Cela fait 80 ans que le chant le plus connu de la Résistance est né, retour sur l’histoire de l’une des hymnes les plus connues de la guerre
Le 30 mai 1943, le chant des partisans est diffusé par la BBC depuis Londres, où siège le général de Gaule qui mène la résistance de front. Inspiré d’une vieille mélodie russe d’abord écrite par Anna Marly, c’est ensuite l’écrivain explorateur Joseph Kessel qui s’est vu confié la tache de traduire les paroles, pour en faire une hymne avec Maurice Druon, son neveu. Un chant qui permettrait de rassembler tous les défenseurs de la France Libre parfois cachés dans le maquis, qui en sifflotant l’air, se feraient immédiatement reconnaître par les partisans des forces françaises libres.
Au départ, une chanteuse russe : Anna Marly
Anna Marly est née en 1917, à Pétrograd en Russie, pendant la révolution d’octobre. Elle s’exile avec sa famille à Paris où elle apprend la musique. En 1939, la guerre éclate, et la jeune Anna part à Londres où elle s’engage comme cantinière au sein des forces françaises libres. Là-bas elle s’adonne au chant dans les cafés fréquentés par les militaires, sa façon à elle de participer à l’effort de guerre. En 1941 a lieu la bataille de Smolensk, les allemands tentent de prendre Moscou. Touchée en plein coeur, c’est à ce moment qu’Anna a l’inspiration pour composer quelques notes entrainantes inspirées d’une mélodie slave. D’abord appelé “la marche des partisans”, elle le chante devant des marins et des militaires un soir, un silence s’abat sur l’assemblée, puis un tonnerre d’applaudissements retentit. Elle le rejouera plusieurs fois.
Puis en 1942, elle joue sa chanson lors d’une soirée avec le journaliste et résistant Emmanuel d’Astier de la Vigerie. Ce dernier est conquis, il la propose alors sur le champs à André Gillois, résistant et animateur de radio, qui cherchait une chanson pour accompagner son émission Honneur et Patrie, diffusée à l’époque sur la BBC. Astier de la Vigerie saisit le potentiel de la chanson, quand il s’aperçoit que l’air entonné, parvient à traverser les pays frontaliers, malgré le brouillage allemand. Le journaliste contacte alors les écrivains Joseph Kessel et Maurice Druon, pour écrire les paroles.
Emmanuel d’Astier de la Vigerie disait qu’on ne gagnait une guerre qu’avec des chansons.
Lionel Dardenne dans France Musique.
Kessel et Druon écrivent la Marseillaise de la Résistance
L’écrivain et résistant Joseph Kessel se voit donc confier la mission avec son neveu d’écrire un chant simple, entrainant, qui donne l’impression d’avoir été écrite dans le maquis. A partir de l’air et des paroles de Anna Marly, la chanson est écrite en une après midi. Ainsi le 30 mai 1943, Germaine Sablon, compagne de Joseph Kessel, enregistre une première version du Chant des partisans, qui a été utilisé dans Three songs about Resistance , le film du cinéaste brésilien Alberto Cavalcanti. En Juillet 1943, Astier de la Vigerie emporte la chanson avec lui en France où il atterrit clandestinement. Il la publie dans la revue clandestine les Cahiers de Libération, en enlevant délibérément le nom de leurs auteurs.
Avec l’anonymat, tout le monde peut se l’approprier. Ainsi progressivement elle devint de plus en plus populaire, pouvant être chanté par des corps militaires comme des chanteurs aguerris, la marseillaise de la résistance s’est ensuite imposée partout en Europe. Elle fut d’ailleurs reprise par des chanteurs très connus comme Yves Montand, Johnny Halliday, les Choeurs de l’armée rouge, Camélia Jordana ou encore Les Stentors.
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