Alors que c’est la sixième fois que les opposants à la réforme des retraites manifestent, les caisses de grèves semblent jouer un rôle clef dans la poursuite de ces mobilisations
Le bouclier financier des grévistes
Lorsqu’on fait la grève on peut espérer des concessions de la part du patronat, mais ces journées de grève ne seront jamais payées. Au bout de plusieurs jours cela affecte significativement le portefeuille des grévistes, réclamant de prime abord plus d’argent. C’est ce dernier qui est le nerf de la grève. Pour pallier à ce problème, les syndicats ont créées des caisses de grève, permettant de “renflouer” un peu le portefeuille des grévistes, et ainsi prolonger le mouvement pour obtenir leurs revendications.
Ces caisses de grèves servent également à payer les banderoles des manifestants ou encore la nourriture, afin de soutenir l’effort de mobilisation. Les caisses de grèves peuvent être financées de beaucoup de manière, à l’heure actuelle ce sont les cagnottes en ligne, les caisses de solidarité, vente de goodies ou encore marathon de stream sur switch qui permettent de financer ces caisses. Tout le monde peut y contribuer, y compris les salariés qui soutiennent le mouvement, sans pouvoir autant cesser de travailler faute de revenus.
“Il y a toujours des pertes pour le salarié qui est en grève”
Un syndicaliste, à Miramas près de Marseille. TF1 Info.
A ce jour, le budget pour 2023 à la CFDT est de 1 million d’euros selon Jean-Michel Rousseau, chargé de la caisse qui gère aussi les actions juridiques. “On a une réserve dont tout le monde parle, de 140 millions d’euros, dans laquelle il serait possible de piocher au besoin”, ajoute-t-il. Cela existe grâce aux adhérents qui cotisent plus de cinquante ans. Cependant il faut savoir que la redistribution de cette caisse représenterait 7,70 euros par heure non travaillée pour chaque adhérent, ce qui est loin de compenser le revenu d’une journée de travail complète. La CGT a réactivé, de son côté, une « cagnotte solidarité CGT Mobilisation », lancée en 2020 sur Leetchi, qui affiche 580.000 euros.
Un vieux phénomène en plein essor
Depuis décembre, il y aurait une véritable floraison des caisses de grève. Selon Le Figaro, on en dénombre pas moins de 400. Ce phénomène monte en puissance avec l’essor du numérique. Par exemple la France insoumise a lancé un marathon en ligne sur Twitch derrière le hashtag “#GrevEvent”, proposant des contenus variés, et a récolté déjà plus de 330.000 euros. Cette cagnotte sera donc “entièrement reversée à des caisses de grévistes mobilisés”.
Pourtant, ce phénomène n’est pas nouveau puisque ces caisses de grève datent du XIXe siècle. En effet, ce phénomène « presque aussi vieux que la grève elle-même » aurait apparu chez les Canuts lyonnais entre 1831 et 1834, qui s’étaient mobilisés pour créer un “secours grève”, qui est l’ancêtre des caisses de grèves. Avant cela les rares paysans qui manifestaient avaient souvent leurs lopins de terre qu’il cultivaient et qui les nourrissaient. Mais avec l’urbanisation et la transformation de la classe ouvrière, ces caisses sont devenues aussi nécessaires que vitales pour prolonger une mobilisation.
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