En quelques minutes, les têtes d’affiche de notre cher Ligue 1 ont changé. En cette quatorzième journée de championnat, le premier but de Messi, la ferveur du Parc des Princes et le tant attendu “Olympico” auraient dû faire date et publicité. Ils l’ont fait. Fait jusqu’à la troisième minute du match de clôture de cette journée. Fait jusqu’à ce qu’un acteur isolé dira, le speaker lyonnais, décide d’assiéger Dimitri Payet de jets de bouteille près du poteau corner. Une nouvelle bascule vers la Farmer League …
Agressions, discriminations et amateurismes seront les illustrations de notre Ligue 1 demain matin dans toute l’Europe. Assez pour justifier ce surnom de Farmer League.
Plus qu’un simple report
Le choc de ce dimanche soir, Lyon Marseille, était l’un des matchs les plus attendus de notre championnat. La présence de joueurs de renoms dans les deux équipes, de coachs aux philosophies ambitieuses et d’un dispositif Amazon Prime séduisant et novateur étaient tout autant d’atouts pour une soirée rêvée.
Des atouts pour la Ligue 1, pour les deux belligérants du soir, mais surtout pour le foot français.
La Ligue 1 est en phase de reprise. Le fiasco Mediapro a fait mal, beaucoup de diffuseurs ont cherché à renégocier certains contrats, avant que Jeff Bezos ne sauve le championnat d’une banqueroute certaine.
Lyon et Marseille sont eux en quête de liquidités. L’orthodoxie budgétaire du club rhodanien côté en bourse, nécessite constamment l’apport de nouveaux capitaux D’autre part, les montages financiers du Président olympien Longoria en sont symptomatiques, les finances marseillaises sont aux abois. Les moindres rumeurs de reprises étants accueillis avec véhémence.
Enfin, le foot français. Le parcours des clubs français sur la scène européenne en ce début de saison, la virtuosité retrouvée du jeu dans le championnat ainsi que l’engouement populaire laissaient présager à la ligue des talents, la promesse d’un nouveau printemps.
Que nenni. En un seul instant, l’ivresse du stade a provoqué un geste d’une désormais trop fréquente imbécilité. En un seul instant, un incident isolé a paralysé 56 000 supporters, des dizaines de journalistes et notre diffuseur pendant plus d’une heure. En un seul instant, l’amateurisme de notre Farmer League a repointé le bout de son nez.
On pouvait rêver d’une nouvelle ère pour la Ligue 1. D’une attractivité retrouvée, de contrats renégociés, d’une hausse des droits TV et de clubs moins endettés. A l’aube de cette journée, le constat sera moins flatteur.
Mais que se passe-t-il sur nos terrains depuis le début de la saison ?
Pendant plus d’un an, le huit clos a été de mise face à la situation sanitaire. Les matchs se sont succédé, la ferveur nous a manqué et les retrouvailles entre public et joueurs étaient implorés. Quand elles sont arrivées, tout laissait à croire que les conduites bestiales de l’Ancien Monde, laisseraient place à la ferveur.
Ainsi, cette nouvelle saison, première depuis l’ère post Covid, aurait dû accueillir des supporters raisonnés, conscients de leurs chances et prêts à soutenir leurs équipes. Finalement, elle en a accueilli des violents, animés par les insultes et impatients de regoûter aux huit clos.
En trois mois de compétitions, plus d’une dizaine de matches ont déjà au moins connu une interruption. Du simple avertissement à l’interruption définitive, la bêtise humaine est dans son bain en Ligue 1. Car oui, ces maux sont assez chroniques et traités avec légèreté.
Il faut sauver le soldat foot français
L’examen clinique est simple. Un groupuscule d’ultra, des jets de projectiles, des insultes raciales ou bien un envahissement de terrain. Trois causes identifiées et non traitées. À l’image de ce soir, les autorités compétentes marquent le pas, renvoient la balle aux clubs et condamnent “fermement” les événements.
En effet, lâche et faible, la LFP et ses différentes instances parlent d’individus isolés. Un choix délibéré masquant en réalité, un phénomène de violence globalisé. De plus, en préférant punir les clubs plutôt que de s’atteler à une chasse aux indésirables , le système se complaît dans ce chaos.
S’inspirer du voisin d’outre-manche pourrait être une bonne idée. Gangrénés par les mouvements hooligans dans son football, la justice anglaise s’est muni d’outils puissants. Depuis, même si l’hyper-gentrification de leur football en est un symptôme, passionnés et familles ne sont plus asservis à la tyrannie de la minorité.
Foot français : Un processus judiciaire en maturation
Les événements d’hier soir auront eu le mérite, d’accélérer le processus décisionnel de la LFP. Réunis de manière exceptionnelle ce lundi matin, la Commission de discipline a prononcé un huis clos total à titre conservatoire à l’encontre de l’Olympique Lyonnais. Une mesure dans la lignée de ses politiques conventionnelles.
Néanmoins, les décisions définitives rendues le 8 décembre seront nettement plus attendues. D’autre part, le gouvernement pourrait intervenir dans le dossier et des sanctions drastiques sont à présager. En effet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la ministre déléguée aux sports, Roxana Maracineanu devraient se rencontrer à ce sujet.
Enfin, quelle que soit la décision de justice rendue, elle devra prendre en compte le dépit des supporters présent au stade. Places perdues, remboursées ou échangées, les options sont multiples et auront une nouvelle fois, une incidence sur la perception de notre Ligue 1.
En continuant de la sorte, le contrat liant Amazon à la Ligue 1 pourrait être menacé et la stabilité économique de ligue en danger. En effet, payer pour la Farmer League, Amazon l’avait consenti. Payer pour une Farmer League surplombant l’Europe, Amazon pouvait s’en féliciter. Cependant, payer pour ne rien diffuser, Amazon pourrait ne plus l’accepter.
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