Jacquelin: « Si je gagne le classement général… »

De tous les biathlètes du circuit, Emilien Jacquelin est peut-être le plus atypique. Et quand ses rivaux se nourrissent de leur sport préféré, le Grenoblois n’est, lui, paradoxalement, peut-être jamais aussi fort que quand il s’en éloigne. Il l’a encore prouvé jeudi en remportant le sprint de Nove Mesto, premier rendez-vous à l’agenda après ces Mondiaux au cours desquels le Français de 29 ans avait connu beaucoup de difficultés sur le plan individuel. Une fois la quinzaine de Lenzerheide terminée, le vainqueur du premier sprint de l’hiver s’est ressourcé auprès de ses proches et a fait le vide dans sa tête, loin de ce circuit IBU qui ne lui plaît pas autant qu’on pourrait le penser. « Etre dans le monde du biathlon pendant cinq mois H24, ça ne me correspond pas (…) Le biathlon ce n’est pas la vie. Avoir passé du temps avec mes potes, d’avoir vu autre chose, d’avoir vu la vraie vie, ça me permet de relativiser et ça me permet d’arriver sur un site avec plus d’énergie et d’être plus focus sur le moment présent, sans gaspiller d’énergie à droite à gauche ». Résultat : il a signé jeudi son deuxième sans-faute de la saison et s’est offert sa troisième victoire en Coupe du monde, pour retrouver la troisième place au général.

Jacquelin : « C’est bien de sortir la tête de l’eau »

Pas mal pour cet éternel champion que beaucoup avaient déjà enterré. L’intéressé y est habitué, au même titre qu’il a encore compris jeudi qu’il ne devait pas écouter ce qu’il se dit autour de lui mais se fier à son instinct. Une stratégie qui lui a toujours réussi. « Je me perds parfois à vouloir faire le biathlon comme d’autres voudraient que je le fasse ou à viser des objectifs que me mettent d’autres personnes, a-t-il répété au micro de La Chaîne L’Equipe. Mais j’arriverai à être d’autant plus régulier si je reste moi-même et confiant en ce que je sais faire et en mes choix surtout (…) Il faut rester concentré sur soi-même, donner son maximum. Je le fais avant tout pour moi et pour me prouver quelque chose à moi-même. Et grâce à l’aide de la famille et des amis, j’arrive des fois à sortir la tête de l’eau. » Cela a encore été le cas jeudi – « Après des Mondiaux compliqués, c’est bien de sortir la tête de l’eau » – même si le double champion du monde de la poursuite peu de temps après ses débuts (« les titres sur la poursuite son arrivés plutôt tôt et surtout au même moment que quand le grand Martin Fourcade a arrêté sa carrière ») a compris qu’il génère tant d’attentes qu’il fera toujours des déçus.

Jacquelin : « Dire renaissance, ça me fait un peu rire… »

« J’ai très vite senti que l’attente était assez élevée et j’avais du mal avec cette vision ». A moins que… « Même en étant troisième du général, on va dire que je suis quelqu’un d’irrégulier. Si je gagne le classement général, peut-être qu’on dira que je suis à peu près régulier ». De la même façon, évitez de parler de résurrection à Jacquelin dès qu’il brille de nouveau. « Dire renaissance, ça me fait un peu rire, d’un côté, mais c’est le jeu aussi. « C’est toujours pareil : c’est une question de point de vue. On a toujours attendu de moi des podiums ou des gagnes (sic). Et quand on attend beaucoup, et moi le premier, oui, ça peut être vu comme raté. » En tout cas, lui, il signe volontiers. « Finir 11e d’une mass start (lors des derniers Mondiaux), beaucoup de biathlètes prennent. Et être 4e mondial (3e désormais), c’est déjà très bien. »