Monument de l’horreur spatiale, Alien a eu droit à une adaptation rôlistique très cinématique éditée en France par Arkhane Asylum. Confronté aux monstres galactiques comme à ceux qui portent le masque de l’humanité, jusqu’où serez vous prêt à aller pour survivre ?
Alien le jeu de rôle : l’enfer est dans l’espace.
Dès les premières pages du livre de jeu d’Alien le jeu de rôle, l’ambiance est posée. En l’an 2180, les étoiles sont à portée de main depuis plus d’un siècle. La course aux ressources et à la suprématie génère des conflits entre les États. L’ultime frontière semble être la dernière limite de l’humanité, mais c’est encore et toujours la loi du plus fort qui prévaut puisqu’il n’existe que deux choses infinies : l’univers et la bêtise humaine. Dans cette version galactique du Far-West sur fond de guerre froide, les colons affluent vers une poudrière prête à sauter à tout moment. Ajoutons à cela des conditions de survie précaires, et bien sûr, l’influence feutrée de corporations gigantesques prêtes à tout pour assurer les bénéfices nets de leurs actionnaires… Jusqu’ici, tout va bien.
Qu’est ce qu’on joue dans le jeu de rôle Alien ?
Reste à choisir quel aspect de la vie à la Frontière vous intéresse. Votre alter-ego trouvera vie à partir des grands clichés de la franchise Alien. Vous voulez jouer un marine colonial désinvolte ? Un officier froid et autoritaire ? Un gamin débrouillard qui rampe dans les conduits pour fuir le danger ? À moins que vous ne préfériez un agent de la Weyland Yutani ambitieux ou un prolo rebelle et costaud ? Ce ne sont là que quelques uns des choix proposés par le jeu de rôle Alien parmi neuf Carrières facilement personnalisables. Bien sûr, les amateurs de machines psychotiques pourront aussi interpréter un androïde !
Un personnage se créé en une dizaine de minutes. Outre le choix d’un objectif personnel, d’un peu d’équipement et d’un objet fétiche (vital !) votre alter-ego se résume en quatre valeurs d’Attributs (Agilité, Empathie, Esprit, Force). Chaque Attribut est associé à trois Compétences génériques, soit douze Compétences en tout, permettant d’accomplir l’ensemble des actions du jeu. La Carrière du personnage est associée à un Attribut-Clef et à trois Compétences représentant les points forts du profil choisi. Un personnage a également accès à un Talent de Carrière au choix parmi trois à la création lui donnant des possibilités exclusives : un Marine pourra ainsi relâcher la pression et faire baisser le stress de l’équipe grâce à son Talent de “Déconnade”, surtout après que l’Officier l’ait envoyé au casse-pipe contre sa volonté avec son Talent “Jouer du Galon”. Il en aura bien besoin…
Dans le jeu de rôle Alien, votre meilleur ennemi est déjà avec vous.
Chacun peut se remémorer les moments de tension palpable entre les protagonistes dans les film de la saga. A contrario, certains personnages sont parfois prêts à se sacrifier pour un autre dans un élan d’altruisme héroïque. Le jeu reprend ce concept essentiel en incluant les relations entre personnages dans son système. Chaque personnage a un Camarade et un Rival parmi les autres membres de l’équipe. En plus de permettre de lier les protagonistes entre eux, cette mécanique est aussi utilisée pour déterminer les gains d’expérience ! Nuire à un Rival, ou préserver un Camarade confère de l’expérience supplémentaire. À noter que les relations entre personnages ne sont ni figées dans le marbre ni forcément réciproques. Le Rival d’hier peut très bien devenir le Camarade de demain, tout comme celui que vous même considérez comme un véritable frère pourrait bien préparer son prochain coup contre vous. Bonne ambiance !
Dans Alien le jeu de rôle vous êtes meilleur sous pression.
Comme on l’a vu, la vie à la Frontière ne vous fera pas de cadeau et les nerfs des protagonistes seront soumis à rude épreuve. C’est là qu’intervient tout le génie du système de jeu dont le stress est un élément central. Motorisé par le Year Zero Engine (YZE) de Fria Ligan (l’éditeur original du jeu) Alien le jeu de rôle inclut une variable dépendante de l’état de tension dans lequel se trouve le personnage.
Les actions du protagoniste s’effectuent en lançant autant de dés à six faces que le personnage possède de rangs dans la valeur d’Attribut et dans la Compétence associée. Il faut au moins un 6 pour réussir une action. Un test échoué peut être “forcé” une fois. En terme de mécanique, ça signifie qu’on relance le test auquel on ajoute un Dé de Stress. Concrètement, ça veut dire que pour chaque action, le personnage a deux chances de réussir, sachant qu’il a un dé supplémentaire lors de la deuxième tentative. Formidable, me direz vous ! Où est le piège ?
Mais parfois, ça passe ou ça casse.
La subtilité c’est que l’ajout de Dé de Stress représente aussi l’état de tension croissante du personnage. Ces dés s’ajoutent sur l’ensemble des actions tant que la jauge de Stress augmente et deviennent vite une véritable épée de Damoclès. Si l’un d’eux obtient un score de 1 (représenté par un Facehugger sur les dés de la gamme officielle) non seulement l’action peut échouer mais on effectue un tirage sur la Table de Panique. On lance alors un dé à six faces et on ajoute le résultat de ce dé au niveau de Stress actuel du personnage.
Au début, le personnage ne subira que peu de complications à cause du Stress, mais la Table de Panique prévoit des contrecoups de plus en plus extrêmes allant de la fuite éperdue jusqu’au hurlement de terreur primale qui fera aussi monter le Stress des compagnons (attention aux réactions en chaîne !) Une embuscade bien ficelée pourra ainsi tourner au fiasco dramatique si l’état de tension d’un membre de l’équipe le pousse à vider son chargeur sur tout ce qui bouge dans une frénésie psychotique !
La gestion du Stress est donc un enjeu important dans un groupe. Fort heureusement, les personnages disposent de Talents et de matériel (principalement des drogues, mais aussi, rappelez-vous, d’un objet fétiche !) pour réduire leur niveau de Stress. À noter qu’indépendamment des jets de dés “forcés”, le Stress peut aussi monter tout seul au gré des circonstances de l’aventure, ou des rencontres inattendues au détour d’un couloir sombre.
Et les Aliens dans tout ça ?
Vous pensiez qu’on allait oublier nos chers Xénomorphes dans le lot des tourments proposés par le jeu de rôle Alien ? Et bien vous allez être servi. Les ultimes prédateurs sont abondamment décrits à toutes les phases de leur développement et dans de multiples variantes. Leurs profils incluent leur stratégies, ainsi que leurs nombreuses façons de tuer et/ou de se reproduire. Autant dire que pour les personnages, les chances sont minces face à ces créatures furtives et létales. Les combats, déjà nerveux et rapidement mortels contre des antagonistes normaux, se transforment en véritables massacres face à ces créatures de l’espace. Les affrontements sont asymétriques. Les Aliens ne sont pas soumis au Stress et agissent plus vite et plus souvent que les protagonistes. Ces derniers n’ont que rarement l’initiative face aux monstres sauf s’ils ont été exceptionnellement prudents (et chanceux !) et qu’ils sont conscients que la mort rôde alentour.
Paniquez, vous êtes filmés !
Difficile de planifier une campagne au long cours avec ces adversaires emblématiques. Il est conseillé au meneur de les utiliser avec parcimonie. Sauf dans le mode Cinématique, une option de jeu mettant les Xénomorphes au cœur de l’intrigue. Des scénarios “one-shot” suivant cette démarche et permettant de plonger dans un aspect précis de la franchise sont proposés à la vente. Pour le moment, “Le Chariot des Dieux” et “Le Destructeur des Mondes” sont disponibles en prêts-à-jouer. Le premier de ces deux scénarios propose d’interpréter des transporteurs de l’espace et il est présenté dans un Kit de démarrage très complet qui contient tout ce qu’il faut pour apprendre à maîtriser le jeu, des dés et des aides de jeu réutilisables. Un élément de collection central pour tout fan de la saga.
Dans le mode Cinématique, l’idée est de se rapprocher de l’ambiance des films. Il y a beaucoup plus de personnages que de joueurs, chacun avec ses propres objectifs, naturellement pas toujours compatibles. Le taux de mortalité est élevé, les phases de temps morts réduites au minimum. Tout est pensé pour que les joueurs ressentent l’adrénaline d’une traque où ils sont les proies malheureuses sans subir la frustration de perdre un personnage auquel ils auraient eu le temps de s’attacher en mode Campagne. Perdre un personnage ne signifie pas être hors-jeu : le meneur donne au joueur la fiche et les objectifs d’un des survivants, et l’action continue de se dérouler à un rythme haletant.
Le temps et l’environnement comme ennemis invisibles.
Dans un survival horror de ce genre, l’hostilité du cadre ne doit pas être sous-estimée. Les personnages explorent vaisseaux fantômes ou astéroïdes errants zone après zone. Ont-ils pensé à vérifier leur paquetage de survie ? En plus des dangers de l’exploration spatiale (radiations, infections exotiques…) la gestion des ressources (Air, Eau, Énergie et Nourriture) est un élément de jeu à part entière. Les joueurs doivent faire attention à leurs jauges pendant les phases d’exploration. Le système fait à nouveau intervenir les dés. Utiliser du matériel électrique, c’est lancer autant de dés qu’il y a dans votre jauge d’Énergie. Sur un 1, la jauge baisse, mais avez vous vraiment envie de vous passer de votre détecteur de mouvements ? De la même façon, fournir un effort soutenu (comme courir à en perdre haleine) videra votre jauge d’Air… Rappelez vous que si elle est vide, personne ne vous entendra crier.
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Ce qu’on aime dans le jeu de rôle Alien.
- Une patte graphique “rétro” et sombre qui nous plonge dans l’ambiance de la saga.
- Des personnages clichés, rapides à créer.
- Un système dynamique et à double-tranchant avec la gestion du stress.
- Beaucoup de matos inclus avec les scénarios pour une immersion totale.
Ce qu’on aurait aimé en plus dans le jeu de rôle Alien.
- Des supports visuels génériques pour les phases d’exploration qui nécessitent des cartes.
- Plus de précisions sur certaines personnalités phares ou entités politiques de l’univers de jeu.
- Le “Kit de Démarrage” renvoie trop souvent au “Jeu de Base”, on aurait aimé un Kit plus auto suffisant.
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