Pascal Hervé a finalement perdu sa dernière course contre la maladie. Alors qu’il comptait courir avec des amateurs sur les routes des Strade Bianche au printemps prochain, l’ancien coureur s’est éteint la veille de Noël à seulement 60 ans, emporté par un cancer de l’estomac fulgurant, comme l’a expliqué son ancien coéquipier Richard Virenque.
Sur les réseaux sociaux, au milieu des nombreux hommages à cette figure du cyclisme, arrivé sur le tard dans le monde professionnel, certains n’ont pas manqué de faire le raccourci entre ce décès prématuré et son recours au dopage tout au long de sa carrière chez les pros. Tombé avec toute l’équipe Festina lors du Tour de France 98, Pascal Hervé a longtemps nié se doper. Au point d’attendre le procès pour enfin passer aux aveux.
« Je n’avais pas conscience de faire du mal. J’étais dans un monde surréaliste où on m’avait transmis les valeurs du dopage. Quand ça a éclaté, j’ai joué les durs. C’était ma période de jeune connard. Avec le recul, j’aurais dû avouer tout de suite et dire que tout le peloton faisait comme nous », avait-il confié au Parisien à l’occasion du vingtième anniversaire de l’affaire Festina.
« Vous croyez vraiment que le dopage est arrivé en 1998 ? »
De l’aveu des dirigeants de Festina, Pascal Hervé était pourtant le plus gros demandeur de produits dopants. Excellent coureur chez les amateurs, cet imprimeur de formation devient professionnel sur le tard, recruté par Festina. Et à en croire Willy Voet, le soigneur de l’équipe Festina, le natif de Tours n’avait visiblement pas de temps à perdre.
« Ecoute, j’ai 29 ans, autant dire que j’ai quatre ou cinq ans pour gagner de l’argent chez les professionnels, lui avait-il lancé d’emblée. Je viens de le dire au docteur et je te le redis: il ne faut pas regarder à une piqûre près. Je sais comment ça fonctionne, je connais le système. Avec moi, il ne faut pas se poser de question. »
Pour autant, il était convaincu de faire comme les autres. « Tu n’as pas le sentiment d’avoir triché quand tu te dis que les autres font pareil. Tu triches quand tu es le seul à le faire », avait-il d’ailleurs expliqué en 2013 à Radio Canada. A tel point qu’il avait finalement le sentiment d’avoir payé pour les autres. « Quand je regarde les palmarès de cette époque qui n’ont pas été effacés, j’ai envie de sourire, avait-il ainsi fustigé, amer. Vous croyez vraiment que le dopage est arrivé en 1998 et qu’Armstrong l’a juste amélioré ? »