Fabien Galthié, pourquoi avoir choisi Matthieu Jalibert pour remplacer Romain Ntamack à l’ouverture contre l’Angleterre ?
Lorsqu’on prend des décisions pour composer l’équipe de France, on travaille quotidiennement sur l’état de forme, les associations, les compétences des joueurs. Lorsqu’on a constaté le carton de Romain, on a commencé avec le staff à travailler dès le soir-même, et dès le soir-même on a pensé à Matthieu Jalibert. C’est une évidence, c’est cohérent, c’est logique. Très vite, la réponse à la question était trouvée.
N’aura-t-il pas une trop grosse pression sur les épaules ?
Pour tous les joueurs, le challenge est le même, c’est performer, nous rendre la confiance qu’on leur donne, la confiance de leurs partenaires. Ça vaut pour Matthieu et tous les autres. Et ça fait partie de son chemin. Matthieu a 30 sélections, un vécu important avec nous depuis 2020, avec des états de forme physiques ou psychologiques différents. La méthode que l’on a, c’est accompagner les joueurs, leur donner tout ce qu’on peut pour les aider à progresser, que ce soit dans le geste, la tactique mais aussi la préparation mentale. Le but, ce n’est pas de rentrer dans un rapport de force, ça c’est uniquement avec nos adversaires. Nous devons tendre la main vers nos joueurs.
Comment avez-vous réussi à ne pas le perdre, après son départ du groupe France avant le match contre les All Blacks ?
La question ne se pose pas. On lui a proposé de se régénérer, de sortir de ce huis-clos très particulier à vivre. En équipe de France, tout est transparent, on ne peut rien cacher, tout en gardant une forme de pudeur. On est rentré dans une discussion, il n’y a pas eu de polémique. Il y a des choix, que nous assumons totalement. C’était très important pour nous de rester en contact avec lui, avec son club, comme on le fait avec les autres joueurs. Après, c’est au joueur de ne pas se perdre, de suivre un chemin pour être le meilleur possible.
Galthié: « Il faut gagner le rapport de force des avants »
Un mot sur le retour de Damian Penaud, qui n’a plus porté le maillot bleu depuis un an ?
C’est un ailier, et tous les ailiers ont des rôles un peu à part, ils finissent le travail ou déclenchent le momentum. Damian, c’est un finisseur, il nous apporte le déséquilibre offensif, mais c’est aussi un bon défenseur, il a toujours répondu présent, toujours bon, souvent très bon. Ça fait un an qu’il n’a pas joué en équipe de France, il a faim.
Pourquoi avez-vous de nouveau adopté un banc à 6 avants et 2 arrières ?
Nos préparations sont très courtes, et on s’est rendu compte que nos joueurs sont toujours plus affûtés en novembre qu’en février, car l’enchaînement des matchs commence à peser. Dans le rugby d’aujourd’hui, il faut gagner le rapport de force des avants, donc on apporte de la fraicheur avec ce banc. Je comprends le 5-3 de nos adversaires, mais on n’a pas la même préparation qu’eux.
Que pensez-vous du XV de la Rose ?
C’est une équipe qui, malgré des résultats pas à la hauteur, est toujours très proche de la victoire. Ils ont battu les Irlandais l’an dernier, sur un drop de Marcus Smith. En novembre, ils ont touché le poteau sur une pénalité contre les All Blacks qui aurait pu leur donner la victoire. Ils font partie des meilleures équipes du monde, et ils vont nous proposer quelque chose de particulier, je n’en doute pas.
On ne sait pas encore si Marcus Smith jouera en 10 ou en 15, que pensez-vous de lui ?
C’est un joueur particulier, qui est génial, une sorte d’attaquant hors pair, capable de faire basculer le match sur un drop, une accélération, une passe. La question, c’est comment on peut utiliser au mieux son potentiel. Il a commencé la compétition en 10, on va attendre cet après-midi (pour l’annonce de la composition des Anglais, ndlr), et en fonction, on aura des idées sur leur façon de jouer.