La police des moeurs en vigueur depuis 2006, qui contrôlait l’habit des femmes, a été abolie ce week-end par le procureur Mohammad Jafar Montazeri
La police des moeurs
Ce weekend, le procureur général Mohammad Jafar Montazeri a annoncé l’abolition de la police des moeurs, un corps de police très redouté créé en 2006 sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) pour « répandre la culture de la décence et du hijab ». Cette police des moeurs a pour but de contrôler l’habit des femmes : pas de jupes, de pantalons moulants ou de couleurs trop vives, de maquillage ou de cheveux découverts. Ces brigades qui ont carte blanche, ont pour mission de faire respecter la décence vestimentaire des femmes telle qu’elle est décrite dans le coran. Les punitions vont d’un simple document à signer jusqu’au passage à tabac, c’est ce qui est arrivé à Masha Amini le 16 septembre dernier. La jeune femme en est morte. Cette police d’Etat l’avait frappé si fort, à cause de son voile mal mis, qu’elle a succombé à ses blessures.
Une abolition douteuse
Ce week end le procureur général a abolit cette fameuse « police des moeurs » qui créait l’indignation générale. Néanmoins, l’information n’a pas été confirmée par le services des relations publiques de la police. Concernant la nouvelle, la presse conservatrice a totalement ignoré cette nouvelle, seuls quatre quotidiens réformateurs ont partagé la nouvelle. Le quotidien réformateur Arman Melli a fait part de ses doutes quant à cette nouvelle, il a titré en une « Est-ce la fin de la police des mœurs ? », pour confier plus tard que « L’autorité judiciaire a fait une déclaration mais aucune autre autorité n’a annoncé la dissolution de la police des mœurs ».
Tant que cette abolition n’a pas été proclamée par le guide suprême de la république islamique, qui est la plus haute autorité de l’Etat, on peut douter de sa véracité. De plus, cette nouvelle arrive à quelque jours de nouvelles manifestations de grande ampleur. Elle dénote en tout cas des frictions au sein même des institutions de l’Etat, qui n’ont pas l’air de s’accorder. Ainsi serait-ce une nouvelle stratégie du gouvernement pour calmer l’insurrection ? Une fake news au service d’une stratégie politique ?
Etat des lieux
Le régime iranien est pris dans l’étau depuis plusieurs mois. Toute cette jeunesse qui ne cesse de protester dans les rues, pour plus de liberté, donne lieu à de plus en plus de violence, et donc de plus en plus de répression de la part du régime. Les femmes avaient initié ce mouvement depuis la mort du martyre Masha Amini, afin de revendiquer la liberté de s’habiller comme elles le souhaitent. Les hommes ont ensuite rejoint le mouvement avec beaucoup de ferveur.
Selon un bilan de l’ONG Iran Human Rights (IHR), la répression a déjà fait 448 morts. La police n’hésite pas à tirer sur la foule quand c’est nécessaire et la jeunesse incite les autres générations à se joindre à elle pour renverser le régime. Selon Shadi Sadr, co-fondateur du groupe Justice for Iran, « les Iraniens n’abandonneront pas tant que le régime ne sera pas tombé ». Ainsi, même avec la suppression de cette police des moeurs, le soulèvement de la population n’est pas prêt de s’arrêter tant que le régime ne sera pas renversé.
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