Depuis des décennies, la ville de Marseille est étroitement liée à l’histoire de la French Connection, l’un des réseaux de trafic de drogue les plus célèbres et notoires du monde.
La French connection ? Mais de quoi s’agit-il exactement ? La French connection (filière française), parfois appeléeCorsica connection (pour filière Corse), désigne l’ensemble des acteurs qui prennent part à l’exportation d’héroïne aux États-Unis depuis la France, avec des réseaux implantés essentiellement à Marseille ou à Paris. Un trafic qui touche donc Marseille en particulier, et ce, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale : la cité phocéenne apparaît alors comme la première filière mondiale de fabrication et de trafic d’héroïne.
Même si la French Connection est une expression souvent associée à Marseille, considérée comme l’un des principaux centres de cette organisation criminelle, elle a connu des implications plus larges. Car, au départ, dans les années 1960 et 1970, la French Connection était bien un réseau criminel international spécialisé dans le trafic d’héroïne, opérant principalement entre la France, les États-Unis et le Canada.Des trafiquants français, en collaboration avec des partenaires étrangers, contrôlaient un vaste réseau d’importation et de distribution de drogue, principalement de l’héroïne, vers les États-Unis. La morphine était importée de Turquie, de la Syrie, de la péninsule indochinoise, et d’autres pays producteurs, vers la France, pour être transformée en héroïne dans des laboratoires dans le sud de la France (pour l’essentiel), puis expédiée clandestinement vers les États-Unis ou le Canada.
TF1 vient de diffuser une enquête sur cette French connection et ce trafic de drogue, fléau que subit Marseille depuis plus de cinquante ans (diffusion dans Grands reportages le dimanche 14 mai dernier). On y retrouve notamment Émile Diaz, dit Milou, né à Marseille en 1943, une figure du grand banditisme, « un des derniers piliers de la French connection ». Son épouse s’était d’ailleurs exprimée sur Radiofrance le 11 octobre 2022, sur un sujet consacré précisément aux Femmes de truand, une vie à l’ombre :
« Il était dans une famille de voyous, des oncles voyous dont deux ont été tués dans un règlement de comptes. Je pense qu’il a commencé très tôt à faire des petits cambriolages, des petites choses. Et ça a monté d’un cran, jusqu’à ce qu’il fasse partie des truands de Marseille de la French Connection ».
Plus tard, Émile Diaz aura fait le choix de raconter cette French connection, dans son autobiographie Truand, mes 50 ans dans le milieu Corso-Marseillais, écrit avec Thierry Colombié (éd. Robert Laffont, 2015).
Dans les années 1960 et 1970 où Marseille est la plaque tournante du trafic de drogue, on assiste à de nombreux règlements de compte dans le milieu. Parmi les figures de la French connection, on trouve aussi des noms tels que Gaëtan Zampa, Auguste Ricord, Jean-Claude Kella, Jean-Paul Angelleti, Salvatore Greco, … En 1970, le trafic de la French Connection était estimé entre 40 et 44 tonnes par an. Il était extrêmement lucratif et a été responsable de l’essor de la criminalité organisée à Marseille, avec des conséquences sociales et économiques significatives pour la ville.
La French Connection a été démantelée au milieu des années 1970 grâce à une coopération internationale entre les services de police et les agences gouvernementales. Notamment, ce sont les trois principales équipes de chimistes qui alimentaient le marché (celles de Marius Pastre, de Jo Cesari et des Frères Long) qui ont été démantelées. Et en 1973, ce fut l’arrestation de la « tête de réseau », Jean-Baptiste Croce, et de ses associés Joseph Mari, dit Zé le Frisé, et Étienne Mosca. Mais depuis lors, les termes French Connection restent toujours utiliséspour faire référence à la période où Marseille était le centre d’un important réseau de trafic de drogue, ainsi qu’à la criminalité organisée associée à cette époque. Plus généralement, Ils peuvent également être utilisés pour désigner des connexions ou des liens entre des individus ou des organisations françaises impliqués dans des activités illicites.
Même si cette French connection est aujourd’hui démantelée,nos confrères de TF1 révèlent dans leur enquête, que la cité phocéenne est toujours aujourd’hui gangrénée par le commerce de stupéfiants : 130 points de deal sont recensés dans la ville. Et en novembre 2022, Émile Diaz, invité sur le plateau de BFM Marseille expliquait aller à la rencontre des jeunes à Marseille pour les mettre en garde, eux qui ont « la culture de la violence » soulignait-il alors. Et d’ajouter « Ils foncent, ils vont droit dans le mur (…). C’est une génération qui est complétement anéantie, complétement perdue ».
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