Nous sommes partis à la rencontre de bénévoles qui luttent contre la précarité alimentaire en 2022, ces hommes et ces femmes qui choisissent d’aider les populations les plus démunies. Voici une immersion auprès du marché solidaire du quatorzième arrondissement de Paris.
Nous avons rendez-vous en début d’après-midi, un mercredi d’été avec Nelly, l’une des trois bénévoles présentes sur le lieu.“Ah, nous vous attendions !” nous dit-elle avec un large sourire. Le marché solidaire est une association qui propose des produits de première nécessité à des tarifs très avantageux. A l’abri des regards, nous entrons dans ce petit local, rue de l’Eure.
“Ici, on joue à la marchande“
Le lieu est accueillant, quelques plantes ornent les murs de l’épicerie. Nous découvrons des étagères remplies à ras bord de pâtes, de conserves, de sardines, de gels douche et d’autres marchandises en tout genre.“Ici, on joue à la marchande, les prix sont 90% moins chers qu’au supermarché. L’idée est très simple, on propose des produits du quotidien aux personnes en situation de précarité,” nous explique-t-elle.
Il est important de souligner la différence entre les personnes en situation de pauvreté et celles en situation précaire. En effet, pour avoir accès à cette épicerie solidaire, les bénéficiaires s’entretiennent avec une assistance sociale (foyers, mairies…), puis constituent un dossier qui sera présenté devant une commission qui jugera de leur situation. Les personnes en situation de pauvreté extrême seront aiguillées vers les restos du cœur ou la croix rouge (car les repas sont gratuits). D’un autre côté, les personnes en situation précaire peuvent prétendre à avoir accès à l’épicerie solidaire.
“Parfois, on refuse des dossiers, car les personnes sont en situation d’extrême pauvreté”
“Il faut nous comprendre, nous souhaitons favoriser les personnes ayant un projet social comme des voyages pour les enfants, l’amélioration de l’habitat ou l’achat d’électroménagers…”
Après avoir réceptionné la marchandise, issue d’invendus ou de collecte auprès des marchés locaux, les produits sont entreposés sur les étagères. Depuis la crise sanitaire, les bénéficiaires ne peuvent plus venir en même temps. “C’est bien triste, cela créait du lien et de la convivialité” nous glisse Nelly.
14H30, c’est au tour d’une mère de famille, qui pousse timidement la porte du local. Munie d’un caddie à roulettes, la jeune femme choisit des pâtes, des yaourts, des haricots verts et quelques citrons. D’un autre côté, une bénévole note méticuleusement le prix de ces achats. Le verdict tombe…
8,50 euros pour un panier d’une valeur de 45 euros
“Ici, on ne paye qu’en espèce” nous dit Nelly. La distribution aura duré sept minutes. Nelly et les autres essaient d’échanger avec la mère de trois enfants avant qu’elle s’en aille. “On essaye d’instaurer une relation de confiance, l’idée est de mettre à l’aise la personne” répète-t-elle.
C’est dans une ambiance à la fois mélancolique et admirative que nous quittons l’épicerie. A la sortie nous échangeons un regard avec la bénéficiaire “Bonne journée, bon courage” lui disons-nous.
Cette immersion nous a permis de faire ressortir l’importance de ces associations de quartiers. Comme nous l’avons vu lors des derniers confinements, la précarité touche tout le monde. Et les structures d’aide existent, pour les étudiants, c’est l’AGORAé qui organise des distributions de produits alimentaires et hygiéniques.
En France, plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (source INSEE).
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