À Paris, dans la nuit de mercredi à jeudi, des messages ont été collés sur les vélib, par un collectif militant, afin d’exprimer leur opposition à l’avortement.
Dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mai, à Paris, des autocollants arborant des messages anti-avortement ont été collés à l’arrière des Vélib par a un collectif militant « Les Survivants », opposé à l’avortement. Les autocollants en question arborent la phrase troublante « Et si vous l’aviez laissé vivre ? », accompagnée d’un graphisme représentant un fœtus en développement, se transformant ensuite en un bébé puis en un cycliste. Ces autocollants ont été placés spécifiquement à l’arrière des vélos, les rendant visibles aux passants ainsi qu’aux usagers des Vélib’.
Et dans un communiqué intitulé « Pourquoi cette opération ? », mis en ligne dès le mercredi 24 mai, le collectif « Les Survivants » a expliqué sur son site : « Souvenez-vous de la première fois où -le cœur battant, la boule au ventre- il nous a fallu décoller nos petits pieds d’enfant du sol, pour amorcer notre premier tour de pédale, puis le second, pour enfin gagner assez de vitesse en gardant l’équilibre : vous qui prenez ce Velib’, ne vous souvenez-vous pas de toutes ces fois où, comme l’enfant qui apprend à faire du vélo, vous avez osé l’aventure ? ». Et d’ajouter également : « À l’heure où une proposition de loi vise à inscrire l’avortement dans la Constitution, les Survivants ont décidé d’agir au nom de tous ceux qui nous manquent. Nous ne tolérerons pas une norme suprême dichotomique où l’avortement, au même titre que le droit à la Vie deviendrait un droit fondamental. »
La réaction ne s’est pas fait attendre. Sylvain Raifaud, président du Syndicat Autolib Vélib Métropole (SAVM), prestataire de Vélib’, a vivement condamné cette action. Sur Twitter, le 25 mai, il a publiquement annoncé son intention de porter plainte contre les individus ou le collectif responsable de cette opération : « Le SAVM et Vélib’ Métropole engageront toute action nécessaire auprès de la justice. Compte tenu du nombre de vélos et de leur circulation, nous invitons la communauté des usagers qui le souhaitent à retirer les autocollants qu’ils trouveraient sur leur vélo. »
En France, l’interruption volontaire de grossesse est légale et encadrée par la loi du 17 janvier 1975, dite loi Veil (préparée par Simone Veil, alors ministre de la santé). Cependant, des groupes opposés à l’avortement continuent de militer contre cette pratique. L’utilisation d’autocollants sur les Vélib’ a suscité l’indignation de nombreux défenseurs des droits des femmes comme le Planning Familial qui a tweeté :
« Nous sommes choqué.e.s et en même temps pas surpris.e.s dans un contexte de paroles conservatrices et d’extrême droite ».
La sénatrice écologiste Mélanie Vogel a également réagi, interpellant le président : « Alors que nous subissons une nouvelle campagne anti-IVG à Paris, placardée illégalement sur des vélib, OÙ EN EST LA CONSTITUTIONNALISATION DE L’IVG ? »
Pour la maire de Paris, Anne Hidalgo, cette action est « une honte pour notre République, pour Paris et ses valeurs ».
Rappelons qu’en France, l’heure est à la question de l’inscription du droit à l’avortement dans notre Constitution. Une proposition de loi en ce sens a déjà été adoptée à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, ce dernier retenant la « liberté » de la femme de recourir à l’avortement le 1er février 2023. Le 8 mars dernier, lors de l’hommage national qui avait était rendu à l’avocate Gisèle Halimi, combattante pour le droit à l’avortement, le président de la République Emmanuel Macron annonçait un projet de loi « préparé dans les prochains mois », avec pour objectif « de graver » dans la Constitution « la liberté des femmes à recourir à l’interruption volontaire de grossesse ». Une volonté qui va au-delà de la France, puisque rappelons également que le 7 juillet 2022, ce sont les députés européens qui se sont prononcés en faveur de de l’inscription du droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Ce qui avait été exprimé par Emmanuel Macron, dès le mercredi 19 janvier 2022, alors que la France présidait le Conseil des ministres de l’Union :
« Je souhaite que nous puissions actualiser la Charte des droits fondamentaux [de l’Union européenne], notamment pour être plus explicites sur (…) la reconnaissance du droit à l’avortement ».
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