Les juges d’instructions du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris ont annoncé mettre fin aux investigations autour du scandale du chlordécone aux Antilles sans aucune mise en examen, provoquant la colère des associations plaignantes. On résume l’affaire.
C’est quoi le chlordécone ?
Le chlordécone, c’est un pesticide toxique, classé comme cancérigène dès 1979 par l’OMS. Il a été interdit en 1977 aux Etats-Unis et en 1990 en France. Cependant, le chlordécone est le moyen le plus efficace et radical pour se venir à bout d’un insecte ravageur pour les bananiers : le charançon. La banane étant une des principales cultures dans les Antilles, le chlordécone a été utilisé par dérogation en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993 pour préserver ce secteur d’activité.
Quels sont les impacts de l’utilisation du chlordécone?
Plus de 90% des habitants des Antilles françaises sont contaminés par ce pesticide. C’est un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il accroit les risques de prématurité et de troubles du développement cognitif et moteur des nourrissons. Les taux de cancer de la prostate sont deux fois plus élevés dans ces îles qu’en métropole.
“Les Antilles sont champions du monde des cancers de la prostate.”
André Cicolella, toxicologue et président du Réseau Environnement Santé
D’un point de vue environnemental, les traces du chlordécone se retrouvent dans les sols, les rivières, le littoral ou encore chez les animaux, et ce pour longtemps : certains sols peuvent les conserver jusqu’à 700 ans. De quoi avoir un impact durable sur la vie des Guadeloupéens et Martiniquais.
Un procès contre l’Etat, classé sans suite
Malgré de multiples alertes des scientifiques années après années depuis 1969, l’Etat a maintenu l’autorisation du chlordécone. Les autorités françaises sont uniquement revenues sur leur décision en 1991 sur directive de l’Union Européenne. Toutefois, les ministres de l’agriculture d’alors ont accordé des dérogations jusqu’en 1993 pour que les Antilles puissent continuer à utiliser ce pesticide. Rappelons que 70% de la vente des bananes antillaises concerne la métropole. La première campagne de récupération du chlordécone dans les sols a eu lieu en 2002.
Une plainte a été posée en 2006 pour “mise en danger d’autrui” par empoisonnement par plusieurs associations de Guadeloupe et Martinique et par des associations écologistes. Les juges ont décidé la semaine dernière de mettre fin aux investigations concernant ces empoisonnements. Le parquet et les juges doivent toujours se prononcer à l’avenir, mais les magistrats ont annoncé leur intention de clore le dossier sans prononcer de mise en examen. En effet, la majorité des faits dénoncés sont prescrits (lire Scandale du chlordécone : les Antilles en colère contre une possible prescription du dossier).
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