C’est une décision lourde de conséquences mettant fin à une bataille que menait Franck Bonnamour (29 ans) depuis plusieurs mois. En effet, le 5 février dernier, l’Union Cycliste Internationale (UCI) a envoyé un courrier au coureur de Decathlon AG2R La Mondiale pour lui notifier sa suspension provisoire pour des anomalies inexpliquées dans son passeport biologique. Depuis, le Breton conduisait une bataille sur tous les fronts pour prouver son innocence. Mais celle-ci a un coût. Selon Ouest-France, le Costarmoricain a déjà déboursé plusieurs milliers d’euros en honoraires d’avocats et rémunération d’experts sans avoir aucune garantie en retour. Dans un entretien accordé au quotidien du grand Ouest, Franck Bonnamour a annoncé qu’il arrêtait de se battre, acceptait la sanction de l’UCI et surtout, qu’il mettait un terme à sa carrière.
« C’est trop coûteux en termes financiers, j’arrête, lâche l’ancien champion d’Europe juniors 2013. Il fallait engager une procédure devant le tribunal de l’UCI, avant d’aller devant le Tribunal arbitral du sport. En cas de succès, l’UCI aurait fait appel, ce qui aurait repoussé les délais, d’un an et demi, et donc élevé les coûts. Je ne peux pas me permettre de tout perdre et ça bloque financièrement. »
Bonnamour : « J’ai peur de l’avenir »
Las de toute cette bataille qu’il menait avec une volonté farouche de laver son honneur et surtout, de prouver son innocence, le vainqueur de la Polynormande en 2022 s’est évertué par tous les moyens avant d’y renoncer pour ne pas sombrer. « On avait trouvé un expert en biologie, 4 000 € pour qu’il réalise son étude, reprend Bonnamour toujours pour Ouest-France. Il a effectué une pré-analyse qui expliquait bien qu’il y avait une possibilité de défense. Il pouvait expliquer mes variations et mon profil atypique. Avant de signer son rapport, il nous a contactés avec mon avocat nous disant qu’il n’irait pas plus loin car certaines de ses recherches sont financées par l’Agence mondiale antidopage… Il nous a lâchés. C’est difficile depuis six mois, je n’avais pas envie que ça dure deux ans, trois ans comme ça. Ma priorité, c’est garder un équilibre familial. »
Comme le souligne « OF », l’avocat de Franck Bonnamour discute actuellement pour diminuer la durée de la sanction ainsi que le montant de l’amende. Mais la décision de raccrocher le vélo, elle, est irrévocable. « Ma carrière est terminée, soupire le Breton. Je suis passé par tous les états. Moralement, il y a des moments difficiles, je suis soutenu par ma famille et je suis aussi suivi psychologiquement. J’ai peur de l’avenir. Je sais ce que j’ai fait, ce que je n’ai pas fait. » Le coureur a néanmoins un dernier combat à mener contre Decathlon AG2R qui l’a licencié en mars pour « défaut de loyauté ». Le Costarmoricain poursuit son ancienne équipe devant le Conseil des prud’hommes pour licenciement abusif puisqu’il avait prévenu sa formation de sa suspension provisoire à ce moment-là.