C’est peut-être le plus grand scandale politique que les États-Unis aient connu. Une histoire impliquant un président en fonction, accusé d’espionnage envers ses opposants politiques. Cet homme : Richard Nixon, 37e président des États-Unis. Revenons 50 ans en arrière sur l’affaire qui a scandalisé le monde : le Watergate.
Un étrange cambriolage
Cette affaire commence le 17 juin 1972. Les forces de l’ordre arrêtent plusieurs hommes qui se sont introduits dans les locaux du parti démocrate, situés au sein de l’immeuble du Watergate à Washington. A cette période, la course à la présidentielle approche à grand pas. Elle opposera le républicain, et président, Richard Nixon, au candidat démocrate George McGovern.
Si la piste du cambriolage est tout de suite évoquée, on se rend compte progressivement que les cambrioleurs sont équipés de manière très étrange. En effet, ils sont retrouvés avec micros et caméras, du matériel de surveillance en somme. Des liasses de billets les accompagnent également.
La traque des journalistes
L’affaire interpelle et est suivie notamment par deux journalistes du Washington Post : Bob Woodward et Carl Bernstein. Ils enquêtent donc sur les cambrioleurs et l’un d’entre eux attire particulièrement leur attention : James McCord, ancien membre de la CIA et membre du CRP (Comité de Réélection du Président).
L’enquête se poursuit quand un carnet d’adresse est retrouvé dans le logement des cambrioleurs. On y trouve le contact de Howard Hunt, ancien membre de la CIA lui aussi.
Par la suite, les deux journalistes entrent en contact avec un informateur nommé « Deepthroat » (gorge profonde). Si pendant longtemps l’homme fut anonyme, on découvre finalement en 2005 qu’il s’agissait de Mark Felt, le n°2 du FBI à l’époque. Il conseille aux journalistes de suivre la piste de l’argent. Ils découvrent alors que cet argent du CRP a été géré par John Mitchell, ministre de la Justice de Nixon.
L’affaire du Watergate est exposée dans les médias le 10 octobre 1972. Cependant, elle tombe rapidement dans l’oubli par l’opinion publique après que Nixon ait démenti toute implication. Il est réélu le 7 novembre 1972. Cet épisode ne décourage pas les journalistes qui continuent leur investigation.
Rebondissements dans l’affaire
Un élément vient changer la donne : James McCord, le cambrioleur, ancien membre de la CIA, avoue avoir menti sous pression de la Maison Blanche. Sa déclaration fait prendre une autre ampleur à l’affaire : le Sénat, démocrate, lance une commission d’enquête.
Les témoignages de personnes se succèdent et vont devenir de plus en plus important. James McCord continue ses aveux et déclare que le cambriolage n’est qu’un sabotage politique parmi tant d’autres.
John Dean, un proche de Nixon et de John Ehrlichman (son conseiller politique) avoue que de nombreuses opérations de “dirty tricks” se sont tenues dans le bureau ovale. Il annonce aussi que ministre de la justice John Mitchell a ordonné l’opération du Watergate, couvert par la maison blanche et Nixon.
Le dernier témoignage qui vient mettre le feu aux poudres est celui d’Alexandre Butterfield. C’est un haut fonctionnaire de la Maison Blanche. Il annonce que Nixon enregistre et archive toutes les conversations.
Cette déclaration déclenche la panique au sein de la Maison Blanche et de nombreux fonctionnaires démissionnent ou sont inculpés.
Houston, on a un problème
Le procureur spécial de l’affaire, Archibald Cox réagit et réclame les bandes des conversations. Nixon ne cesse de refuser et demande au procureur général Elliot Richardson de licencier Cox. Il refuse de le faire, son adjoint aussi, et sont contraints de démissionner. Le nouveau procureur, Léon Jaworski demande lui aussi les bandes.
Nixon accepte au final et les envoie mais il manque 18 minutes. Il rejette la faute sur une mauvaise manipulation et nie toute volonté de détruire des preuves. Malgré ces 18 minutes manquantes, les bandes sont retranscrites à l’écrit et publiées dans tout le pays. Le peuple se rend compte du scandale dans lequel leur président est impliqué.
Si au départ l’affaire n’était suivie que par jeux journalistes du Washington Post, elle se finira avec une procédure d’Impeachment. Celle ci est lancée le 27 juillet mais pour éviter cette honte, Nixon démissionne le 9 août 1974. Son vice président, Gerald Ford, prend alors la relève et gracie Nixon.
Cette affaire a provoqué une grande méfiance de la part des citoyens envers les politiciens. Malgré cela, le scandale du Watergate a permis de montrer l’importance du journalisme d’investigation. Depuis cet évènement, de nombreux scandales ont été nommés avec le suffixe « gate » en souvenir de cette affaire (Obamagate, Dieselgate etc)
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