Le 26 mai 1993, l’OM remporte face au Grand Milan AC la première, et jusqu’ici la seule, coupe aux grandes oreilles de l’histoire du football français. Tandis que Marseille fait cette saison son grand retour dans la plus grande des compétitions européennes, retour sur le sacre historique du club phocéen, alors détenu par le fantasque Bernard Tapie.
A jamais les premiers. Si le PSG parvient un jour à remporter la Ligue des Champions, l’histoire retiendra que c’est bien son plus grand rival, l’Olympique de Marseille, qui est parvenu le premier à inscrire le nom d’un club français au palmarès de la plus prestigieuse compétition du monde. En 1993, c’est au terme d’une incroyable épopée que l’OM de Bernard Tapie parvient à terrasser le grand Milan de Maldini, Van Basten, Baresi & Co en finale de la Ligue des Champions.
La consécration après la désillusion de 1991
Deux ans plus tôt, c’est inondés de regrets que les marseillais quittaient la pelouse du Stadio San Nicolao de Bari. Défaits au tir aux buts contre l’Etoile Rouge de Belgrade, ils venaient de s’incliner d’un brin en finale de celle qu’on appelait encore la Coupe d’Europe des clubs champions, sur un penalty manqué de Manuel Amoros. Ils ne le savaient pas encore, mais le destin allait leur donner une seconde chance. Revanchard et renforcé par les révélations Marcel Desailly et Fabien Barthez, l’OM revient plus fort un an plus tard pour se présenter au début de la saison 1992-93 comme un sérieux outsider de la compétition.
Après avoir battu Glentoran FC en seizièmes de finale, puis le Dinamo Bucarest en huitièmes, Marseille se voit opposé aux Glasgow Rangers, au FC Bruges et au CSKA Moscou lors de la phase de poule intermédiaire (à l’époque, la compétition prévoyait deux tours avant une phase de poule composée de deux groupes, dont les deux vainqueurs s’affrontaient en finale). Au terme d’une lutte intense pour la première place, les olympiens terminent premiers de leur groupe d’une courte tête, un seul point devant les Glasgow Rangers, et rejoignent l’AC Milan en finale de la compétition.
La finale a lieu au Stade Olympique de Munich. Devant plus de 15 millions de téléspectateurs français, l’OM s’apprête ce 26 mai 1993 à relever le plus grand défi de son histoire face à ce qui est surement à l’époque la meilleure équipe du monde. L’AC Milan, quadruple champion d’Europe et vainqueur des éditions 1989 et 1990 de la compétition, s’affirme comme le grand favori de la rencontre. Emmené par ses stars Franck Rijkard, Paolo Maldini, Franco Baresi, mais surtout son triple ballon d’or Marco Van Basten, l’équipe entrainée par Fabio Capello dénote avec la jeunesse et l’inexpérience de l’effectif olympien.
Fabien Barthez, l’ange gardien
Avec six titulaires sur onze âgés de 27 ans ou moins, l’équipe entrainée par le belge Raymond Boethals subit la pression du rouleau compresseur milanais en début de partie. Il faut alors un immense Fabien Barthez, auteur de plusieurs parades décisives, pour maintenir le navire marseillais à flot. C’est finalement au meilleur des moments que Basile Boli, qui semblait pourtant sur le point de sortir blessé quelques minutes plus tôt, s’illustre en ouvrant la marque sur corner, après l’une des rares incursions marseillaises dans le camps milanais. C’est la mi-temps, Marseille mène 1-0, il reste 45 minutes à tenir.
La seconde période est dans la lignée de la première. Obligés de réagir, les rossoneri poussent pour marquer le but de l’égalisation. Jean-Pierre Papin, figure du club phocéen et transféré à Milan l’été précédent, rentre en jeu pour essayer d’inverser la tendance, tandis que les assauts emmenés par Rijkaard et Van Basten continuent d’affluer vers la cage de Barthez, en vain.
« L’OM est l’équipe de France »
L’OM tient bon et arrache dans la douleur une victoire historique contre la meilleure équipe d’Europe des cinq dernières années. C’est le sacre de tout un peuple, unis derrière un groupe qui a cru jusqu’au bout en sa bonne étoile après la désillusion de la finale à Bari, deux ans plus tôt. Ce 26 mai 1993, c’est la France entière qui est en fête à une époque où la 1ère étoile de 1998 n’a pas encore vu le jour. « l’OM est l’équipe de France. A l’époque, le représentant en Coupe d’Europe des clubs champions avait tout le pays derrière lui » affirme Pascal Praud, reporter de TF1 chargé de couvrir le club marseillais à l’époque.
Parmi les moments qui sont restés dans les mémoires, celle de Basile Boli, inconsolable deux ans auparavant, qui se lance vers son public au coup de sifflet final en s’écriant « cette fois, pas de pleures ». Mais surtout, cette image figée dans le temps. Une image qu’aucun autre joueur d’un club français n’a pu reproduire depuis. Celle de Didier Deschamps, accompagné de tous ses partenaires qui, fier d’un exploit retentissant, soulève du plus haut qu’il le peut le plus prestigieux trophée qu’un club puisse remporter. Haut dans le ciel, ce 26 mai 1993, la coupe aux grandes oreilles est pour l’unique fois de son histoire française, ramenée par la hargne et la persévérance de la ville la plus passionnée de l’hexagone, celle qui représente surement le mieux l’essence de la ferveur française, Marseille.
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