Le Gouvernement a l’intention de déplacer des milliers de sans domicile fixe de Paris vers les régions avant la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux Olympiques de Paris 2024. On vous explique la polémique.
Le Gouvernement souhaite que les sans-abris quittent Paris pour se déplacer en province. Pour les préfectures, il s’agit de créer des « sas d’accueil temporaires régionaux » pour les accueillir dans d’autres régions afin de « désengorger les centres d’hébergement » de Paris.
Selon la députée Maud Gatel, ce sont ainsi près de 5 000 chambres qui ont été perdues pour l’hébergement d’urgence.
Selon Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, « accueillir des personnes dans de bonnes conditions un peu partout en France au lieu de les laisser dans la rue en Île-de-France est positif en principe, mais est-ce que nous nous donnons les moyens de le faire ? (…) Il manque des places d’hébergement d’urgence » et il faudrait une « impulsion politique du ministère de l’Intérieur pour un véritable accompagnement (…). Si l’objectif est de mettre les gens dans des bus et de ne plus s’en préoccuper ensuite, il s’agit de dispersion, pas d’accueil. »
Ian Brossat, le maire adjoint de Paris chargé du logement, a tweeté :
« Macron avait pour objectif zéro SDF. Bien qu’il n’ait pas réussi à l’atteindre (et n’ait pas vraiment essayé), il se contente de déplacer les sans-abris. ».
Prônant une nécessaire concertation avec les élus locaux, il soulignait également sur BFMTV, le 24 mai : « Tout cela est fait en dépit du bon sens (…). Tout cela est une initiative purement gouvernementale, une initiative qui relève de l’État (…) On a besoin de le faire avec les élus locaux. (…) Tout cela ne fonctionnera pas, on a besoin de travailler avec les élus locaux (…) C’est la condition de la réussite de tout ça ».
La députée de La France Insoumise de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, a déclaré : « Après les étudiants expulsés de leurs logements CROUS, voici les sans-abris et les migrants invités à partir loin de Paris. Les Jeux Olympiques auront lieu en 2024, mais la France est déjà la grande favorite pour le titre de l’indécence. »
Dans un récent entretien, Éric Constantin, responsable de la Fondation Abbé Pierre en Ile-de-France, a exprimé des doutes quant à la possibilité de trouver des solutions dignes et durables pour sortir les personnes précaires de leur situation en seulement trois semaines, alors qu’elles sont réorientées vers les régions. Il soulève également une coïncidence troublante entre l’approche des Jeux Olympiques et un programme visant à envoyer les migrants en province. Et dese demander si le gouvernement a délibérément cherché à éliminer les campements avant l’arrivée de millions de personnes en France…
Alors, hasard du calendrier avec l’approche de la Coupe du monde de rugby de 2023 et les Jeux Olympiques de 2024 ? Jeudi 25 mai, Olivier Klein, le ministre délégué à la Ville et au Logement était interrogé à ce sujet par Apolline de Malherbe, dans Apolline Matin sur RMC et RMC Story. Selon lui, cela n’a rien à voir : avec 100 000 sans abris en Ile-de-France, « l’objectif est de baisser le nombre de sans-abris en Ile-de-France, (…) avoir un accompagnement de proximité en province et tout cela se fait avec les associations de solidarité ». Il a réitéré : « L’objectif est de mieux accompagner (…) on accompagne des personnes en province dans des centres d’accueil de petites tailles (…) jusqu’à la fin de l’année 2024, donc c’est pas du court terme ». Il a précisé en outre que ce sont des personnes volontaires. À la question de savoir en effet si personne ne serait contraint de se déplacer, qu’il n’y aurait aucune obligation, que personne ne serait mis « de force dans des bus », il l’a assuré : « bien-sûr que non », pour ajouter par ailleurs « ceux qui souhaitent revenir ensuite en région parisienne (…) reviendront … ».
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