Corinne Diacre restera à jamais une pionnière. L’ancienne défenseuse centrale a en effet été la première femme à officier à la tête d’une équipe professionnelle masculine. Et dix ans après, en dépit de ses bons résultats sur le banc de Clermont, elle demeure toujours un cas unique.
A l’origine, Claude Michy, président de Clermont, avait nommé une autre femme, la Portugaise Helena Costa. Contraint de trouver une solution de rechange et visiblement déterminé à nommer une femme, le dirigeant auvergnat jeta donc son dévolu sur Corinne Diacre, dont le nom lui fut soufflé par Sonia Souid, l’ancienne Miss Auvergne originaire de Clermont-Ferrand devenue agent de footballeur.
Alors qu’elle sort son autobiographie « Touche pas mon Qi », celle qui n’a pas hésité à dénoncer le harcèlement dont elle a été victime de la part de Noël Le Graët a d’ailleurs regretté l’accueil réservée à Corinne Diacre. « C’est vrai qu’à Clermont, elle ne fait pas moins bien que ses prédécesseurs, mais on lui en a quand même fait baver. On disait qu’elle était mal fringuée, qu’elle ne souriait pas… Est-ce qu’on ferait ça avec un coach masculin ? Je ne crois pas », a-t-elle récemment confié auprès de So Foot.
L’ingratitude de Corinne Diacre pointée du doigt
Pour autant, Sonia Souid regrette le manque d’engagement de Corinne Diacre dans la cause des femmes. « La principale différence entre nous, c’est que je suis une femme qui a envie d’aider les femmes et que, selon moi, Corinne Diacre n’a pas ça en elle. Elle sait qui lui a permis de signer au club, et j’aurais aimé qu’elle ne se ferme pas à moi une fois en poste, que je puisse discuter avec elle, proposer des choses en tant qu’agente. Ça nous aurait permis d’avoir une relation mutuellement enrichissante », a-t-elle ajouté.
Et la Clermontoise en a remis une couche dans les colonnes de Closer. « Tout ce qu’elle a accompli est remarquable, d’autant qu’elle est ensuite devenue sélectionneuse de l’équipe de France féminine. Je regrette seulement qu’elle n’ait jamais reconnu mon travail », a-t-elle soufflé.
A en croire Sonia Souid, la situation n’a guère changé pour les femmes dans le football. « A l’aube de mes 40 ans, quand je regarde dans le rétroviseur ces quinze dernières années à évoluer dans le football, je me dis que les choses n’ont pas évolué, a-t-elle expliqué dans La Montagne. On est toujours 5 % d’agents femmes. Depuis Helena Costa et Corinne Diacre, en 2014, qui était la deuxième femme à obtenir le Brevet d’Etat d’entraîneur professionnel, elles ne sont guère plus, quatre ou cinq peut-être, en 2025. Ça avance très peu. »