Pour nombre d’amateurs de séries, l’image de la Reine Elizabeth II reste indissociable du portrait qu’en dresse la série The Crown.
Le 8 Septembre 2022, la reine Elizabeth II est décédée à l’âge de 96 ans, après un règne de 70 ans. Ses funérailles eurent lieu en ce lundi 19 septembre.
Personnalité historique, elle était aussi une figure populaire et médiatique sur laquelle se sont penchées des films et une série en particulier : The Crown. Une fiction historique soigneusement documentée, lancée en 2016 et créée par Peter Morgan à qui l’on devait déjà le scénario du film The Queen. Alors que le tournage de la sixième saison s’est interrompu en signe de respect, la cinquième saison, elle, est attendue en Novembre sur Netflix.
La série débute en 1947, lors du mariage de la future reine avec Philip Mountbatten ; vient ensuite son accession au trône après le décès de son père, le Roi Georges VI, alors qu’elle n’a que 25 ans. Les saisons, séparées par des ellipses temporelles avec à chaque fois le changement de casting qu’elles supposent (la Reine est successivement incarnée par Claire Foy et Olivia Colman, tandis que Imelda Staunton reprendra le rôle dans les cinquième et sixième saisons) couvrent ainsi les événements qui ont jalonnés son règne – jusqu’en 1990 dans la quatrième saison. Soit quasiment cinq décennies au cours desquelles la Reine Elizabeth II a vu le monde changer et la société évoluer, et où la Monarchie elle-même a été contrainte de s’adapter.
Peter Morgan a choisi de s’appuyer sur ces événements tout en s’autorisant la liberté de recourir à la fiction pour imaginer la Reine dans le privé, raconter la femme derrière la personnalité publique. Il dessine ainsi, quasiment sous des airs de documentaire, le panorama d’un demi-siècle d’Histoire corrélé avec le portrait intime d’Elizabeth II. Son accession au trône donc, les visites officielles, la succession de premiers ministres (dont Winston Churchill et Margaret Thatcher) , la guerre des Malouines, les attentats de l’IRA, les conflits sociaux des années 1980. Mais aussi son histoire d’amour avec le Prince Philip, ses relations avec sa sœur la princesse Margaret, la naissance et l’éducation de ses enfants, certains secrets de famille peu connus du grand public (l’existence cachée de deux cousines handicapées mentales et rayées de l’histoire des Windsor), le mariage de Charles et Diana… Bref, une vie à la fois publique et privée, sous l’œil des caméras et aussi des tabloïds avides de scandales, qui ont scruté à la loupe la famille royale.
Entre réalité et fiction, faits avérés et part d’imagination, The Crown a raconté Elizabeth II et plus largement la monarchie à travers un entrelacs d’intrigues politiques, de tensions nationales et internationales, de relations intimes, de romances et de rivalités. Avec toujours un travail documentaire et un soin apporté à la reconstitution, chaque saison étant alors analysée, décortiquée par de multiples reportages sur la véracité des faits montrés – qu’ils soient historiques, intimes ou anecdotiques.
Récompensée à de multiples reprises, encensée par la critique, The Crown est aussi un énorme succès public. Une série foisonnante et élégante, avec son écriture méticuleuse, sa réalisation impressionnante et ses acteurs de haute volée. On sait toutefois que la série n’a guère été appréciée – bien au contraire – par la Reine et son entourage. Si la première saison a semblé contenter les Windsor bien qu’ils l’aient jugée « trop dramatique », on sait que les épisodes suivants ont « agacé » (sic) la reine. Un proche de Buckingham expliquait dans la presse : « Personne ne sait ce qui se passe derrière les portes closes, et que Sa Majesté la reine et ses proches soient vus à travers la caméra diffamatoire de The Crown est aussi horrible que tragique ». We are not amused.
Mais si la Reine n’appréciait pas The Crown, que regardait-elle donc ? Le compositeur Angelo Badalamenti a rapporté une anecdote délicieuse lors d’une interview, une histoire qu’il tient de sir Paul McCartney. Celui-ci lui a raconté qu’il avait été convié à donner un concert à Buckingham Palace, à l’occasion de l’anniversaire de la Reine. Mais à la surprise de l’ex-Beatles, la souveraine avait d’autres projets : « Oh, Mr. McCartney, je suis désolée mais je ne peux pas rester … Vous voyez, il est huit heures moins cinq : je dois aller regarder Twin Peaks ». Probablement with a damn fine cup of… tea.
Derrière les faits historiques, The Crown a dessiné un portrait intime de Elizabeth II, cette Reine qui a toujours cherché à protéger sa vie privée et avait fait sienne la devise « Never complain, never explain ». De la jeune souveraine inexpérimentée montant sur le trône jusqu’à cette vieille dame qui a servi son pays jusqu’au bout avec grandeur et dignité tout au long de la deuxième moitié du XXeme siècle et du début du XXIème, c’est aussi cette image qui restera, au lendemain de sa disparition.
The Crown
4 saisons… and counting – disponibles sur Netflix.
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