L’aventure s’arrête là pour Gaël Monfils. Après son titre à Auckland en début de saison, le Parisien avait réalisé une superbe première semaine à l’Open d’Australie, en franchissant ses trois premiers tours avec autorité, et en battant au passage le n°4 mondial Taylor Fritz.
Son niveau de jeu et son engagement physique, à 38 ans, suscitaient l’admiration de tous. Mais pour « La Monf », ce huitième de finale contre Ben Shelton a été le match de trop. « Dès le début, j’ai senti la fatigue, a-t-il raconté à L’Equipe après la rencontre. Il faisait très lourd. J’espérais qu’on allait bien servir tous les deux, sans trop d’échanges. On a bien servi, mais il y a eu quand même des échanges… Le plan ne commençait pas bien. Pour le retourner, j’ai forcé sur les jambes. Son jeu m’a usé. Et j’ai senti que j’avais franchi une limite. La tête, elle veut. On va la dire, la phrase : ‘À un moment, j’ai plus vingt ans, quoi !’ C’est trop physique pour moi. »
Monfils: « Je bois le jus de cornichon et… »
A un set partout, après deux premières manches disputée au tie-break, Monfils a coincé au début de la troisième manche. Pile au moment où il a réussi à le premier break de la rencontre. « Quand je l’ai breaké, j’étais mort, avoue le Français. Si on regarde la balle de break, on voit que je suis à l’arrache, je ne savais même pas que j’avais breaké, limite… Et je me suis dit, véridique : ‘Mais pourquoi tu es allé la chercher, cette balle’… J’étais rôti. »
Monfils a espéré que son coup de pompe soit passager. Il a même tenté le remède miracle « anti-crampes » utilisé par les joueurs de tennis, et d’autres sportifs d’endurance: le jus de cornichon. En vain. « Au début, je me demande si ce n’est pas une crampe, j’aurais même voulu que c’en soit une, raconte-t-il. Mais ça ne vibrait pas dans la jambe, tu sens le coup de poignard (dans la cuisse). Je bois le jus de cornichon et je me dis : ‘Qu’est-ce que tu es en train de faire, t’as pas de crampes…’ Je vois juste que je suis mort. » Et après quelques points dans le quatrième set, Monfils s’est rendu à l’évidence, et a décidé de rendre les armes. Et c’est avec le sourire de celui qui a tout donné, mais qui ne voulait pas aller trop loin pour vraiment se blesser, que le Français a été féliciter Ben Shelton au filet.