« Si un jour vous appreniez que Tadej Pogacar était dopé, seriez-vous surpris, déçu, écœuré ? » « Vu le passé du cyclisme et pas si lointain, la question n’est pas illégitime », avait répondu Christian Prudhomme (lundi à notre confrère de La Dépêche du Midi) dont les propos ont atterri tout droit dans les oreilles de l’intéressé. A la veille du Tour de Lombardie, dont le champion slovène est le triple tenant du titre, Pogacar, qui pourrait devenir le premier depuis Fausto Coppi à remporter quatre fois le Monument, ne s’est pas gêné pour répondre au directeur du Tour de France.
« Il y aura toujours de la jalousie, des soupçons, je ne peux rien faire contre ça », a notamment déclaré le vainqueur cette année du Giro et de la Grande Boucle, sans cacher qu’il espère qu’un jour les spécialistes cesseront de remettre en cause les performances des coureurs, aussi monstrueuses soient-elles. « Le cyclisme souffre de ces années. Il n’y a pas de confiance et je ne sais pas ce qu’on peut faire pour la regagner. On fait juste nos courses et on espère que les gens vont commencer à croire en nous. »
Pogacar : « Je ne veux pas prendre le risque de tomber malade un jour »
Le leader superstar de l’équipe UAE Emirates pense en effet que si son écrasante et insolente domination l’oblige constamment à se défendre de ne pas avoir recours au dopage, il le doit avant tout à l’histoire de son sport. « Le cyclisme est victime de son passé lorsque des coureurs faisaient tout pour être meilleurs, quitte à risquer leur santé et leur vie. Pas seulement les vainqueurs. » L’extra-terrestre slovène qui pourrait remporter sa 25eme victoire de la saison samedi assure qu’il n’est pas de cette trempe, et craint trop pour sa santé pour avoir recours à des substances interdites, et donc nocives.
« C’est un sport suffisamment dangereux comme ça avec les accidents, les limites à ne pas dépasser pour le cœur. Si vous mettez votre santé en jeu pour dix ans de carrière c’est juste foutre sa vie en l’air, c’est stupide. Je ne veux pas prendre le risque de tomber malade un jour ». En revanche, il sait qu’en tant qu’immense champion, il attirera toujours les questions. « Le vainqueur, on le soupçonne toujours d’être un tricheur. »