Dans cette série d’articles, nous vous emmenons à la découverte d’écoles et d’universités partout dans le monde. À quoi ressemble la vie étudiante en Inde, au Japon, en Turquie ou encore en Finlande ? Réponse dans cette série !
Épisode spécial dans lequel nous partagerons la situation de deux étudiantes turques Irmak et Nehir originaire de la ville d’Adana en Turquie, une zone fortement touchée par le séisme de février 2023
Au confins de l’Europe, de l’Asie, de la Méditerranée et du Moyen-Orient, la Turquie est un pays d’histoire. Héritière de l’empire Ottoman, le pays gouverné depuis 2014 par le président Erdogan est en proie à une situation traumatisante pour la population.
Des millions de turcs font face aux conséquences dramatiques d’une série de tremblements de terre. Proche décédés, bâtiments effondrés, véhicules écrasés sous les débris font partie du quotidien pour la jeunesse turque. Pour certains, c’est une nouvelle vie qui a commencé sous les tentes d’ONG venu porter secours aux victimes
“La pire catastrophe naturelle du siècle en Europe” selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Frappé par six séismes sur une durée de trois jours. C’est un total de 14 millions de personnes qui sont directement impactées par cette catastrophe. Mais la tristesse des personnes disparues à laissé place à la colère contre l’inaction de l’État. En effet, les victimes encore sous les décombres ont parfois attendu jusqu’à 50 heures l’intervention des secours. Le bilan trois mois après ? On dépasse le cap des 50 000 morts dans le pays, en ajoutant à cela 6 000 disparus en Syrie.
Par ailleurs, la France est le pays européen à avoir déporté le plus d’équipes de secouristes sur place, 204 exactement.
Quel quotidien pour les étudiants de l’université ?
L’enseignement supérieur en Turquie est partagé entre les universités publiques appelées Devlet Üniversiteleri, qui sont une centaine dans le pays, et les universités privées.
Le modèle éducatif est basé sur l’Europe, les cursus sont organisés en semestre puis validés par des crédits ECTS. Depuis quelques années, les universités autorisent les étudiants internationaux du programme d’échange Erasmus dans le pays.
Cependant, les étudiants étrangers sont peu nombreux à choisir la Turquie pour leurs études (moins de 10 % en 2020). Malgré cela, il faut savoir qu’il existe des cursus dispensés en anglais ou même en français.
Le jour suivant le séisme, un décret a fait suspendre l’ensemble des cours dans toutes les universités de Turquie, pour beaucoup, cet événement ravive les douloureux souvenirs de la pandémie de Covid-19. Période durant laquelle les étudiants avaient déjà dû s’adapter aux modalités du distanciel.
Pour VL, nous avons pu obtenir le témoignage inédit de deux sœurs jumelles, Irmak Kavi et Nehir Kavi, étudiantes en pharmacie à la prestigieuse Acıbadem Üniversitesi. Les jeunes femmes de 22 ans ont vécu le séisme aux premières loges.
Le 6 février dernier, c’est dans leur ville d’origine à Adana qu’elles ont subi les premières secousses. Situé à 50 kilomètres de l’épicentre du séisme, Adana est touché de plein fouet par la catastrophe. Elles nous racontent ce qu’elles ont vu.
Il était 4 heures du matin, nous rentrions d’une soirée dans le centre-ville avec des amis. Nous étions dans la même chambre avec ma soeur, je me souviens même que je scrollais sur Instagram dans mon lit. Puis les lumières ont commencé à trembler de partout, et enfin du bruit, beaucoup de bruit. Le pire, c’était ça ! Le bruit atroce de la terre qui tremble et des bâtiments qui s’effondrent. Très vite, je sors de mon lit, me couvre la terre comme je peux. Je me répète plusieurs fois “c’est ok, c’est ok”. Je me souviens m’être dit “c’est juste un mauvais bruit”. Avec ma soeur, on court vers le salon pour rejoindre notre famille. On était tous dans un état de subconscience totale.
Irmak et Nehir habitaient dans un immeuble de petite taille, qui ne s’est pas effondré, mais qui reste sérieusement endommagé par les secousses. La période la plus sombre pour les étudiantes semble être le post-séisme. Selon les deux sœurs, le gouvernement d’ Erdogan est responsable d’avoir laissé beaucoup de personnes mourir.
Le traumatisme est total…
“Le lendemain, on s’est réfugié chez notre oncle à Mersin. Avec la lumière du jour, on se rend compte des dégâts, le traumatisme est total. La moindre activité était compliquée ; impossible de communiquer, d’aller sur internet, d’avoir de l’essence, de se déplacer ou de téléphoner. Dans les jours qui ont suivi, à chaque feu rouge sur la route, on apercevait des bénévoles distribuant de la nourriture aux gens. L’entraide entre habitants était bien présente, expliquent-elles
Je veux avoir un impact sur le monde
Les deux jeunes femmes nous ont confié vouloir rester en Turquie, elles voient l’avenir d’un bon œil et souhaitent se servir de cet événement comme une source de motivation.
Je veux avoir un impact sur le monde, disent-elles. Irmak souhaite faire son stage de fin d’études dans un laboratoire pharmaceutique en Espagne. Tandis que Nehir souhaite travailler dans la recherche médicale contre les drogues.
Un futur “inquiétant” pour la jeunesse de Turquie.
Alors que Bruxelles a accueilli une conférence internationale des donateurs pour la reconstruction des provinces dévastées, on estime à plus de 100 milliards de dollars le coût des dégâts.
Sur place, les secours sont arrivés trop tard, l’aide humanitaire aux victimes aussi. En revanche, les bulldozers ont rapidement commencé à ramasser les gravats. Les jeunes comme Irmak et Nehir sont inquiets, car c’est une compagnie privée qui a obtenu le marché pour débarrasser les décombres et ils ne savent pas si toutes les précautions seront prises afin d’éviter de nouveaux traumatismes.
Reconstruire les villes turques détruites par le séisme est une tâche colossale.
Selon France Info, des gravats toxiques sont déversés à proximité de zones humides et l’amiante est parfois stocké à l’air libre. L’impact sur l’environnement risque d’être dramatique.
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