Jean Le Cam, la grosse inquiétude

L’illusion n’aura duré qu’une dizaine de jours. En choisissant une option osée au moment d’aborder l’archipel de Cap Vert, Jean Le Cam est en effet parvenu à faire la nique aux principaux favoris à la victoire. Durant quelques jours, il a ainsi trôné en tête, avant que l’option plein est se révèle finalement perdante. « Ca n’a pas été très heureux pour nous, c’est parti par devant », a-t-il regretté auprès de l’Equipe.

Même avec la meilleure météo du monde, il n’aurait pu de toute façon soutenir la comparaison avec les bateaux de la nouvelle génération, ces montures équipées de foils qui glissent au-dessus des flots. Une innovation qu’il a toujours refusée. « On n’en avait pas envie pour des raisons de maîtrise du bateau. C’est une raison forte d’avoir un bateau simple que tu maîtrises. J’ai fait de l’Orma à une époque et à un moment, les bateaux ont dépassé l’homme. J’aime bien pisser dans la bastaque tranquillement, sans avoir la peur au ventre », avait-il confié cet automne.

« Des machines de guerre avec des cosmonautes à l’intérieur »

« La maîtrise du sujet est importante pour moi, surtout sur un tour du monde. Je ne voulais pas être sur un bateau dont je n’avais pas l’entière maîtrise. Je ne sais pas, moi, maîtriser un bateau à foils sur 80 jours dans les mers où on va. Peut-être parce que je suis trop vieux », avait-il ajouté. Et Jean Le Cam a beau pointer à une anonyme 16e place sur ce Vendée Globe, pouvant seulement se targuer d’être le premier des bateaux à dérives, se payant même le luxe de devancer quelques bateaux à foils de l’ancienne génération, son avis sur la question n’a pas changé.

« Demain, tu vas avoir des machines de guerre avec des cosmonautes à l’intérieur et ça va faire mal », a-t-il lancé auprès du Télégramme, regrettant l’évolution des bateaux. « Avec Dalin et compagnie, on savait que le débat était limité. Je regarde tout ça de très loin. La messe était dite. Après, tu traînes tes sabots. Je ne suis pas dans la frustration, sinon, je serais dans l’horreur permanente. Ça fait un moment que je pratique le sujet. Si je n’avais pas appris à relativiser, ce serait vivre dans la misère », a-t-il néanmoins assuré.