Retour sur les 80 ans d’une bataille mythique que Poutine utilise comme nouvel outil de propagande pour la guerre en Ukraine
Entre juillet 1942 et février 1943 a eu lieu la bataille de Stalingrad. Ce moment décisif de la Seconde guerre mondiale a été le théâtre de six mois de combats acharnés. 16 fois les Allemands ont attaqué, 16 fois les Russes les ont repoussés. 2 millions de morts au total. Première défaite significative de l’armée allemande dans ce conflit d’ampleur mondial. Pour cette commémoration, un nouveau buste de Staline a été inauguré, aux côtés de ceux de deux héros militaires de cette guerre : Gueorgui Joukov et Alexandre Vassilievski. Cette cérémonie souligne le caractère patriotique que le président russe détient à l’égard de Joseph Staline, n’hésitant pas à faire un parallèle avec la guerre en Ukraine afin de « démilitariser » et « dénazifier » ce pays voisin. Poutine cherche ainsi à inscrire son offensive en Ukraine dans la même lignée que la victoire contre l’Allemagne nazie en 1943, comme s’il s’agissait du même combat.
« Le souvenir de cette bataille prépare l’opinion à une guerre difficile, inscrite dans la durée. »
Emilia Koustova, chercheuse en civilisation russe à l’université de Strasbourg à France info.
En référence au conflit ukrainien.
Une des batailles les plus sanglantes de l’histoire
Les combats ont été particulièrement sanglants et intenses, avec des destructions massives et des pertes en vies humaines énormes des deux côtés : 800 000 côté russe et 400 000 soldats dans l’armée allemande. Les conditions hivernales difficiles ont également rendu les opérations militaires plus difficiles pour les deux armées. Les deux régimes autocratiques, l’Union soviétique et l’Allemagne se sont livrés une guerre totale, mobilisant toutes les ressources économiques, sociales et politiques du pays pour faire front.
De plus, ces deux régimes ne respectaient pas les conventions de Genève, qui permettaient d’imposer des limites à la barbarie de la guerre (4000 à 9000 victimes par jour). C’était donc un conflit extrêmement éprouvant pour les deux armées, au sein d’une ville qui fut bombardée sans relâche et complètement détruite par la suite. La bataille de Stalingrad a également été marquée par des actes héroïques et des sacrifices surhumains des soldats des deux côtés qui ont marqué à jamais la mémoire des deux peuples.
Stalingrad : l’enjeu stratégique du front de l’est
Rebaptisée Volgograd en 1961, Stalingrad était un enjeu stratégique majeur, car cette ville était un important centre industriel et de communication en Russie. On y fabrique entres autres des armes et des chars militaires. De plus, la ville contrôle les gisements pétroliers du Caucase, cela en fait un endroit extrêmement utile pour utiliser et acheminer les ressources premières nécessaires à l’effort de guerre. La ville étant située sur les rives de la rivière Volga, elle était un moyen vital pour transporter ces ressources ainsi que des ressources humaines pour l’Armée rouge. Elle était un carrefour ferroviaire et fluvial central.
De plus, Stalingrad était un enjeu éminemment stratégique car la ville faisait le lien Est-Ouest, elle se trouvait sur les voies de communication importantes reliant la Russie à l’ouest. Au-delà de tous ces paramètres économiques, géographiques et politiques, la prise de Stalingrad incarnait un symbole : l’aboutissement de l’offensive nazie, qui fut pourtant déjouée par l’armée Rouge. L’enjeu stratégique de la bataille de Stalingrad tient aussi du fait que sa victoire symbolisait beaucoup pour les soldats des deux camps, qui se sont battus avec tant d’ardeur pendant 200 jours, jour et nuit.
Point de bascule de la seconde guerre mondiale
Après des mois de lutte, le 2 février 1943, les troupes du maréchal allemand Friedrich Paulus capitulent, car elle se retrouvent totalement encerclées par l’Armée rouge. Cette bataille marque le début de la contre-offensive de l’armée de Staline vers l’Allemagne. L’armée rouge qui avait pourtant perdu toutes ses batailles précédentes est parvenue à contrer l’armée d’Hitler. L’issue de ce combat a été un vrai point de bascule car peu à peu, la plupart des pays de l’Axe ont commencé à se désengager de l’Allemagne nazie. De plus la victoire de l’armée rouge a considérablement remonté le moral des troupes, diminué les effectifs du Reich, et finalement conduit à la libération de l’Europe de l’Est de l’occupation allemande.
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