danger pour le Tour
Pour TotalEnergies, cela tombe mal, car Alaphilippe était la principale cible de l’équipe sur le marché des transferts. Mais l’argent qui était prévu pour le double champion du monde ne sera pas réinvesti sur une autre « star », car ce n’est pas ce que souhaite Bernaudeau. « On n’ira pas chercher dans le fameux catalogue des agents, ce que j’adore, plaide « JR ». On va se concentrer sur des gens qui ont une bonne éducation. J’ai pris tellement de plaisir avec Jordan Jegat, avec Thomas Gachignard, on va gratter là-dessus, parce que parfois on s’ennuie un peu avec des gens qui n’ont pas notre culture. »
C’est pourtant un double coup dur, notamment dans l’optique des invitations pour le prochain Tour de France. TotalEnergies a marqué des points en remportant une superbe étape cette année avec Anthony Turgis, mais un nouveau concurrent de taille émerge avec Tudor… et donc Alaphilippe. « C’est vrai qu’on peut penser que pour le Tour, on est en danger, reconnaît Bernaudeau, qui ne considérait pas Alaphilippe comme un simple argument de vente en vue de la Grande Boucle. On ne voulait pas faire Julian pour le Tour, on voulait le faire pour faire grandir plein de jeunes, ça aurait fait un modèle pyramidal. »