Cinq fois lauréat du Tour de France, Bernard Hinault a remporté sa dernière Grande Boucle en 1985. Une victoire qui reste à ce jour la dernière d’un coureur français sur la reine des courses cyclistes. L’été prochain, cela fera donc 40 ans que la France n’a pu célébrer sur les Champs-Elysées l’un de ses héros. Une attente interminable qui mine « le Blaireau » en personne.
« Quand je me suis arrêté, tout le monde a vu en Jean-François Bernard mon successeur. Il n’est pas passé loin en 1987. Mais je vous promets que je n’ai toujours attendu qu’une seule chose: un Français qui gagne ! Que ce soit Jalabert, Virenque ou Pinot, j’aurais été très satisfait », souffle le Breton bientôt âgé de 70 ans dans un entretien accordé au Parisien.
Pas de successeur en vue
Sincère, Bernard Hinault ne cache pas sa tristesse face à tant d’échecs tricolores. « Je suis tellement malheureux d’attendre depuis quarante ans. Qu’on n’ait pas été capable de dénicher ou de bien faire progresser un grand talent m’énerve encore aujourd’hui. Je sais déjà que l’an prochain, je vais passer un paquet de temps à parler de ces quarante ans de vide. Il ne faudra pas trop m’emmerder avec ça ! »
Et d’enchaîner sur le fameux héritier qui ne vient jamais: « Arrêtez avec la question du successeur. Si je faisais venir tous ceux qu’on a annoncés comme le nouvel Hinault, je devrais louer une très grande salle. Aujourd’hui, je n’en vois pas un. Il faudrait un mec qui, à 18 ans, soit déjà avec les cadors. On n’a pas encore cela. Paul Seixas (le tout frais champion du monde du contre-la-montre juniors, ndlr) ? Surtout, foutez-lui la paix. On gonfle trop la tête de certains gamins avant qu’ils soient vraiment bons. »