Renouveau du cinéma italien depuis la fin des années 1960, le “giallo” est un genre cinématographique mêlant les genre policier, le cinéma d’horreur et l’érotisme qui a connu son âge d’or entre les années 1960 et les années 1980. Aujourd’hui encore, on en trouve dans le cinéma moderne sous forme d’hommage.
Le “giallo”, une petite révolution cinématographique
Giallo est le nom utilisé en Italie pour désigner, de manière générale, le roman policier, ou plus largement le genre policier : c’est hors d’Italie que ce nom est utilisé pour désigner, de manière plus précise, les films d’angoisse ou thrillers italiens. Le terme giallo renvoie à la couleur jaune utilisée de manière distinctive sur les couvertures de romans policiers italiens à partir des années 1920.
Le giallo nait officiellement en 1963 à travers le film La fille qui en savait trop de Mario Bava, avec Valentina Cortese, John Saxon et Letícia Román. Ce film, à la fois macabre et ironique, raconte l’histoire d’un personnage tordu qui sème la terreur et la mort dans les rues de Rome. Cette œuvre est considérée comme fondatrice du giallo à l’italienne et a ouvert la voie à d’autres réalisateurs. Mais c’est en 1964, avec Six femmes pour l’assassin, toujours réalisé par Bava, que les caractéristiques du genre s’établissent réellement avec une multiplication de plans subjectifs du tueur, une recherche de scènes de crime diversifiées à la fois élaborées et sanglantes, une musique marquante et un soupçon de nudité. Tels sont les ingrédients qui seront systématiquement repris dans des dizaines de films ultérieurs.
L’apparition du “giallo” érotique
Entre la fin des années 1960 et le début des années 1970, un nouveau sous-genre apparait, le “giallo érotique”, dans lequel on accorde une plus grande attention aux aspects sexuels de l’histoire, avec notamment le film “thriller des beaux quartiers” réalisé par Umberto Lenzi; réalisateur qui signera également la trilogie Une folle envie d’aimer (1969), Si douces, si perverses (1969) et Formule 1 (1970), dans lesquels se mêlent érotisme et psychologie. Un autre réalisateur connu dans ce genre est Sergio Martino avec les films L’Étrange Vice de madame Wardh (1971), Toutes les couleurs du vice (1972) et Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé (1972).
L’apogée du “giallo”
Le genre connaît son apogée dans les années 1970 alors que la situation politique italienne est chamboulée. Le “giallo” devient alors un moyen de dénonciation sociale et politique contre la corruption, la crise des institutions ou l’inefficacité de la justice. Ces années marquent un tournant pour le “giallo” notamment grâce à la trilogie de Dario Argento : L’Oiseau au plumage de cristal, Le Chat à neuf queues et Quatre mouches de velours gris. En modernisant sa technique et le style de Mario Bava, le réalisateur a connu un énorme succès. L’accent est mis sur la mise en scène élaborée des crimes, avec un recours plus important aux effets spéciaux. Avec ces nouvelles méthodes, Dario Argento redynamise le genre.
Le “giallo” devient alors de plus en plus violent et érotique et s’attache surtout à la description du meurtrier, ne se limitant pas à son apparence extérieure, mais s’attardant surtout à son comportement et ses actions. L’intention était de faire participer le spectateur d’une certaine manière au crime, à travers les yeux du meurtrier lui-même. Le meurtrier était généralement dépeint comme un psychopathe et les protagonistes, des gens ordinaires, pris dans les événements par hasard. Après la trilogie du réalisateur italien, bon nombre de films vont multiplier les allusions aux animaux dans leurs titres, comme La Tarentule au ventre noir, La Queue du Scorpion ou Un papillon aux ailes ensanglantées entre autres.
Des hommages dans le cinéma moderne
Bien que le genre se soit essoufflé dans les années 1990 et qu’il ait compté peu de films dans les années 2000, il continue d’être produit, notamment par Dario Argento. Ce dernier a sorti en 2009 un film intitulé Giallo, un hommage à sa longue carrière dans le genre. En France, les co-réalisateurs Hélène Cattet et Bruno Forzani ont réalisé en 2012 Amer, un film conçu en hommage au “giallo”. Un autre exemple plus récent serait la série Les papillons noirs d’Olivier Abbou et Bruno Merle. Les papillons noirs, c’est l’histoire d’Adrien, 40 ans, romancier tourmenté qui écrit en attendant l’inspiration la vie d’illustres inconnus. Un vieil homme l’embauche pour lui raconter sa plus grande histoire d’amour : Solange, l’histoire d’une vie. La série Les papillons noirs est a retrouvé sur Arte à partir du 22 septembre.
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