Alors que France 2 lance ce soir sa version de la série Le tour du monde en 80 jours, nous avons pu échanger longuement avec David Tennant aka Phileas Fogg.
C’est quoi Le tour du monde en 80 jours ? Londres, 1872. Le jour où il reçoit une carte postale d’un amour perdu lui reprochant d’être un lâche, Phileas Fogg (David Tennant) perd pied. Cette accusation le bouleverse à tel point qu’il accepte de relever un pari fou : faire le tour du monde en quatre-vingts jours.
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C’est une série attendue par le public. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce projet ? Pourquoi l’avez-vous accepté ?
David Tennant : Eh bien, il y a toujours quelque chose d’attirant dans les contes classiques, quelque chose d’excitant dans une nouvelle version d’une histoire comme celle-ci, aussi populaire depuis 150 ans. Mais il faut que ce soit la bonne version, il doit y avoir une sensation de fraîcheur et de nouveauté. Ce n’est pas une histoire qu’on peut actualiser, de toute évidence il faut que ce soit Le tour du monde en 80 jours, donc ça doit se passer au moment où tout à coup, c’était possible pour la première fois. Aujourd’hui, ce serait Le tour du monde en – je ne sais pas, 40 heures ou quelque chose comme ça. Il faut que ça se passe à l’époque, mais on doit avoir l’impression que ça fonctionne maintenant. Et ça tient vraiment au scénario. Vous savez, c’est quelque chose que je redoutais vraiment de la part de l’auteur. On avait le sentiment qu’il avait une idée précise de qui était Phileas Fogg, de qui était Passe-partout, et il a introduit Abigail Fix, ce troisième membre du trio, qui n’est pas dans le roman original – il y a un personnage appelé Fix, mais c’est un personnage très différent, qui fait des choses très différentes. Abigail Fix est donc devenue le troisième membre de ce groupe de voyageurs, c’est une jeune femme qui essaye de se faire un nom en tant que journaliste. Et c’est intéressant, parce qu’à la fin du 19e siècle, c’était une bizarrerie, une rareté.
Passe-partout et Fogg sont ensemble presque par hasard, parce que Passe-partout a besoin d’un travail, en quelques minutes ils commencent à parcourir le monde. On a l’impression de trois personnes qui ne se connaissent pas, issues de milieux sociaux très différents, qui ont toutes des raisons très différentes d’être là, qui vont devoir compter les unes sur les autres, s’entendre en étant littéralement projetées à travers le monde. On a donc l’histoire classique, qui vient avec cet élan dramatique autour du monde – il y a un compte à rebours, dès le générique. Vous y ajoutez un groupe de personnages intéressants et vous regardez en quelque sorte les événements se produire. J’avais la sensation que notre scénario était vraiment enthousiasmant, rythmé, surprenant, qu’il montrait des choses que je n’avais jamais vues auparavant dans cette version de l’histoire, et j’ai senti qu’il était très facile de dire oui.
Qu’avez-vous en commun avec Phileas Fogg ?
Je ne sais pas. Je suis Écossais, pas Anglais ; en général je ne porte pas de moustache. Et j’ai eu besoin d’extensions pour jouer le rôle et obtenir ce style victorien. Mais l’un des grands avantages d’avoir eu une pause de sept mois pendant le tournage, c’est que les extensions ont été remplacées par mes cheveux qui avaient poussé, donc après le confinement, je n’ai plus eu besoin de passer autant de temps au maquillage. Je pense que ce qui est intéressant dans cette version de Fogg, c’est que c’est un homme qui a toujours choisi la facilité, chaque fois qu’il a été confronté à un moment de sa vie nécessitant de prendre un profonde respiration et de faire un saut dans l’inconnu. Et il a décidé de ne pas le faire. Vous avez cet homme qui passe ses journées dans son club : c’est inamovible, c’est sécurisé, il n’y a aucun risque et lui est totalement réfractaire au risque. Je suppose qu’on peut tous s’identifier à lui, dans ces moments où on doit prendre des décisions qu’on sait susceptibles de changer les choses. Et je pense que j’en ai eu mon content ; vous savez, je ne pense pas avoir toujours opté pour la facilité, mais on peut prendre une sorte de recul par rapport à la vie et imaginer comment les choses auraient pu tourner autrement. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour se mettre dans une situation où on ne s’est jamais mis au défi. Et je suppose qu’on espère en avoir fait assez et ne pas être comme Phileas Fogg à la moitié de sa vie. Bien sûr, il est privilégié et il ne manque de rien, mais il ne se sent pas vivant. Et d’une certaine manière, c’est ce qui est le plus intéressant quand on entre dans la peau du personnage. Je suppose évidemment qu’on se réfère à sa propre expérience, aux moments où l’on a pris ces décisions difficiles et à ceux où on ne les a pas prises. Je ne sais pas à quel point il me ressemble finalement, mais je peux m’identifier à lui. Je peux voir comment il en est arrivé là et je peux voir à quel point ça peut être frustrant et pourtant séduisant.
Qu’est ce qui selon vous a poussé les auteurs de la série à vous choisir ?
Je ne sais pas, je suppose qu’il faudrait leur demander. A bien des égards, je ne suis pas un choix évident. Je ne suis pas un gentleman anglais, je viens de Paisley en Écosse, très loin du Reform Club de Londres. Mais Phileas Fogg est un Anglais inventé par un Français, alors peut-être qu’il y a quelque chose, dans cette légère distance, qui a du sens. Je ne sais pas pourquoi ils se sont tournés vers moi. Il faudrait leur demander. Je suis très content qu’ils l’aient fait, mais je ne sais pas pourquoi on finit par décrocher un rôle. C’est toujours un peu mystérieux, ça tient toujours un peu à la chance, vraiment. Ça dépend des disponibilités, de qui et quand on cherche, qui finance. L’important, c’est en quelque sorte de cocher leurs cases, et il y a quelque chose de la sorcellerie qui entre en jeu dans un casting. Je pense qu’il n’y a jamais une unique raison pour laquelle un acteur finit par jouer un rôle. Il faut juste être reconnaissant que ça marche, car il y a énormément de possibilités de combinaisons différentes. Je me sens très chanceux d’avoir obtenu le rôle, que nous ayons commencé à tourner et que nous ayons réussi à terminer – parce qu’il y a eu des moments où, vous savez, au cours de la dernière année, ça semblait assez délicat.
Réécoutez l’interview de Ibrahim Koma (Passepartout) ici
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