Avec plus de 120 matchs à son actif cette année, Mike Bailey s’est imposé comme l’un des meilleurs catcheurs de la planète en 2022. Classé trentième au PWI 500 2022, le catcheur a su marquer les esprits des fans en livrant des matchs mémorables, et ce, partout à travers le monde. C’est chez Impact Wrestling que Mike Bailey a explosé en popularité, en remportant notamment le championnat X Division en juin dernier. VL Media a eu l’opportunité de s’entretenir avec le catcheur pour faire le bilan de son année 2022. Dans cette interview, Mike Bailey se confie sur son parcours : celui d’un enfant originaire de Laval au Québec, devenu en une quinzaine d’années, l’un des meilleurs catcheurs de sa génération.
VL: À Bound for Glory, tu as malheureusement perdu ton championnat X Division contre Frankie Kazarian. Quel est ton ressenti sur l’actuelle X Division et sur ton run de champion ?
Mike: Je suis déçu de ne pas avoir réussi à atteindre le record de treize défenses de titre, détenu par Christopher Daniels. C’était mon objectif. Je suis extrêmement fier, cela dit, de tous les matchs que j’ai eu en tant que champion X Division. Je le dis souvent, et j’y crois dur comme fer, la X Division est la meilleure division dans le monde du catch à l’heure actuelle. Je suis très fier de mon règne même si je reste déçu par la manière dont ça s’est terminé. Je vais faire de mon mieux pour redevenir champion le plus rapidement possible.
VL: Ces derniers temps, on observe un regain de popularité sur les réseaux sociaux pour Impact Wrestling. De ton point de vue, qu’est-ce qui fait qu’Impact soit de plus en plus populaire auprès des fans de catch ? Qu’est-ce qui différencie Impact des autres promotions de catch en 2022 ?
Mike: Premièrement, le contenu. Leur popularité sur les réseaux sociaux s’explique par la manière dont Impact distribue ses shows, et tout ce qu’ils font sur Internet de manière générale. L’une des choses qui me plaît le plus dans le fait de catcher chez Impact, c’est que la plupart de mes combats télévisés sont disponibles gratuitement sur Youtube. Par exemple, vous pouvez voir gratuitement mes matchs contre Laredo Kid, Mascara Dorada ou Rocky Romero. Ils mettent aussi du contenu gratuit sur Facebook et sur d’autres plateformes. Il y a également le contenu disponible avec les abonnements Impact Plus et Impact Insiders sur Youtube. C’est facile d’accès et ce n’est pas cher du tout. La seule chose qui manque chez Impact, c’est la visibilité. Par ailleurs, Impact gère parfaitement le recrutement de ses catcheurs et son booking. C’est ce qui rend le contenu excellent. La qualité des combats est très élevée. C’est une très bonne période pour la promotion.
VL: Grâce à l’offre « Impact Insider : Ultimate », les abonnés peuvent regarder à nouveau tous les pay-per-view de l’histoire de TNA-Impact Wrestling. Si tu devais leur conseiller un match ou un pay-per-view à revisionner, que choisirais-tu ?
Mike: Bound for Glory 2022. Honnêtement, le catch n’a jamais été aussi bon qu’aujourd’hui. Le Bound for Glory de cette année était super. Il y avait mon match contre Frankie Kazarian, Jordynne Grace contre Masha Slamovich, qui est l’un des meilleurs combats féminins de l’histoire d’Impact Wrestling, mais aussi Josh Alexander contre Eddie Edwards, qui était un main event fantastique. C’est l’un des meilleurs matchs qu’on a pu voir chez Impact.
VL: En dehors d’Impact Wrestling, tu luttes énormément sur le circuit indépendant, et ce, partout à travers le monde. On a notamment pu te voir cette année du côté de GCW, de PWG où tu as participé à la finale du tournoi Battle of Los Angeles, ou encore du côté de RevPro en Angleterre. Toi qui as commencé ta carrière de catcheur indépendant au Québec en 2006, comment décrirais-tu l’évolution de la scène indépendante ?
Mike: Ça dépend de quel pays on parle. WWE dicte beaucoup la manière dont le catch est perçu dans certains territoires. À l’époque où elle était la seule promotion de catch majeure aux États-Unis, elle imposait son style de catch aux autres. Désormais, le fait d’avoir de plus en plus d’opportunités de gagner sa vie grâce à la scène indépendante, permet de voir pleins de styles différents. Quand j’ai commencé au Québec en 2006, le catch indépendant, ce n’était pas grand-chose. Aujourd’hui, pour promouvoir un show de catch indépendant, on va utiliser les réseaux sociaux pour vendre des billets. Mais quand j’ai débuté, la seule façon de faire de la pub pour ton show, c’était en distribuant des flyers ou en accrochant des posters dans la ville. Aujourd’hui, grâce à IWTV ou Fite TV, chaque promotion indépendante peut engager une équipe pour distribuer son show. Cette visibilité grandissante donne naissance à plein de nouveaux lutteurs et à beaucoup plus d’opportunités. En ce qui concerne le Canada, c’est sûr qu’il y a encore des défis à relever. La frontière américaine rend difficile l’accès à d’autres opportunités, plus grandes, pour les lutteurs canadiens. Par ailleurs, le fait que le Canada soit un si grand pays – avec une faible densité de population -, ça rend les choses plus complexes. Montréal et Toronto sont les deux villes où il y a le plus de catch au Canada. Le catch au Canada en 2022 n’a rien à voir avec ce qu’il était en 2005. Le catch a explosé en popularité là-bas. Chaque week-end, plusieurs promotions canadiennes remplissent des arènes de plus de 300 personnes. Je vois cette même évolution partout à travers le monde, c’est fantastique.
VL: Début octobre, tu as affronté le catcheur français, Tristan Archer, pour son championnat wXw. On peut te voir régulièrement sur ta chaîne Twitch regarder des matchs de la scène européenne et francophone. Quelle est ton opinion sur le niveau du catch en Europe et dans les pays francophones ? As-tu des exemples de catcheurs qui t’ont impressionné ?
Mike: Il y en a trop pour que je me risque à les nommer. À wXw, j’ai eu un match fantastique récemment contre Tristan Archer. C’est l’un des catcheurs les plus talentueux au monde et qui aurait sa place dans n’importe quelle promotion. D’ailleurs, ce match se déroulait lors du World Tag Team Festival, tournoi remporté par Senza Volto et Aigle Blanc (ndlr : deux autres catcheurs français). J’ai lutté plusieurs fois contre Senza Volto au cours de ces dernières années. C’est un catcheur formidable. Lui aussi fait partie des meilleurs catcheurs de la planète. Le niveau de la scène européenne dépend, là aussi, de la visibilité. C’est dur pour un catcheur européen de progresser en luttant uniquement dans son pays d’origine. Il faut vraiment être spécial pour faire ça. Quand tu vois des catcheurs s’en sortir aussi bien que Senza ou Tristan, c’est génial. J’en remarque de plus en plus. En France, il y a de plus en plus d’opportunités et de catcheurs qui sortent du lot. Ça me passionne de voir des catcheurs, provenant de pays où il est difficile de vivre du catch, s’en sortir financièrement. Un lutteur comme Francesco Akira, par exemple, qui vient d’Italie et qui lutte aujourd’hui pour New Japan Pro Wrestling. Il a travaillé dur et a eu la chance de rencontrer Tajiri et de se rendre au Japon chez All Japan Pro Wrestling. Aujourd’hui, c’est un catcheur de haut niveau qui est champion par équipe de la division Junior de NJPW. Il n’y a rien qui me rend plus heureux parce que j’ai traversé les mêmes épreuves à mes débuts. Il y a tellement de catcheurs talentueux qui restent méconnus du grand public parce qu’ils luttent dans des régions où la visibilité est trop faible.
VL: Cette année, on a pu te voir catcher à deux reprises pour NJPW lors de leurs passages aux États-Unis. Est-ce qu’un passage au Japon est dans tes plans pour la fin d’année ou pour 2023 ?
Mike: Oui ! J’ai lutté pendant quatre ans au Japon, du côté de la DDT. Impact est en collaboration avec NJPW à l’heure actuelle. Cette année, Ace Austin a pu représenter fièrement la X Division au tournoi Best of the Super Juniors. J’adorerais aller au Japon pour catcher chez NJPW. C’est là-bas qu’on retrouve pas mal des meilleurs lutteurs au monde. Will Ospreay, par exemple, que j’ai énormément affronté, est l’un de mes adversaires préférés.
VL: Beaucoup de fans sur les réseaux sociaux te décrivent comme étant l’un des meilleurs catcheurs au monde. Après cette année 2022 fantastique que tu as eu, as-tu toujours des objectifs à accomplir sur la scène indépendante ?
Mike: Jamais je me dirais « Bon ! J’ai fait le tour, je peux m’arrêter là. » (rires). Même les catcheurs de très haut niveau continuent de progresser chaque année en voyageant. C’est ce qui fait la grandeur d’un catcheur comme Will Ospreay. Il évolue constamment. Je veux avoir d’autres excellents combats, même contre ceux que j’ai déjà affronté. Je sais que plus les mois avancent, plus les combats seront bons. Et puis, il y a plein de nouveaux catcheurs qui débarquent de nulle part. Je vais toujours avoir de nouvelles têtes à affronter. Le lendemain de mon combat contre Will Ospreay chez RevPro cet été, j’ai pu lutter contre Leon Slater. Ce catcheur a été une grosse découverte pour beaucoup de personnes à la suite de ce match. C’est un exemple de catcheurs méconnus que j’ai eu la chance d’affronter et ça me fait toujours plaisir de permettre aux fans de les découvrir.
VL: Pour finir, l’année 2022 a également été l’occasion pour toi de retourner catcher aux États-Unis après cinq années d’interdiction de territoire suite à des problèmes de visa. Comment as-tu abordé cette période mentalement et qu’en est-il de ta situation actuelle au niveau de ton visa ?
Mike: Au niveau de mon visa, tout est réglé désormais grâce à Impact. Ils se sont occupés de tout. Je peux lutter où je veux aux États-Unis. Par rapport à ces cinq années, ça a été difficile. Ça m’a aidé de savoir que la situation était temporaire. J’avais en tête de faire de mon mieux pendant ces cinq années pour mettre toutes les chances de mon côté afin de rejoindre une promotion comme Impact.
Lucas Charpiot
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