Dopage: Rabobank, un retour qui interpelle

Qu’évoque la Rabobank pour les fans de cyclisme ? D’abord une couleur, le Orange, qui s’affichait sur les tuniques emblématiques de la formation néerlandais. Mais il y a un autre aspect, plus sombre, celui du dopage.

La Rabobank est inévitablement associée à ce qu’il s’est passé dans le cyclisme aux périodes où son maillot rayonnait dans le peloton. Avec ce sponsor, arrivé en 1996, l’équipe a connu la période Festina, et l’ère Lance Armstrong. Elle n’a pas échappé aux affaires de dopage elle aussi.

L’affaire la plus retentissante concerne sans doute Michael Rasmussen, exclu du Tour de France alors qu’il portait le maillot jaune et explorait la course. Il y a eu d’autres cas suspects (Boogerd, Menchov, Totschnig…). Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas l’affaire Rasmussen qui a conduit la Rabobank à claquer la porte. C’est bien l’affaire Armstrong.

Les révélations et enquêtes sur l’Américain avaient éclaboussé d’autres coureurs, et notamment son compatriote Levi Leipheimer, qui a avoué s’être dopé durant son passage chez Rabobank entre 2002 et 2004. Ce fut la goutte d’eau pour la Rabobank, qui s’est désengagée de l’équipe éponyme, dégoutée par un cyclisme jugé irrécupérable. « Nous ne sommes plus convaincus que le monde du cyclisme professionnel international soit capable de rendre possible un sport propre et équitable », avait déclaré à l’époque Bert Bruggink, membre du conseil d’administration.

Rabobank, c’est le sponsor qui revient, pas l’équipe dirigeante de la sombre époque

En réalité, l’équipe n’avait pas disparu. Elle a continué sous d’autres appellations: Blanco, Belkin, LottoNL-Jumbo, Jumbo-Visma, et maintenant Visma-Lease a Bike. C’est toujours la même structure, même si beaucoup de choses ont changé, notamment du côté de la direction. Dès le 1er juillet prochain, Rabobank reviendra donc chez elle.

Est-ce un mauvais signal, d’un point de vue dopage ? Il faut dissocier le sponsor Rabobank de l’équipe Rabobank. Le sponsor ne cautionnait pas les agissements de l’équipe, c’est pour cela qu’il est parti. Et c’est le sponsor qui revient, la banque, pas l’équipe dirigeante de la sombre époque.

Certains y voient une grande nouvelle pour le cyclisme, notamment le cyclisme néerlandais, avec le retour d’un partenaire financier d’envergure. D’autres s’inquiètent de voir en Jonas Vingegaard un nouveau Michael Rasmussen, grimpeur danois virevoltant, assommant la concurrence avec un maillot orange (le sera-t-il, d’ailleurs ?). Il est vrai que la Visma, en 2023, a atteint un niveau de performance d’ensemble que la Rabobank n’a jamais effleuré. Cette domination, mise à mal l’an passé par Tadej Pogacar, a charrié son lot de questions. Elle ne vont pas cesser avec le retour du nom Rabobank sur le maillot.